Affligeant, consternant, désolant, abêtissant, navrant, lamentable débat mais c’est sans doute le reflet que dis-je le résultat que l’on doit à tous ceux qui ont permis l’impression de cette affiche qui a donc opposé la vulgarité haineuse et l’incompétence crasse à l’orgueil oligarque et l’arrogance technocratique de la doxa ultralibérale.
C’est la première fois que l’on assiste à une confrontation dont la médiocrité sur la forme le dispute à la nullité sur le fond.
Il est donc une nouvelle fois utile et nécessaire de lister les responsables de cette déroute télévisuelle annonciatrice d’un probable désastre social et économique beaucoup plus grave que le pugilat auquel nous avons assisté, médusés. Car les victimes n’auront plus d’autres options que celle de briser avec véhémence l’enfermement psychologique dans leur aliénation à l’ordre libéral, enfermement qui jusque-là assourdissait leur profonde colère et leur dégoût abyssal.
Il est évident que la temporalité de l’élection présidentielle désigne la responsabilité historique du candidat du PS, Benoit Hamon, qui, par son maintien malgré les exhortations de nombre de ses conseillers qui ont vu, lors de la dernière semaine précédant le premier tour, la nécessité impérieuse du retrait, a empêché l’accès de Jean-Luc Mélenchon au second tour en offrant ce dernier à Marine Le Pen et au FN sur un plateau. Cette faute historique impardonnable a bien évidemment reçu le concours d’attaques innommables parce que disproportionnées, fausses et donc manipulatoires, d’une intensité particulièrement forte contre Mélenchon, attaques initiées par ses adversaires, par le président de la République dans les 10 jours précédant le 1er tour et reprises à l’unisson par le grand orchestre des médias dont tous les instrumentistes (commentateurs, éditorialistes, journalistes, experts en tous genres) ont davantage joué de la grosse caisse que de la flûte traversière à tel point qu’ils en ont oublié la fasciste Madame Le Pen devenue secondaire dans la hiérarchisation des attaques !
Au-delà de ce moment, la responsabilité des politiques et des médias dans la montée du FN se pointe également sur le temps long. Au début des années 80, peu de temps après avoir rejeté la proposition de Jean-Luc Mélenchon visant à interdire et à dissoudre un parti alors embryonnaire qui affichait clairement ses liens avec le nazisme et le fascisme, l’appareil PS a décidé de jouer l’apprenti sorcier, en poussant les médias à ouvrir largement leurs ondes à ce parti afin de lui donner une audience accrue avec pour but de gêner la droite dans sa reconquête du pouvoir. Cela a fonctionné un temps mais la boite de pandore avait été ouverte et la droite, pour reprendre du souffle, s’est mise à chasser sans vergogne sur le terrain et les thèmes du FN qui pour le coup commença à prendre sérieusement du poids. Cette porosité entre les partis républicains et le parti frontiste amplifiera des années plus tard quand certains ténors socialistes se mirent également à caresser les thèmes du FN afin d’éviter que le piège que le PS avait créé contre la droite ne se referme aussi sur lui.
