C'est donc au nom « du respect de la démocratie » que les forces de l'ordre, sous l’œil goguenard de centaines d'agriculteurs constitués en milice, ont procédé hier à l'évacuation des "pelluts" de la ZAD de Sivens, dans le Tarn.
Le « respect de la démocratie », selon les socialistes, ce serait donc profiter de sa position d'élu pour pour faire réaliser des ouvrages publics par des compagnies dans lesquelles on a un intérêt. Ce serait donc dépenser toujours plus d'argent public dans le soutien à l'agriculture productiviste, à rebours des envolées lyriques du ministre de l'agriculture sur l'agroécologie. Ce serait donc ignorer les rapports des experts environnementaux, qui ont tous souligné le surdimensionnement et les faiblesses écologiques du projet.
Respecter la démocratie, pour les barons socialistes, ce serait donc traiter par le mépris l'avis des nombreux opposants, ce serait donc réprimer leurs manifestations, seul moyen pour eux de se faire entendre, à coups de grenades et de flash-balls.
Les barons socialistes respectaient la démocratie lorsqu'ils ont envoyés les forces de l'ordre harceler au quotidien les occupants du site du projet de barrage, durant tout l'été 2014. Ils respectaient la démocratie lorsqu'ils noyaient un rassemblement d'occupants sous les grenades et les tirs de flash-balls, et tuaient l'un d'entre eux.
Hier, c'est un conseil général discrédité dans la gestion de ce projet qui a voté un nouveau projet quasiment similaire au premier. A deux semaines du renouvellement de son assemblée, et alors que des procédures sont en cours et risquent notamment de faire annuler la Déclaration d'Utilité Publique. Beau témoignage de respect de la démocratie.
Hier, c'est une ZAD sous blocus de milices d'agriculteurs qui a été évacuée. Milice qui a multiplié ces derniers mois les intimidations et les exactions sur les opposants au barrage. Milice vêtu d'un sweat-shirt « Soutien aux gendarmes de Sivens ». Belle manifestation d'un esprit tout ce qu'il y a de plus républicain.
Jeudi, à la veille de l'expulsion de la ZAD de Sivens, Manuel Valls, inquiet de la montée du FN - qui est surtout une montée de l'abstention - s'est interrogé lors d'un meeting : « Où sont les intellectuels, où sont les grandes consciences de ce pays, les hommes, les femmes de culture, qui doivent monter, eux aussi, au créneau ? Où est la gauche ? Pour dire non. Pour refuser. » Il serait temps que tu te poses sérieusement cette question, Manu. Elle est là, la gauche. Elle est à Sivens, à Notre-Dame-des-Landes. Elle manifeste contre le TAFTA et contre les fermes-usines, elle défend les circuits courts. Elle a fait gagner Hollande en 2012, et elle a vu la tournure que la politique "socialiste" prenait : la violente répression à Notre-Dame-des-Landes, les réformes d'inspiration néolibérale, le soutien sans faille à nos ennemis du monde de la finance (coucou Macron), le mépris de l'électorat populaire, la volonté de discréditer les opposants aux projets inutiles en les ramenant à la figure médiatiquement construite du « zadiste », sorte de fusion de l'altermondialiste et du punk à chien.
Bon courage pour les élections, Manu.