Après des mois de domination médiatique par la droite historique voici, comme prévu, que débute la domination médiatique par le PS ou seconde droite. En plus des trois grands débats prévus dans le cadre d’une primaire brouillonne et précipitée, micros et caméras de tous les médias et de leurs émissions politiques phares sont uniquement tendus, ou quasiment, vers les principaux candidats de cette primaire. Un véritable SAMU. Pour prendre un exemple : jeudi 5 janvier au soir en prime time nous avons eu droit à Manuel VALLS sur FR2 pendant plus de deux heures et le lendemain soir, vendredi 6 janvier, cette émission est déclinée et « analysée » pendant une heure sur la 5 dans l’émission C dans l’air. Ce type d’exemple se décline sur l’ensemble des TV, radio et titres de la presse écrite, ensemble détenu, je le rappelle à 90% par seulement 9 actionnaires du CAC40. Seuls percent cette chape de plomb, F. FILLON, M LE PEN et surtout E. MACRON, ce qui n’est pas un hasard, j’y reviendrai. Certains m’objecteront : c’est normal, c’est l’effet « primaire », cette grande démarche démocratique…
J’ai déjà argumenté dans des articles précédents en quoi et pourquoi le processus des primaires était tout sauf démocratique, je n’y reviendrai donc pas. Je rappelle juste que ce processus a été imposé par des partis politiques à bout de souffle qui n’ont trouvé que cette astuce pour bluffer les citoyens plutôt que de se remettre fondamentalement en cause et tenter de combler l’abyssale inanité qui les caractérise désormais. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce sont les deux principaux partis dits de gouvernement, devenus si proches par leur politique appliquée et rejetée par les français, qui ont imposé à la sphère publique une pratique qui se révèle être d’ordre privé puisque émanant de statuts de structures privées (les partis) et non prévue par les institutions tout en calquant à bien des égards sa mise en œuvre sur celle de l’élection présidentielle, un présupposé de légitimation sans doute mais forcément imbibé des tares de cette dernière. Cette belle mécanique permet finalement à une minorité de français (4,5 millions pour la droite historique et (je l’espère) énormément moins pour le PS, disons 1,5 million pour être gentil) d’imposer à 44,5 millions de nos concitoyens un choix déjà forcément biaisé, prédigéré. En effet ce dernier d’une part est effectué par un bloc sociologique non représentatif des français et d’autre part présente un candidat qui peut être à mille lieux idéologique de ses concurrents malheureux qui sont contraints par contrat moral à le soutenir, à moins que tout cela, et je le pense, ne soit qu’un bijou de la « comedia dell’arte ». Mais cette belle mécanique appelée à fonctionner merveilleusement bien peut se heurter à quelques brindilles ou plutôt à un contexte politique, social et économique conséquence d’une politique menée depuis des décennies qui pousse de plus en plus de français à s’accrocher à ces brindilles qui peuvent alors devenir sous l’effet de cette agrégation, de véritables radeaux où s’agripper, pouvant ouvrir vers des chemins où les aspirations de l’être humain seront premières ou bien tragiquement vers une nuit profonde et sans lune. Et c’est bien cette hypothèse qui est maintenant d’actualité.
Il y a objectivement 3 « radeaux» hors primaire qui vont faire dysfonctionner ce bel ensemble « primaire » (l’actuel PS et le précédent LR) que le complexe politico-médiatique a voulu imposer.
