Le chanteur iranien Shervin Hajipour, auteur de la chanson « Barayé » (pour) qui accuse la corruption généralisée et célèbre l’espoir de changement, a été arrêté jeudi 29 septembre chez lui, à Téhéran. Postée sur Instagram, sa chanson a été écrite à partir de tweets postés à la suite de la mort de Mahsa/Jina Amini. Elle a été vue plus de quarante millions de fois et elle est rapidement devenue un symbole de la révolution en marche en Iran. D’autres artistes, poètes, journalistes, ont également été arrêtés en raison de leur soutien à la révolution iranienne, comme entre autres Donya Rad, qui avait posté une photo d’elle en train de prendre son petit-déjeuner sans hijab, Niloofar Hamedi, la première journaliste à avoir rapporté la mort de Mahsa/Jina Amini, l’écrivaine et poétesse Mona Borzouei, qui s’était filmée en train de réciter un poème, et vingt-huit autres journalistes.
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Je vous laisse ici une traduction de la chanson Barayé de Shervin Hajipour.
Pour danser dans la rue
Pour la peur de s’embrasser
Pour ma sœur, ta sœur, nos sœurs
Pour changer une mentalité pourrie
Pour la honte du manque d’argent
Pour l’absence d’une vie normale
Pour l’enfant qui ramasse les ordures et ses rêves
Pour cette économie corrompue
Pour cet air pollué
Pour l’avenue Vali-Asr et ses arbres fatigués
Pour le guépard en voie probable d’extinction
Pour les chiens innocents interdits
Pour les pleurs ininterrompus
Pour l’image répétée de cet instant
Pour un visage qui sourit
Pour les étudiants, pour l’avenir
Pour ce paradis obligatoire
Pour les élites emprisonnées
Pour les enfants afghans
Pour tous ces « pour » à l’infini
Pour ces slogans vides
Pour les ruines des maisons mal construites
Pour la sérénité
Pour la lumière qui revient après ces longues nuits
Pour les tranquillisants et les somnifères
Pour l’homme, la patrie, la prospérité
Pour la fille qui voulait être un garçon
Pour la femme, la vie, la liberté
Pour la liberté
Pour la liberté
Pour la liberté...