1789 : un évènement politique de premier ordre tirant sa force, son idéologie, ses fondements politiques, des grandes idées développées quelques décennies plus tôt par des philosophes souvent d’avant-garde qui ont illuminé le monde d’alors. Cette période féconde et régénératrice a été baptisée « siècle des Lumières ». Les hommes d’action de 1789 ont fait entrer une grande partie de ces idées dans la réalité, idées considérées un temps comme utopistes mais qui constituaient tout simplement la vision d’un monde nouveau avec notamment la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, la séparation des pouvoirs, autour de la devise fondatrice Liberté, Egalité, Fraternité. Notre nation est devenue alors universaliste.
Que la société d’aujourd’hui est loin de ces instants palpitants qui présidaient à ce bouleversement du monde, chronologiquement certes mais aussi et surtout idéologiquement et philosophiquement ! Au fil des deux siècles qui ont suivi, à la faveur de reculs sérieux malgré tout ponctués de nouvelles avancées, certains principes ont été bafoués, délaissés, abandonnés ou escamotés, peu à peu une nouvelle caste, une nouvelle oligarchie prenant la place de la Noblesse de l’Ancien Monde. Il est historiquement symptomatique de constater que les périodes de nouvelles avancées n’ont pu éclore que lorsque le peuple, comme il l’avait fait en 1789 et lors de dates tout aussi symboliques comme 1848, 1871, 1936, 1968,1945, reprenait ses affaires directement en main à des degrés divers en fonction des contextes mais de façon assurée et pour ses propres aspirations. Y-a-t-il une ou des raisons qui fait (font) que ces périodes d’engouement collectif où le peuple est directement actif et acteur sont rares et si peu durables ? Serait-ce en soi intenable ? Je ne le crois pas. On serait tentés d’expliquer ce constat par le fait que les soucis de la vie quotidienne et les difficultés de tous ordres afférentes font que les citoyens lambda, en dehors d’instants exceptionnels, ont d’autres chats à fouetter et laissent ainsi s’échapper leur capacité à intervenir de manière continue et pérenne dans la vie publique. Cette explication est bien évidemment insuffisante et même blessante par son raccourci car ils ne sont en rien responsables de leurs difficultés et donc de l’abandon ou de leur retrait de la vie politique. En réalité, sans entrer dans le détail (ce n’est pas le sujet de l’article) le peuple, la plupart du temps sous l’effet de trahisons de certaines de ses figures représentatives, a « oublié » de conquérir un pouvoir décisif, le pouvoir économique. Ainsi nous avons d’un côté un groupe très minoritaire mais très uni et très puissant qui détient les moyens de production, les circuits bancaires et les médias, puissance décuplée par la structure européenne, qui à la fois crée, par une grande exigence de profits, une vie de grandes difficultés à l’endroit des citoyens, notamment sur le lieu de travail (mais pas que) envers lesquels la propagande médiatique porte aux nues le système en développant l’état d’esprit adéquat à savoir l’individualisme et l’égoïsme exacerbés également développé au sein des entreprises ; de l’autre côté nous avons alors des citoyens bien plus nombreux mais tellement épars et divisés par les pressions et les trahisons évoquées ainsi qu’usés par la dégradation des conditions de vie qu’on leur impose, qu’il leur est difficile de former un bloc inaltérable déterminé à reprendre un fois pour toutes les choses en main. Cette difficulté est bien évidemment accentuée par le fait que les Institutions qui organisent la vie politique et le fonctionnement de la représentation du peuple sous la houlette de la loi fondamentale appelée Constitution et qui n’ont jamais été le fruit d’une véritable construction populaire, sont telles que les citoyens se retrouvent sous la domination d’une caste politique chapeautée par le « monarque présidentiel », ce qui est symptomatique d’un écho de l’Ancien Régime, et donc significatif du hold-up dont ils sont l’objet et qui les fait repasser de l’état de citoyen à celui de sujet.