Tout d’abord le FN avec Marine Le Pen dont cette fameuse presse a toujours affirmé qu’elle serait obligatoirement présente au second tour mais qui aujourd’hui laisse gazouiller un certain doute quant à cette certitude. Je ne m’attarderai pas sur ce radeau-là qui en aucun cas ne peut mener à bon port dans la perspective d’une société de progrès, c’est même tout le contraire. Je ne fais que le citer pour mémoire car une lutte à couteaux tirés est d’ores et déjà engagée sur le terrain des valeurs avec FILLON qui a affiché des positionnements très proches du FN jusqu’à aller imprimer sur son étendard sa chrétienté profonde et pour tout dire intégriste, prenant ainsi une posture guerrière envers l’islam provoquant alors en creux l’insupportable amalgame entre islam et intégrisme islamiste sous forme de message subliminal ainsi qu’une véritable agression contre la laïcité, la loi de 1905 et tous les athées, agnostiques et finalement la majorité des français qui ne se définissent pas par rapport à leurs croyances religieuses mais par rapport au triptyque universel et républicain « Liberté, Egalité, Fraternité ». Ceci dit, malgré la chape de plomb primaire PS, on constate que MLP et FILLON trouvent aisément leur place dans les médias, l’une parce qu’elle est à la fois le diable utile pour pousser les gens vers celui qui serait son concurrent même si le programme de ce dernier est destructeur de notre système social et l’idiot utile dont les médias s’évertuent à faire croire qu’elle porte des mesures de « gauche radicale » (qu’elle nie elle-même) afin de créer volontairement la confusion avec l’autre bout de l‘échiquier politique pour le déconsidérer, l’autre parce qu’il est déjà désigné candidat de la droite et qu’il a du mal à gérer son positionnement anti social sur l’ensemble du corps électoral. Il faut donc lui donner un peu d‘oxygène. Tous les deux veulent nous mener vers cette nuit profonde et sans lune.
Les deux autres radeaux sont le mouvement « En Marche », d’E. MACRON et la « France Insoumise » de JL MELENCHON, tous deux traités différemment par les médias, on va le voir. Ceux-là sont très intéressants dans l’analyse car ils impactent le terrain politique qui nous intéressent au premier chef.
Rappelons tout d’abord que si ces deux « radeaux » forcissent, c’est pour des raisons tout à fait différentes voire opposées et d’ailleurs ce n’est pas pour rien que le premier est la coqueluche des médias tandis que ces derniers s’efforcent de rendre le second quasiment invisible. Même si le contexte est différent cela me rappelle l’excès de soutien de la presse américaine à l’égard d’Hillary Clinton pendant que Bernie Sanders était totalement ignoré alors qu’il a été démontré après coup qu’il était en mesure se battre TRUMP. Nous avons là à faire à une sorte de « primaire » hors de la primaire qui sera en fait le 1er tour de la présidentielle.
MACRON, qui a été un des piliers libéraux du gouvernement VALLS-HOLLANDE, père géniteur non seulement de la loi brisant nos fondamentaux sociaux qui porte son nom mais aussi de la loi au nom d’emprunt « El Khomri » mais qui est en réalité 100% loi MACRON 2, veut se faire passer pour le grand rénovateur, ni gauche (ça on en était convaincu, il le dit lui-même) ni droite (il a pourtant démontré le contraire et de nombreux politiciens de droite se sont joints à son mouvement venant renforcer la caste droitière du PS). Ainsi ce radeau-là qui pour l’instant s’agrège d’un nombre significatif d’intentions de votes, est-il salvateur ? Bien sûr que non, pas plus que le radeau FN ou le tabernacle FILLON. Même si aujourd’hui sur certains points il pratique la tactique du revirement (sur la Sécu, sur les 35 heures..), à l’instar de son ancien camarade premier ministre, ce qui nuit à l’assurance de sa crédibilité, il porte une politique antisociale et ultralibérale qui donnerait, en pire, les résultats qu’a produit le quinquennat hollandais. De plus il reste très flou sur des points essentiels qu’il va devoir éclaircir et là, patatras… De plus quand il se déclare le candidat du « travail » on ne peut que s’éclater de rire si ce n’était dramatique, car quand il propose par exemple une augmentation du SMIC, celle-ci est financée par une augmentation de la CSG des retraites à partir de 1500 € mensuels. Ah la belle affaire quand en même temps il affirme clairement qu’il ne touchera pas au capital ni aux salaires exorbitants des grands patrons. Il faut dire que ce monsieur, grand bourgeois ex-banquier, est massivement soutenu par le milieu patronal de haut niveau et que le financement de sa campagne, sur lequel il refuse de discourir dans le