Au bureau, c’est l’effervescence : une épidémie de baskets fluo et de collants de compression a frappé. Tout le monde court. Ou soulève des haltères. On dirait que devenir athlète olympique est désormais à portée de tous… pour peu qu’on ait téléchargé l’application Strava. Et qu’on se le dise, ils ne font pas les choses à moitié : pour mes collègues, courir, c’est LE sport ultime. "Le marathon, c’est la discipline reine, la vraie souffrance, la vraie performance !"
Écoutez, c’est super. Mais si on pouvait baisser un peu le volume de l’auto-glorification, ce serait sympa. Parce que, spoiler alert : courir, c’est juste mettre un pied devant l’autre. Encore et encore. Ce n’est pas exactement une masterclass en complexité sportive.
Courir : simple, efficace… et un peu monotone.
Rendons à César ce qui est à César : courir un marathon, c’est impressionnant. 42 kilomètres à transpirer, à lutter contre ses démons intérieurs, à se demander pourquoi on s’inflige ça. Tout ça mérite du respect. Mais soyons honnêtes, niveau technique, ce n’est pas révolutionnaire. Vous courez en ligne droite, vous soufflez fort, et vous espérez ne pas vous effondrer avant la ligne d’arrivée.
Pas besoin d’apprendre des gestes compliqués, de lire le jeu d’un adversaire ou de changer de stratégie en plein milieu d’un sprint. Bref, la course à pied, c’est le Fast Food du sport : rapide, accessible, ça fait le job… mais ce n’est pas un repas gastronomique non plus.
Sport collectif : quand transpirer ne suffit pas
Maintenant, parlons des vrais défis. Prenez un sport collectif comme le volley. Non seulement vos jambes brûlent après un match intense, mais vous devez aussi :
- Lire le jeu : anticiper ce que va faire l’adversaire. Spoiler : il ne court pas en ligne droite.
- Communiquer : éviter de crier "MOI !" en même temps que trois autres joueurs. Sinon, bonjour la confusion.
- Adapter votre jeu : parce qu’évidemment, rien ne se passe comme prévu.
En gros, c’est un peu comme courir un marathon, sauf qu’en plus de souffrir physiquement, vous devez utiliser votre cerveau. Une idée qui semble avoir échappé à certains adorateurs de la course à pied.
L’épreuve ultime ? Vraiment ?
Et alors cette phrase : "Un marathon, c’est la souffrance ultime, donc c’est plus gratifiant !" Ah, bon ? Parce que quand tu sors d’un match intense de foot ou de volley, où tu as couru, sauté, frappé, réfléchi, communiqué, encaissé des erreurs… ton corps est en mode spa et relaxation ? Non. Tu es aussi cramé que si tu avais couru ces fameux 42 kilomètres. Sauf qu’en prime, tu as dû gérer la pression du collectif et la stratégie du jeu.
Franchement, si la douleur était le critère ultime, on pourrait aussi dire que se cogner le petit orteil contre un meuble est un sport gratifiant. Pas sûr que ça cartonne.
Le running, c’est bien. Mais calmez-vous.
Alors, chers collègues runners et fans de salles de sport, on vous aime bien. Vraiment. Mais il serait temps de redescendre d’un cran sur l’échelle de la glorification personnelle. Oui, courir est une belle activité. Non, ce n’est pas le Saint Graal du sport. Et non, la douleur post-marathon n’est pas un passeport pour juger les autres disciplines.
Chaque sport a ses défis. Vous voulez du respect pour vos 42 kilomètres ? Commencez par respecter ceux qui suent sur un terrain de foot, de volley ou sur un tatami. Qui sait, vous pourriez même apprendre à apprécier ces autres dimensions du sport.
Pour conclure : stop au prosélytisme sportif
En résumé, continuez à courir, à vous dépasser, à partager vos exploits sur Instagram. Mais rappelez-vous : il y a tout un monde au-delà de vos baskets. Et parfois, il suffit d’enfiler un maillot d’équipe pour le découvrir. Vous pourriez être surpris. 😉