Ses nerfs devaient avoir rompu à ce moment là, précisément.
Ils se le permettent parce que nos consciences ont foutu le camp, elles se sont acclimatées...!
Le réel impose à nos consciences d'unir les faces qu'on oppose à dessein de nous maintenir éternellement divisés
Ses nerfs devaient avoir rompu à ce moment là, précisément. C'est-à-dire que le système dont il usait contre lui-même, pour taire son coeur et sa vérité, ce système s'écroulait au moment précis où il se levait de sa chaise dont on eût bien cru qu'elle allait suivre ses fesses, tant il avait passé d'heures à y ancrer son ennui...
"Tu veux que je te dise le fond de ma pensée, de ce qui bouillonne là aussi sereinement qu'une cocotte vapeur rendue folle par la "modernité" ambiante?!
A ton avis, comment ils se permettent d'être aussi inconséquents, aussi violents et insultants dans leur déconnexion de la vie même des êtres humains qu'ils sont censés représenter! Et l'avidité partout qui gagne qui s'emballe, s'emparant des hommes qu'on fait mine d'oublier en désignant des systèmes, des idées, des chiffres, des raisons à tout ce massacre général qu'ils profilent chaque jour un peu plus."
Après un silence.
"Ils se le permettent parce que nos consciences ont foutu le camp, elles se sont acclimatées...! Cette république, puisque c'est son nom, est un régime à l'exercice et aux règles relevant d'une mascarade de démocratie, ce sont tout au mieux des représentants de franges supérieures de la population "sensibles" aux besoins du reste, mais tout en fait, rien de plus que des gladiateurs du dimanche s'affrontant dans une caste toute particulière qui se destine à la seule chose valable pour tout ego en mal de se donner de l'importance et, une humanité de façade: La politique. Comprendre: accéder au pouvoir, le plus haut, le plus grand, au titre le plus final dans la hiérarchie soi-disant pyramidale, le sacro saint président.
Le problème, c'est que les moins réellement fascistes d'entre eux se sont échangés le pouvoir depuis sa création, et ce faisant, ils ont épuisé l'illusion sur laquelle leurs combats d'arènes nous faisaient vibrer, en des classes réelles de la société, représentées dans telle ou telle écurie; cette illusion qui fondait le motif de leur survie et même, de leur prospérité, est en train de voler en éclats dans les plus pathétiques des actualités.
Quand cette petite caste, très revancharde et fasciste, réussira à s'emparer du magot des institutions prémâchées à l'exercice rêvé de leurs plus terribles desseins, nous serons passés du jour au lendemain dans une dictature révélée dans l'exercice décomplexé de sa nature constitutive même. Pas de révolution, ce sera une simple prise de pouvoir et une application nouvelle du régime auquel nous ne croyons plus."
"Le seul moyen... "
Un silence passe, il ne trouve pas de mots pour qualifier son éventuelle fin, puis après hésitation, il continue...
"Le seul moyen, c'est la démocratie réelle du peuple exerçant le pouvoir pour lui-même... Il s'agit de faire chuter le mythe de la Vème république, révéler son noyau autocratique et fasciste pour le désamorcer, avant qu'il ne s'exerce et soit combattu par des mains frustrées et prêtes à se bercer de haine traduites en actes de pouvoir.
Par là même, révéler son immanquable capacité à produire une classe politique coupée des moyens de la critique et plus encore, inapte à exercer le pouvoir par et pour le peuple. (Ce qui pourtant, semble aller de soi quand on l'écrit noir sur blanc, simple, devant soi, comme si cette idée attendait d'être lue depuis l'éternité...)
Le changement de système n'est plus à espérer, il ne l'a jamais été d'ailleurs, les changements s'imposent par le mouvement du réel et l'effet de nos consciences, de nos êtres, qui doivent y faire face, et survivre, vivre, donc, aimer la justice et la beauté, n'avoir qu'un simple rêve de pouvoir y goûter, sans modération. Les savoir garanties et en perpétuel exercice, perpétuelle démonstration de leur propre existence.
Le changement, comment, quoi, le réel nous l'impose. La raison, le coeur. Le réel impose à nos consciences d'unir les faces qu'on oppose à dessein de nous maintenir éternellement divisés, et soumis à l'ordre des règnes qui fleurissent sur nos tombes... Réunir les faces, c'est tomber le masque du mythe, de la Grande Mascarade, c'est à dire, un petit peu au moins de notre grande mascarade à chacun, quotidiennement, face à chacun et face à soi-même..."
M.H
A Metz, le 23/09/14.