détail, ne provient pas des dons de petites gens…et reste très opaque. Mais au-delà de la question de savoir si MACRON peut être une solution je pense tout simplement que son « lancement » basé sur une logorrhée de façade anti système et sur le slogan « ni droite ni gauche » a été calculé, évalué, soupesé comme une stratégie de la part des solfériniens en perdition. La stratégie ça se joue toujours un coup d’avance minimum, voire deux ou trois. A l’Elysée et rue de Solférino il avait été acté que c’était fini pour eux, qu’aucun des prétendants possibles (HOLLANDE, VALLS, les lâches girouettes MONTEBOURG, HAMON) ne gagnerait, qu’il était en même temps d’utilité politicienne de faire disparaitre un PS ingouvernable et hors de question de laisser le champ totalement libre à MELENCHON. Il fallait donc ruser et faire croire que le chef d’œuvre MACRON, libéré des lourdeurs et contradictions d’un PS tétanisé, allait être plus efficace qu’un quinquennat qui a servi de brouillon, pour poursuivre de façon plus assurée la mise au pas ultralibérale de notre société. En d’autres termes, derrière le rideau de fumée des ambitions personnelles, et des rivalités réelles avec VALLS, MACRON est en mission pour, a minima, poser les pierres de l’idée de grande coalition entre les parties gauche et droite compatibles de l’échiquier politique après s’être extrait du carcan PS et pour grignoter des voix à droite. C’est le combattant avancé, hors ligne, comme un commando. Il tente de se poser en adversaire de FILLON en rejouant ce que le PS a fait depuis des décennies, à savoir en substance « je vais moderniser ultralibéral mais avec douceur et sans brutalité » par opposition à une sorte d’Ignace de Loyola, le très joyeux luron, missionnaire chrétien inquisiteur, cousin germain de Margaret TATCHER. En gros MACRON va reprendre la vielle antienne du « je suis moins pire ». Sauf que dans le « moins pire » il y a déjà le pire, et ça c’est terminé pour des millions de citoyens qui ont compris la tricherie de ce concept par les reculs et les difficultés immenses qu’on leur a imposés. En réalité la différence socio-économique entre FILLON et MACRON est de l’ordre du MICRON. MACRON va donc tenter d’aspirer une partie des électeurs de HOLLANDE et de VALLS qui se disent de gauche mais qui en réalité ont renoncé à ses fondamentaux pour devenir des libéraux pur jus. Globalement, à part exception, ces citoyens ne serons pas acquis à la « France Insoumise ». Ce seront en fait des hollandais-vallsistes qui risquent de lâcher VALLS pour rejoindre MACRON. Ainsi les médias chiens de garde ont décidé de promouvoir ce dernier, défenseur du CAC 40 dont font partie les 9 magnats milliardaires qui détiennent 90% des dits médias. Toutes chaines confondues privées et publiques (FR2, BFMTV, ITélé, LCP, LCI) et les hebdomadaires multiplient à l’écœurement les publireportages sur MACRON sous toutes les coutures et ce malgré la domination médiatique de la primaire PS. Toutes les chaines, dans un rythme effréné, diffuse des épisodes de la vie de MACRON à la manière de la BD MARTINE à la plage. La dernière émission en date c’est celle de dimanche soir 8 janvier sur la 5, « C Polémique », où pendant les discussions on nous abreuve du portrait de MACRON déguisé en président de la république, façon De Gaulle (quelle hérésie !). Par ailleurs alors que FR2 dans son JT de 20h du lundi 9 janvier ignore totalement l’immense succès du meeting de JLM la veille à Tourcoing, (2000 personnes pendant que VALLS à 60 kms de là réunit péniblement 200 soutiens) ne voilà-t-il pas que le Pujadas lance un nième reportage sur le supposé enracinement irrémédiable de MACRON. Je mise sur le fait que l’excès écœure et que l’écœurement fait vomir… Il est clair que MACRON veut mordre l’électorat de VALLS et celui d’une partie de la droite. Alors, citoyens vraiment de gauche, pour ceux qui seront allés voter à la primaire du PS pour HAMON ou MONTEBOURG par « habitude » vous savez ce qu’il vous reste à faire pour le premier tour de la présidentielle, même si un de vos candidats gagne cette primaire mais sans aucun espoir de fédérer, et qui plus est si c’est VALLS qui la gagne : reportez-vous directement et massivement sur MELENCHON comme j’en appelle aussi tous les abstentionnistes habituels ou récents. Faire cela c’est avoir l’esprit de vainqueur au lieu de baigner dans cette résignation mortifère et défaitiste caractérisant notamment le PS lui-même comme s’il souhaitait cette défaite cuisante. Porter JLM au second tour afin de faire la nique à un quinquennat bis-repetita représenté par MACRON, voilà la seule issue dans ce contexte donné.
