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Billet de blog 11 octobre 2016

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Face à l'embrouille des primaires

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Est-ce que l’actuelle Constitution qui organise le fonctionnement des pouvoirs publics et de nos institutions, prévoit l’organisation de primaires ? NON.

Les primaires sont donc une construction de nature « privée »(!) plaquée sur notre droit public et constitutionnel et montée de toutes pièces par des partis politiques, à commencer par le PS en 2011 suivi par la droite LR en 2016. Elles n’ont donc pas de valeur constitutionnelle quoiqu’on pense de notre Constitution. Leur seule valeur juridique renvoie à leur inscription dans les statuts des partis initiateurs à l’instar de n’importe quel article de statuts d’une banale PME, sauf qu’ici cet élément statutaire privé prétend harponner l’espace public et la citoyenneté d’un pays !

A la question « pourquoi mettre en place ce système des primaires », la réponse enthousiaste de ses partisans c’est « pour redonner du souffle démocratique » à une organisation des pouvoirs publics et à un mécanisme de représentation qui en manque cruellement. On pourrait à priori être d’accord avec cette argumentation et même épouser cette ferveur démocratique.

Sauf qu’à y regarder de plus près on se rend rapidement compte de toute l’hypocrisie d’une telle démarche.

Une Constitution et des institutions sclérosées, épuisées, à bout de souffle, non seulement devenues incapables de régénérer un nouveau souffle démocratique mais encore apparues comme aptes à nier la démocratie elle-même, doivent être d’urgence abrogées et remplacées. C’est la seule option et cela devient une évidence et une urgence pour se défaire enfin de cette monarchie présidentielle de quasi « droit divin » à travers laquelle le Président dispose de droits exorbitants favorisant par ailleurs toutes les combines politiciennes qui réduisent la Politique au sens noble du terme à de petites stratégies à 10 balles et à des jeux tacticiens bien loin des préoccupations des français. Les exemples de déni de démocratie intrinsèque à cette Constitution ne manquent pas :

-la décision d’imposer des orientations fondamentalement contraires aux propositions présentées au peuple lors de la campagne électorale, comme la loi El Kohmri,

-le parjure sur des engagements qui peuvent être reniés en toute impunité dès l’élection acquise comme la renégociation du traité européen promise mais non tenue

-l’existence et l’utilisation abusive de l’article 49-3 qui réduit à peau de chagrin les pouvoirs du Parlement et permet de passer en force sans débat et sans vote,

-l’obligation pour tout candidat à la présidentielle d’être parrainé par 500 élus qui a dérivé vers un étouffoir démocratique consistant à tout mettre en œuvre pour barrer un candidat dont l’un des points majeurs de son programme est précisément de refondre les Institutions de la République avec notamment la mise en place du référendum révocatoire permettant de mettre fin à des mandats d’élus ayant failli etc.

Devant un tel constat avéré, tous les responsables politiques dignes de ce nom se devaient d’en tirer toutes les leçons et s’accorder au moins sur cette nécessité impérieuse de rebâtir une Constitution en convoquant une Assemblée Constituante. Or à ce jour seul JL Mélenchon est sur cette position. Les autres, tous les autres, conscients du problème, masquent cette option en sautant comme des cabris et en criant « primaires, primaires, primaires.. !», processus sensé redonner ce souffle démocratique. Ce ne sont que de fieffés hypocrites. 

Tout d’abord, la mise en œuvre des primaires en soi ne fait pas disparaitre la ou les causes de ce recul démocratique. La Constitution de 1958 reste en place et donc toutes ses tares sont maintenues. Le pouvoir quasi absolu qu’elle confère à une seule personne continuera de verrouiller l’aspiration démocratique. En réalité ces responsables politiques candidats favorables aux primaires s’accrochent à cette Vème République et à sa Constitution comme les lentes sur la bête avec pour seule raison le secret espoir de gagner l’élection afin de devenir à leur tour le monarque de la république et de disposer de ses pouvoirs exorbitants.

Ensuite le système des primaires ressemble trait pour trait à l’élection présidentielle elle-même. Une superposition quasi parfaite qui ne fait que reproduire quelques-unes des tares décriées plus haut : un critère de parrainage ouvrant en grand sur toutes les magouilles et pressions possibles, ( t’en n’as pas assez, je t’en refile-Juppé à NKM- , toi on te veut pas, tu n’auras pas le compte – à Mariton- etc.), une élection à deux tours (au premier on élimine au second on choisit) et qui de fait favorise la personnalisation et constitue donc l’antichambre du président-monarque. Juppé vient d’ailleurs de dire sur FR2 que désormais nous avons une élection présidentielle à 4 tours…. Si tel est son concept c’est bien que sur le fond et dans l’esprit c’est du pareil au même.

Enfin la primaire a ses propres vices qui montrent qu’elle n’est que le « canada dry » de la démocratie. Elle permet uniquement à quelques chevaux, parfois de remonte, de se mesurer pour gagner une course de jaquettes. Comme au PMU. Au cours d’un reportage Bruno Lemaire, pris dans cette tourmente comme les autres, s’est parfaitement inscrit dans cette décrépitude de la démocratie en pariant avec un enfant un coca-cola qu’il gagnerait la primaire à droite. On peut en sourire mais je pense qu’il s’agit là d’un exemple révélateur.