De plus, les alternances gauche/droite qui allaient se succéder ont mis en œuvre des politiques de plus en plus libérales, de plus en plus proches au fil des ans jusqu’à devenir similaires depuis une bonne décennie et ce sous la férule de l’Union Européenne, créant ainsi une véritable bérézina sociale qui va nourrir et favoriser le FN qui a eu la malice et la fourberie de prendre à son compte dans une insincérité totale des orientations sociales tout en initiant une dédiabolisation dont la réussite a été largement favorisée par les médias pendant que ces derniers portaient simultanément l’idée qu’il n’y avait plus à gauche aucune alternative autre que celle du social-libéralisme. Il faut dire aussi que dans le même temps la partie de la gauche qui, par son histoire ouvrière et sociale, aurait pu stopper cette irrésistible ascension FN s’est lovée dans le confort électoraliste de la gauche institutionnelle, plurielle ou pas, et a renoncé à sa mission en désertant son propre item idéologique et le terrain au quotidien. Ainsi la « pensée unique » a décidé que la seule façon de contrecarrer le FN était de mettre en œuvre une pratique politique à chaque élection appelée « front républicain », sauf qu’il s’agira en réalité d’une démarche mortifère qui va contribuer également à nourrir le FN. En effet ce « front républicain » dont la fonction officielle était de « faire barrage », n’a jamais été qu’un placébo. Au fur et à mesure que le barrage prenait de la hauteur, le FN continuait à progresser. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que cette pratique politique ne demeurera qu’un travail de Sisyphe tant que le robinet d’alimentation restera ouvert, c’est-à-dire tant que le pouvoir restera aux mains des ultralibéraux ; et pour qu’il reste entre leurs mains ils ont besoin de ce repoussoir qu’est le FN (cercle vicieux).
Mais un énorme grain de sable imprévu par les instrumentistes de l’orchestre médiatique est venu gripper tout leur belle mécanique politicienne remise fondamentalement en cause par Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise. Non seulement cette dernière a explosé les compteurs d’une gauche véritable qu’ils pensaient avoir tuée mais en plus elle a démontré qu’elle était en capacité de reprendre significativement du terrain au FN. Enfin, pour l’avenir, une alternative à gauche est de retour pour poser un acte positif, faire reculer le FN même si ce n’est qu’un début, et laisser aux oubliettes cet acte purement négatif consistant à voter contre et/ou à « faire barrage ». mais bien sûr cela n’arrange pas les libéraux.
Ainsi comme vous l’avez compris, il ne fallait pas que Mélenchon arrive au second tour. Il s’en est fallu de peu (600 000 voix) mais la grande Histoire s’est refusée au pays. Si les responsables politiques affidés à la pensée unique ont tout fait pour que l’affiche du second tour exclue Mélenchon, je dois dire que la responsabilité des français eux-mêmes est engagée même s’il est difficile pour beaucoup de résister à l’avalanche de propagande menée par les médias. Parmi ceux qui sont restés électeurs de Hamon ou ceux qui sont restés dans l’abstention, une partie aurait pu faire la différence malgré la pression du système. Ils ne l’ont pas fait et aujourd’hui plus de 60% des français ne se retrouvent pas dans l’affiche du second tour et ont trouvé le débat indigne. Et les électeurs sont appelés encore une fois à voter « contre », à faire barrage et non à voter « pour ». Quelques commentateurs, aux premières heures de la matinée uniquement, se sont laissés aller à dire qu’avec un Mélenchon, le niveau aurait été tout autre. Bizarre hein quand ils ont tout fait pour qu’il ne soit pas qualifié ! Et oui, la France et ses citoyens ont aussi perdu ce débat par ce vide, cette absence.
Si la faute de Hamon est historique, elle est aussi volontaire en s’inscrivant dans la volonté globale du système pour lequel l’affrontement Le Pen / Macron constituait le ticket de sa survie. Pourquoi ?
Au-delà de la forme et des « punchlines », au-delà de la violente vulgarité d’un côté et de l’énarque arrogance de l’autre, nous avons eu droit à voir :
-un défenseur inflexible d’une Europe broyeuse d’espoir et d’abaissement social parce que défenseur d’une Europe financiarisée toujours plus intégrée dans ce sens à laquelle la France devra continuer d’obtempérer produisant ainsi ses cortèges de misère. Un candidat qui propose toujours les solutions des années 80 qui ont montré toute leur inefficacité et leur nocivité pour les plus faibles et la population moyenne, mesures basées sur un diagnostic totalement faux selon lequel c’est en grande partie la rigidité du droit social qui empêche la dynamique de l’économie, un candidat qui défend un euro fort, une véritable ineptie, car c’est bien l’euro fort de ces dernières années qui a détruit des centaines de milliers d’emplois dans notre pays. Mais devant un âne bâté ou faisant semblant de l’être il ne pouvait que se promener sans problèmes majeurs.