MELENCHON est le troisième radeau, celui de la « France Insoumise » que les médias tentent de rendre invisible tout en étant bien obligés de temps en temps de l’inviter comme sur BFMTV lundi matin 9 janvier chez Bourdin ou de diffuser un de ses discours comme dimanche après-midi sur BFMTV. Il faut dire que le CSA commence à évaluer l’équité des passages (ce qui n’est pas l’égalité, et c’est là que le bât blesse), que MELENCHON fait de l’audience et que les chaines TV sont prises dans leurs contradiction entre faire de l’audimat et obtempérer aux influences de leurs patrons oligarques qui ne veulent pas entendre parler de JLM et que la plupart du temps les journalistes tentent de le cantonner ainsi que ses représentants, dans le rôle de commentateur des autres plutôt que de lui permettre de développer son programme tout en baignant dans une mauvaise foi journalistique légendaire et créer ainsi volontairement des tensions. Heureusement que JLM ne se laisse pas circonvenir. MELENCHON capte déjà 15% de l’électorat et la dynamique lancée peut le conduire au second tour même si actuellement MACRON le devance de 3 points (marge d’erreur). JLM ne bénéficie pas de multiples publireportages comme en bénéficie MACRON et le plus souvent quand il est invité ou que les éditorialistes parlent de lui c’est de manière malveillante, tronquée et déformée, comme cela a été le cas ce 9 janvier à 17h45 au cours de l’émission C dans l’air qui était consacrée à ce candidat avec toujours les mêmes invités ou leurs clones anti-Mélenchon. On n’a pas été déçus ! La caricature sur son programme profond et cohérent a été de mise à peine compensée par la reconnaissance de son honnêteté et de sa sincérité.
Quelle grande et belle décision stratégique il a prise quand, bien en amont, lui-même et son équipe ont décidé d’investir massivement et qualitativement les réseaux sociaux. Sage et subtile décision qui permet de contourner largement les médias officiels et de toucher massivement un électorat potentiel jeune et rétif à la TV et au monde politique en général. Et quel succès : près de 600 000 abonnés sur Facebook, 161 000 abonnés sur la chaine You Tube, 1èere chaine politique, 196 845 soutiens à sa candidature. Sans parler de son blog, une mine d'informations et de démonstrations. Ces bêtas de médias officiels ne s’en sont pas encore rendus compte, (comme en 2005 pour le TCE) mais c’est cela qui va faire sa victoire.
Ceux qui ont pris la peine de se procurer le programme « L’Avenir en commun » (qui a eu un succès fou : 1ère vente des livres politiques, 4ème vente en tant que livre-cadeau de Noël ! !) et qui prennent la peine de lire les articles, d’écouter les vidéos de MELENCHON auront compris que devant l’auto-sabordage de l’armada politique qui coule devant nos yeux, son mouvement la « France Insoumise » est le seul radeau à direction participative qui tient bon la barre pour nous mener à bon port en passant pas une route inédite celle des défis démocratiques, sociaux et environnementaux, enjeux ignorés, mis sous le boisseau et pourtant essentiels à affronter et à résoudre sous peine d’un effondrement généralisé sous l’égide du CAC40. Aujourd’hui tous ceux qui ne mettent pas en avant la refonte totale des institutions par intervention directe du peuple, un plan B pour sortir des traités européens si nos partenaires refusent leur renégociation dans l’intérêt des peuples, et la sauvegarde de l’écosystème en disant comment dans le détail comme le fait MELENCHON, et qui malgré ce proposent des mesures mirifiques, sont de fieffés menteurs car ce serait tout bonnement impossible de les mettre en œuvre.
