Comme le dit l’adage « nul n’est prophète en son pays » et ce qui est sûr c’est que je ne le suis pas mais j’essaie tout simplement d’apporter ma modeste pierre par l’analyse, y compris sur des hypothèses de raisonnement ou des analogies dans un continuum historico-économique, par des mises en garde à la disposition de tout un chacun qui peut, par sa réflexion et sa mobilisation, éviter le pire.
L’évènement de ce 19 juillet 2017, à savoir la démission du Général de Villiers chef d’état-major des armées, est politiquement d’une gravité exceptionnelle au-delà de l’analyse classique du désaccord profond entre le militaire et le président Macron. Une forme de choc. Ce désaccord concerne certes les coupes budgétaires alors que l’armée est sur tous les fronts (sachant que sur ce point le débat est beaucoup plus large que cela avec notamment la révision de notre politique militaire et son bien-fondé et de notre politique diplomatique qui jusqu’à présent ne favorise pas la paix et que par ailleurs les coupes budgétaires comme doxa ultralibérale sont un non-sens générique à rejeter y compris et surtout au plan de la protection sociale et des services publics). Mais ce désaccord va bien au-delà : il met en lumière, et dans le droit fil de la substantifique moelle de mon article précédent, la dangerosité d’un pouvoir absolu dans les mains d’une seule personne à savoir ici E. Macron dont le profil politico-psychologique correspond exactement à ce que j’ai précédemment évoqué. C’est bien, sous des dehors avenants, un personnage autoritariste, voire dictatorial, qui ne tolère ni le débat ni la contradiction, exprimant publiquement ses crises juvéniles d’autorité tout à fait malvenues et irresponsables. Macron vient d’esquisser de manière appuyée qu’en tant que chantre du libéralisme économique voire de l’ultralibéralisme, il se retrouve aux antipodes en terme démocratique. Il vient donc de confirmer la démonstration de mon article précédent.
En tout cas, d’une manière générale, ce type de tensions nettement conflictuelles entre le sommet de l’Armée et le sommet de l’Etat n’est jamais annonciateur de bonnes nouvelles notamment au plan démocratique surtout quand de telles tensions se déroulent dans un contexte global social et économique lui-même plus que conflictuel. Ça ne sent pas bon ! Car bien évidemment les salariés de ce pays n’ont pas non plus à subir cette doxa libérale de l’obsession de l’équilibre budgétaire qui va faire régresser leur niveau de vie et détruire la protection sociale et les services publics. Sans forcément penser aux extrémités historiques rappelées dans l’article « De Pinochet à Macron », on ne pourra qu’être très vigilants quand la révolte grondera face aux annonces désastreuses d’une politique ayant pour effet l’étranglement économique, social et tout simplement de vie digne des milieux populaires et des classes moyennes.
Par ailleurs cette affaire s’inscrit dans le processus de soumission aux USA et d’abandon de notre souveraineté et de notre indépendance. Les médiacronistes des différentes chaines de TV asservies tentent de compenser les effets désastreux de ce séisme politique en affirmant haut et fort qu’à la fin du quinquennat le budget militaire aura atteint 2% du PIB soit 2 milliards par an d’augmentation à compter de 2019 jusqu’en 2025. Sauf que cette augmentation n’est en rien une décision nationale : elle est imposée par l’Europe à tous les pays, question business en lien avec les USA qui comptent vendre massivement leurs nouvelles armes et leurs nouveaux systèmes électroniques qui de fait vont contribuer à notre perte d’indépendance, à notre mise sous tutelle. Cette perte de souveraineté sera accentuée par une intégration progressive fortement envisagée des armées nationales en une armée européenne. Ce n’est pas sans souci que j’ai entendu ce matin un éditocrate, Ch. Barbier, chantre du libéralisme, dire qu’on pouvait se débarrasser d’une grande partie de notre arsenal de dissuasion pour faire des économies ou réorienter nos dépenses. Rappelez-vous : business et perte de souveraineté vont de pair et ce duo va lui-même de pair avec une mise au pas des peuples aux plans social et démocratique… et on peut rajouter aussi écologique.
Et si une armée « européenne » était faite aussi pour mater les peuples ?
« El pueblo unido jamãs serã vencido » !