Ce système de primaire est un véritable tamis qui filtre l’expression populaire : non seulement il ne va concerner qu’une toute petite minorité d’électeurs, généralement les plus consensuels, mais ceux qui souffrent le plus dans la société en seront totalement absents. Où est la démocratie dans ce barnum ? Ce sont à peine 2 à 3 millions des plus aisés et des plus « bobos » qui vont décider entre qui et qui vont choisir tous les français lors de la vraie élection à laquelle plus de 80% des électeurs vont participer.

Non cela n’a rien à voir avec la démocratie.

D’autant moins d’ailleurs que les deux partis qui ont généralisé d’un commun accord ce système de primaires à leurs deux camps, savaient pouvoir compter sur la deuxième peau du système (médias chiens de garde) qui participe déjà à ce cirque en laissant micro ouvert permanent, sans parler des trois débats prévus, d’abord au parti LR puis au PS. Ils comptent ainsi déverser leur propagande pour tenter d’annihiler toute velléité hors de leur champ d’influence. Un déséquilibre de république bananière : mais attention aux effets du trop-plein et à l’écœurement.

Par ailleurs d'autres défauts des primaires sont en train de se réaliser sous nos yeux : sous le feu roulant des sondages les sympathisants de droite ne savent plus où donner de la tête pour essayer de détecter non pas le projet qui leur convient (de toute façon c’est quasiment le même, je n’ai jamais vu de candidats de droite aussi antisociaux et aussi proches de l’extrême-droite pour certains), sondages souvent confus à dessein car certains couvrent tous les français, d’autres ne couvrent que les sympathisants et adhérents, et la signification n’est évidemment pas la même. De plus, dans le cadre de la primaire qui s’annonce, celle de droite, les pressions et tractations vont bon train quant à l’intervention d’électeurs de gauche pour influer sur le résultat qui désignera le candidat de droite. C’est bien un des pièges des primaires, là concernant la droite, demain concernant le PS. Comment peut-on parler d’un plus démocratique quand tout est fait pour brouiller les cartes, quand des électeurs de gauche vont devoir signer un texte disant qu’ils épousent les valeurs de droite pour pouvoir voter. Mais où est-on là ? Sont-ils vraiment de gauche ? Limite macroniens peut-être. En tout cas d’un seul coup Juppé serait de gauche, du moins c’est ce que les trompettes trompeuses des médias claironnent sur les ondes. Cette immixtion arrangée est envisagée pour favoriser Juppé par rejet de Sarkosy et parce qu’il se dit que ce dernier  est le seul à droite à battre Le Pen que les sondeurs sont certains de voir au second tour. En même temps le durcissement droitier de Sarkosy est un appel du pied aux électeurs FN pour qu’ils viennent lui donner un coup de main dans cette pré-bataille.

Même si Juppé est loin de la philosophie lepéniste alors que Sarkosy, Lemaire ou Fillon en sont proches à des degrés divers, il n’empêche que Juppé est vraiment de droite, et sur certains points beaucoup plus que Sarkosy puisqu’il propose une dégressivité de 25% des indemnités chômage alors que le second propose 20%. La course est déjà engagée entre ces deux-là pour porter le plus loin l'âge de départ à la retraite. En vérité la politique de guerre sociale contre les salariés en général et les plus modestes et les plus fragilisés en particulier, sera totale et d'une cruauté sans nom de la part de n’importe quel candidat de droite. Il faut dire que le PS solférinien leur a bien ouvert les portes en leur facilitant la tâche. Rappelons aussi que Juppé et Sarkosy, ne sont pas les meilleurs représentants de la vertu en politique aussi bien au plan financier qu'au plan intellectuel. Comment par exemple ne pas se rouler de rire par terre ou bien être frappé de stupeur quand on entend Sarkosy promettre deux référendums en s'engageant droit dans les yeux qu'il tiendra cette promesse de mode d'expression, la respectera parce qu'elle est la quintessence de la décision populaire, lui qui a étouffé cette expression et piétiné le choix du peuple français qui avait dit non au TCE en 2005 en le réaménageant en Traité de Lisbonne pour le faire ratifier par le parlement ???? 

En réalité tout ce cirque de connivence n’a qu’un seul but : vous embrouiller au maximum pour que se poursuive la politique économique et sociale de la pensée unique soutenue par la droite LR et la seconde droite PS dit solférinien (abusivement qualifié de gauche par les médias chiens de garde) avec une violence jamais atteinte en utilisant deux pièges machiavéliques et complémentaires : faire acter la mort de la gauche et activer la bouillie fétide du vote utile.

Oui mais la vérité c’est que la gauche n’est pas morte malgré les perturbations qui la traverse, et au-delà c’est le peuple qui n’est pas mort ; tous ces abstentionnistes depuis des années, écœurés, ou ces abstentionnistes plus récents ultra déçus par le PS solférinien d’Hollande, tous ces déçus qui ont continué à voter pour ce PS-là mais qui aujourd’hui n’en peuvent plus, vont massivement rejoindre par leurs votes la candidature de JL Mélenchon et faire mentir ces élucubrations de petits tacticiens de seconde classe.

Face à cette droite fascisante et anti sociale, face au FN qui affiche dans ses mairies son comportement génétiquement liberticide et qui est, comme Sarkosy, confronté entre autre à un financement illégal, face à quelques scories montebourgeoises :

 LE SEUL VRAI VOTE TRES UTILE ET SOLIDE AU PREMIER TOUR

C’EST MELENCHON(*) 

POUR UN VOTE GAGNANT AU SECOND TOUR !

(*)Les derniers sondages lui font tutoyer les 17%. Alors poursuivons sans relâche la mobilisation

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