Revenons donc à ce spectacle lamentable où va passer par le fond la galère socialiste, je veux parler de la primaire PS. Jamais spectacle politique n’a été aussi pitoyable. Dans le camp du social libéralisme, le soldat MACRON semble être passé sous les barbelés du champ de bataille pour être récupéré par le CAC40 et ses amis politiques libéraux et/ou pseudo socialistes comme le maire de Lyon par exemple, car c’est bien de cela dont il s’agit : les maitres de la finance ont évalué l’impossibilité de continuer à miser sur le PS, ils en ont donc extrait un pilier sûr pour faire joujou à la « démocratie » avec FILLON. VALLS étant ainsi en perte de vitesse (même si rien n’est jamais joué), il ne reste plus à faire en sorte que la pseudo gauche du PS, en la personne notamment de B. HAMON, prenne des couleurs, histoire de gagner la primaire et faire échec à MELENCHON ou du moins le concurrencer sur ses thèmes , car le but ultime de cette stratégie-billard à plusieurs bandes est celui-là. Le monde politique plan-plan et la finance ne veulent surtout pas d’un MELENCHON en pole position. Et les électeurs socialistes vraiment à gauche devraient bien y réfléchir avant de se faire avoir quand leurs « anciens camarades » droitiers ont déjà rejoint MACRON. Ça c’est la stratégie des politicards ; moi je pense que les citoyens ont une capacité de réflexion qui va leur permettre d’éviter ce piège grossier. Je crois utile de reprendre une description objective de cette situation abracadabrantesque :
1-six candidats sur sept ont été ministres au cours du quinquennat Hollande dont les quatre principaux parmi lesquels un premier ministre. Ils ont tous sur les épaules, à des degrés divers, le poids négatif de cette mandature massivement rejetée
2-voilà un ex 1er ministre, personnification même du bilan quinquennal, qui fait valser ses neurones au point d’assumer une schizophrénie pour le moins surprenante. Alors qu’il a utilisé à 6 reprises le très anti démocratique 49-3, il propose de le supprimer sauf pour le vote des budgets. Au-delà de ce turpide revirement posez-vous la question pourquoi ? Savez-vous qu’un budget, en fonction de son importance et de sa ventilation, a forcément des effets positifs ou négatifs sur tel ou tel domaine, et donc dans ce dernier cas qui sera le plus courant pas besoin de loi restrictive, le budget s’en charge. Malin ! Il propose la suppression de la Cour de Justice de la République, cour d’exception qui vient de sévir (façon de parler) de nouveau en protégeant Mme Ch. LAGARDE. Que ne l’a- t-il fait pendant son mandat d’autant qu’il s’agissait d’une promesse de F HOLLANDE. Il propose un revenu décent pour ceux qui en ont besoin : en réalité il ne s’agit que de regrouper les minimas sociaux qui ne devraient pas dépasser le seuil de pauvreté, donc autant dire un coup d’épée dans l’eau. Il propose un SMIC européen. Dit ainsi cela attire l’attention, sauf qu’il s’agit d’une proposition s’inscrivant dans les objectifs de la Commission Européenne qui devrait s’appliquer dans chaque pays non pas par une harmonisation par le haut mais selon un calcul qui se traduirait pour la France par une baisse du dit SMIC et tout à l’avenant.. Au cours de son émission sur FR2 aux questions qui le titillaient sur ses revirements on l’a entendu dire, d’une voix toute doucereuse, comme si des décennies s’étaient écoulées depuis le terme de sa fonction de 1er ministre « On peut changer, j’ai changé, j’ai grandi, j’ai réalisé la brutalité avec laquelle j’ai parfois agi » et bla bla bla. Jusqu’à quand y-aura-t-il des aliborons qui se feront avoir par de telles billevesées ?