-une candidate ignare (ou jouant ce jeu) et incapable de défendre au plan économique et social, y compris par rapport à l’Europe, aucune alternative. Et c’est exactement ce que le système et ses défenseurs voulaient démontrer : non pas que Le Pen est vraiment une incapable en soi mais surtout qu’il n’y a aucune possibilité de faire autrement que ce que le monsieur de l’ENA a déroulé alors que oui la fracture politique de notre société imposée à la France par l’Union Européenne, c’est bien le choix du libéralisme destructeur face au choix d’une société solidaire, humaniste et sociale. Marine Le Pen a ainsi bien démontré qu’elle était en réalité un agent du système puisque lors de ce débat elle lui a donné raison. Heureusement que la « raison » de Le Pen ne vaut pas grand-chose. Elle n’a rien défendu parce que simplement tout ce qu’elle propose et que beaucoup de vipères veulent voir comme des points communs avec JLM, n’est que posture et imposture sociales. Partant de là comment défendre ce en quoi on ne croit pas en réalité. Ainsi, tous ces médias et politicards de bas étage qui ont sans cesse voulu faire l’amalgame entre Le Pen et Mélenchon, ce n’était pas seulement pour tenter de détourner les gens de gauche de la France Insoumise, mais c’était surtout à mon avis pour transmettre, à l’aune de ce débat, un message subliminal selon lequel, sur la base de cette équivalence, le programme de Mélenchon n’est pas défendable.
Oui mais voilà, le programme de Mélenchon n’a rien à voir avec celui de Le Pen, il est finement argumenté et totalement financé, et, accessoirement, qui oserait assimiler le cerveau de Mélenchon à celui de Marine Le Pen ? Oui, JL Mélenchon n’aurait fait qu’une bouchée du petit énarque engoncé dans ses certitudes du passé. Des centaines de milliers de français vont rapidement le regretter et ces regrets seront superflus si de surcroît Macron arrive à obtenir seul ou avec d’autres (les recyclés), une majorité à l’Assemblée Nationale. C’est donc là que tout va se jouer in fine.
Les élections législatives du mois de juin vont donc être décisives. Toutes celles et tous ceux qui ont voté Mélenchon à la présidentielle, et quels que soient leurs positionnements au second tour (votes Macron ou non votes), doivent impérativement voter pour les candidats labellisés France Insoumise et soutenus par Jean-Luc Mélenchon. C’est le seul moyen d’obtenir une opposition forte, cohérente et construite, sur une base sociale et humaniste, face au pillage annoncé du pays par la finance et face à une autre opposition, celle de la haine et de la noirceur. Si vous voulez vous convaincre que cet enjeu est essentiel, vous n’aurez qu’à mesurer, sans vous laisser influencer, à quel point va être inouï le matraquage médiatique appelant à donner la majorité à Macron.
Alors quelle que soit votre positon pour ce second tour de la présidentielle qui est de toutes façons plié, pensez à ce qui devient la pierre angulaire de notre espoir et de notre devenir, cet acte politique que vont être les élections législatives. Ne laissez pas passer une seconde fois l’Histoire à peu d’intervalle.
MOBILISONS-NOUS D’ORES ET DEJA POUR EVITER LES EXCES D’UN POUVOIR AU SERVICE EXCLUSIF DE LA FINANCE. CHACUN, INDIVIDU OU COLLECTIF, PORTERA LA LOURDE RESPONSABILITE DES CONSEQUENCES D’UN ECHEC DU A UNE DEMOBILISATION OU UN EFFRITEMENT. SOYONS COHERENTS !
AUX LEGISLATIVES, VOTONS POUR LES CANDIDATS SOUTENUS PAR JEAN-LUC MELENCHON POUR QU'ON SE SOUVIENNE DU DEBAT GAGNE ET NON DU DEBAT PERDU.