3-voilà un ex-ministre de l’Economie qui a toujours voulu se donner l’image d’un homme brillant et de gauche mais lorsqu’on gratte un peu, le vernis s’en va et ne reste plus qu’un dandy aux jolis costards. Il est d’abord connu pour être une girouette de grande envergure. Lors de la présidentielle de 2007 il soutient Ségolène ROYAL, en 2008 au Congrès PS il soutient Martine AUBRY contre ROYAL, en 2011 au second tour de la primaire il soutient HOLLANDE contre AUBRY, et en 2014 il défie HOLLANDE puis VALLS qu’il avait pourtant aidé à accéder à Matignon. Ce parcours vous pose le personnage auquel c’est sûr, on peut faire confiance. A noter que MONTEBOURG était un « noniste » en 2005 comme FABIUS, et tous les deux n’ont par la suite eu de cesse que de soutenir des « ouiouistes », ce qui pose tout de même question fondamentale car depuis 2005 tout le monde a compris que la fracture passe pour l’essentiel entre l’Europe de la dictature de la finance telle qu’elle est et l’Europe sociale et démocratique des peuples telle que la porte la « France Insoumise ». Pour poursuivre sur ce terrain si j’ose dire, ce monsieur était favorable à l’exploitation du gaz de schiste, exploitation « propre » précisait-il, ce qui n’était qu’une vue de l’esprit. Aujourd’hui, comme par enchantement, il est totalement hostile au gaz de schiste. Par ailleurs, après avoir affirmé que le nucléaire était une filière d’avenir, il déclare aujourd’hui « Je ne suis pas un farouche partisan du nucléaire ». Comme aurait dit M.AUBRY « Quand c’est flou, il y a un loup », et on sait ce qu’il nous en a coûté.
Avec ce méli-mélo la presse chienne de garde s’est vite empressée d’affirmer qu’il y avait des ponts entre MONTEBOURG et MELENCHON pour encore une fois créer la confusion. Ce florilège montre qu’il n’en est absolument rien, d’autant plus quand on découvre la suite. MONTEBOURG est pour une 6ème république et une nouvelle Constitution. Ah comme MELENCHON alors, ils pourraient s’entendre donc ! Que nenni ! Ce qui créée une nouvelle république c’est une nouvelle Constitution. Pour ce faire MELENCHON propose de convoquer une Assemblée constituante en utilisant l’art 11 de la constitution actuelle. Si par ce référendum le peuple dit oui à la convocation de cette constituante, celle-ci le sera, pour moitié élue, pour moitié par tirage au sort et elle se mettra au travail, sachant qu’aucun de ses membres n’aura été ni ne sera membre d’assemblées parlementaires afin d’éviter l’écueil du « juge et partie ». De fait le peuple prend ainsi son destin en main et marque cette future constitution de son empreinte, constitution qui entrera en application après avoir été soumise à référendum. La 6ème République sera née.
Pour MONTEBOURG c’est totalement différent : la nouvelle constitution sera construite par des « experts » ou grands commis d’Etat, puis soumise au peuple par référendum. Oui mais où est l’implication populaire dans l’écriture du texte ? De plus rien ne dit que la girouette ne fera pas approuver son texte par le Congrès à Versailles, avec tous les risques de modifications par des élus qui seront donc juges et parties et/ou le risque du rejet et de son enterrement de première classe. D’autant que cette 6ème République ne constitue pas pour lui une priorité, elle est inclue dans son programme au même titre que la nième proposition, alors que c’est la clé de voûte indispensable pour tout le reste, place de choix qu’elle a dans le programme « l’Avenir en commun » de la « France Insoumise ». Enfin, comme HAMON et VALLS il affirme vouloir se tenir dans les couloirs de la Commission Européenne puisque il s’oppose à toute sortie des traités même au cas où ses propositions seraient recalées par la dite Commission. Et elles le seront et les maintenant en tant que promesses il devient forcément Pinocchio. Bon, pour lui, un dernier mot : son parcours que je viens de brosser n’ennoblit en rien son départ avec fracas du gouvernement VALLS, sachant que par la suite et comme tous les frondeurs dans le cadre de la bataille parlementaire sur la loi travail, il a fait preuve d’une grande lâcheté politique. Si vous n’avez pas compris, tant pis !
4-voilà un ex-ministre de l’Education Nationale, qui a claqué la porte du gouvernement juste avant sa première rentrée des classes, qui n’aura donc laissé que le néant avant son départ, mais qui a largement participé avec MONTEBOURG, à la mise à l’écart d’AYRAULT et à l’accession de VALLS à Matignon. Petits trafics et petites magouilles de tendance et sous tendances, de carriérisme individuel, bref des trucs d’appareil à la fois si loin des français et si proches en même temps quant aux effets désastreux de la politique mis en œuvre suite à ces arrangements. Entre 2012 et 2014, Benoit HAMON a tout avalé –et tout négocié– en silence: le pacte budgétaire européen et même le virage libéral du pacte de responsabilité. Sans lui, Manuel VALLS n’aurait pas été Premier ministre. Sans le coup d’éclat lancé trop fortement par son complice de l’époque, Arnaud MONTEBOURG, il n’aurait pas été le ministre de l’Education le plus bref de la Cinquième République –cinq mois à peine.
La presse chienne de garde dit aussi de lui, et encore plus que pour MONTEBOURG, qu’il a de très nombreux points communs avec MELENCHON, cette antienne étant simplement pour faire croire aux citoyens lambda qu’il peut ou qu’il doit y avoir rapprochement avec bien sûr pour objectif sous-entendu le retrait de MELENCHON qui est le seul faisant l’objet, et c’est tant mieux, d’une forte crainte de tout le système y compris médiatique. Là encore il y a un précipice entre la superficialité des choses et la réalité. Lorsqu’un homme politique comme HAMON a un tel parcours sur une période si courte comment lui faire confiance. Tout d’un coup il se met à parler d’écologie avec le verbe et le ton hésitant du débutant. Il est vrai que nombre de ses propositions semblent proches de celles de MELENCHON, sauf qu’à y regarder de plus près des différences de fond sont existent et sont fortes.
Par exemple, il veut écrire une nouvelle constitution pour une 6ème République. Il souhaite mettre en place une «conférence citoyenne» qui associerait durant un an «les élus du nouveau Parlement et des citoyens tirés au sort», afin de bâtir la Constitution de la VIe République. Où est l’Assemblée Constituante. Cette conférence, limitée à 1 an, ne peut être assimilée à la Constituante prévue par le programme « l’Avenir en commun » qui elle est exclusivement constituée de citoyens élus et tirés au sort, et ce d’autant moins que les élus du nouveau Parlement seront intervenants et on se retrouvera donc avec des gens qui sont juges et parties. C’est de la poudre aux yeux. Par ailleurs il ne dit pas comment cette constitution serait ratifiée : référendum ou Congrès à Versailles ?
Il propose la reconnaissance du vote blanc par référendum ; déjà cette mesure doit être incluse dans la constitution, il n’en parle pas. Par ailleurs la reconnaissance du vote blanc portée par MELENCHON est associée au vote obligatoire comme cela existe dans de nombreux pays. Il faut savoir que la reconnaissance du vote blanc ne fait sens que si le vote est obligatoire. Or HAMON ne le veut pas.
Il veut instaurer un « 49-3 citoyen ». Au-delà de la terminologie qui n’est pas très heureuse, cette mesure permettrait à 1 % des inscrits sur les listes électorales (environ 400 000 personnes) de peser sur les décisions. Comment ? En signant une pétition pour «soumettre un texte à l’examen des deux chambres du Parlement, après avis du Conseil d’Etat», le citoyen pourra «proposer à référendum un projet de loi» et «suspendre la promulgation d’une loi». Compte tenu de ce qu’on sait des comportements et de la sociologie de la caste politique qui n’aura pas changé et qui de plus aura mis son grain de sel dans l’écriture de la nouvelle constitution, il est clair que la volonté des citoyens, même farouche, risque de peser de peu de poids devant ceux qui finalement décideront (Parlement, Conseil d’Etat)….de ne pas donner suite. Cela n’a rien à voir avec le vrai renouvellement démocratique qu’est le référendum révocatoire, qui peut être engagé dès la mi-mandat de n’importe quel élu. Bien sûr il y a des règles à respecter (la mi-mandat en est une), ainsi que le pourcentage de pétitionnaires inscrits sur les listes électorales à établir en fonction du territoire concerné et la liste des motifs à invoquer. Une fois ces points validés, le référendum est obligatoirement organisé. Si la majorité se prononce pour la cessation du mandat de l’élu celui-ci cesse immédiatement ses fonctions et une nouvelle élection est organisée.
Enfin HAMON tente de se démarquer en proposant un revenu universel. Séduisante aussi, cette proposition demande à être analysée plus avant : en réalité ce revenu proposé par HAMON, qui est très éloigné du contexte et de la mise en œuvre du sociologue Bernard FRIOT, non seulement il sera en dessous du revenu déterminant le seuil de pauvreté, non seulement il sera distribué à tout le monde (merci pour Bettencourt) mais encore il impliquera la disparition de la plupart des éléments de protection sociale existants ce qui paradoxalement constitue un risque de démantèlement de notre Sécurité Sociale. Je rappelle qu’une telle mesure couterait 600 milliards d’euros. A la fois faisable et plus progressiste, il vaut mieux réinstaurer une sécurité sociale intégrale avec un remboursement à 100%, augmenter le SMIC et les minimas sociaux et instaurer une véritable autonomie financière pour les jeunes de 18 à 25 ans sur une durée de 3 ans avec formation qualifiante et sous condition de ressources (Cf L’Avenir en commun). Juste un dernier point : HAMON propose d’abroger la loi travail, MONTEBOURG de l’aménager ( !). Que n’ont-ils eu le courage politique, avec les frondeurs, d’aller jusqu’au bout pour renverser le gouvernement au moment de la « discussion » de cette loi à l’Assemblée Nationale ? Cela aurait été irresponsable ? Non, cela aurait été courageux ! Ah politique politicienne, quand tu les tiens !
Epilogue : que l’on pense qu’il existe vraiment des oppositions entre ces 7 candidats ou que l’on pense qu’il s’agit d’une comédie de boulevard où les portes ne cessent de s’ouvrier et de se fermer dans des claquements insupportables, la logique et l’engagement veulent que tous les perdants soutiennent le vainqueur. Un nouveau moment de triste rigolade avec un HAMON ou un MONTEBOURG devant soutenir VALLS (vu qu’ils l’ont aidé à devenir 1er ministre ça ne devrait pas trop les perturber malgré les discours antinomiques qui vont les opposer) ou l’inverse, un Manuel VALLS devant soutenir HAMON ou MONTEBOURG, ce qui devrait se faire sans aucune vergogne. Reste les électeurs qui demeurent libres de se déterminer dans l’isoloir du 1er tour de la présidentielle et qui auront compris que leur véritable libération sociale, démocratique et environnementale c’est le vote MELENCHON afin que LA GAUCHE non seulement soit devant la droite MACRON mais puisse accéder au second tour. Disperser leur voix sur le vainqueur de la primaire, c’est tout perdre assurément. Voter MELENCHON c’est le vote efficace et nécessaire.
Ah, j’oubliais le quatrième homme, Vincent PEILLON. Moi il me donne l’impression du professeur arrivant en amphi sans son cartable, les bras ballants et se languissant que le mois des épreuves finisse, les yeux rivés sur sa Jaeger Le Coultre et les cimes de ses Alpes suisses !
Le discours de Tourcoing
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