Ainsi à cause de ce qu’on pourrait appeler un complexe économico-politico-médiatique, les français se retrouvent prisonniers de mécanismes politiques qui se sclérosent rapidement débouchant inexorablement vers un chantage au vote utile permettant de pérenniser un système pourtant nocif pour eux, ce qui ancre la négation de tout changement réel comparable aux dates symboliques citées plus haut. Et ce jusqu’à la prochaine explosion qui peut être très violente si elle tarde, ou pacifique mais très vigilante si elle se produit massivement par exemple lors de l’élection présidentielle de 2017.
Pourquoi cette fois-ci une élection produirait des effets positifs immédiats, en profondeur et sur le moyen et long terme ? Parce que aujourd’hui il nous est donné la possibilité d’ouvrir une route qui permet de contourner les obstacles institutionnels de façon démocratique et avec l’implication populaire par la convocation d’une Assemblée Constituante pour écrire une nouvelle Constitution dont l’une des mesures phares sera le référendum révocatoire, porte étendard de cette vigilance populaire accrue et permanente. Parce que aujourd’hui il nous est donné la possibilité, de sortir des traités européens au cas où notre volonté de les réviser de fond en comble en faveur des peuples serait rejetée par nos partenaires. Parce que aujourd’hui il nous est donné la possibilité de mettre en œuvre des choix fondamentaux visant la sauvegarde de notre écosystème, pierre angulaire dans la défense de l’intérêt général humain (nouvelles sources d’énergie, nouveaux process de production, nouvelle agriculture et les centaines de milliers d’emplois qui vont avec).
Ces possibilités, ces espoirs, cette vision, UN SEUL PROGRAMME les propose, c’est le programme de la France Insoumise, « L’Avenir en commun », porté par Jean-Luc MELENCHON.
L’épilogue de cet article me permet de revenir, au travers d’un exemple d’actualité, sur ces institutions tellement faites pour la caste et le système et qui renvoient au contexte de l’Ancien Régime d’avant 1789. Notre soit disant démocratie a accouché en 1993 d’une juridiction d’exception appelée Cour de Justice de la République (CJR). Déjà quand on parle d’exception il me parait évident qu’on s’éloigne du concept de démocratie, mais quand on sait que cette Cour a été instituée pour juger les méfaits des responsables politiques et notamment les ministres, un gros doute s’installe et devient rapidement persistant. Et pour cause : jamais cette Cour n’a condamné ses justiciables à une peine quelconque. Il faut dire qu’elle est « exceptionnellement » composée d’élus (6 députés et 6 sénateurs) et de 3 magistrats du siège. Qu'est devenue le principe intangible de la séparation des pouvoirs ? François Hollande s’était engagé à supprimer cette Cour d’exception et comme beaucoup de ses promesses, il n’a pas tenu celle-là. Ainsi après l’affaire du sang contaminé pour laquelle cette Cour a été créée et dont les justiciables ministres sont passés au travers de toute sanction, Mme Christine LAGARDE, qui a été à l’origine, par ses décisions ineptes et opposées à tous les conseils qui lui avaient été prodigués, d’une forme de détournement de fond de 400 millions d’euros d’argent public (nos impôts) vers un portefeuille privé (celui de Mr TAPIE), n’a écopé d’aucune peine. Seule a été retenue une « négligence » (notez l’élégance aristocratique du terme) qui ne sera même pas inscrite à son casier judiciaire. Pendant ce temps un SDF qui vole un paquet de pâtes écope de deux mois de prison ferme, une caissière est licenciée pour une erreur de caisse de 5,35 € ! (voir les montages frappant ci-dessous) Nous avons vraiment emprunté la machine à remonter le temps. Le célèbre fabuliste Jean de La Fontaine qui à travers ses textes a aussi largement contribué à l’émergence des idées nouvelles pourrait, avec cet exemple qui n’est pas isolé, écrire de nouveau « Les animaux malades de la peste » avec ces célèbres vers :
Selon que vous serez puissants ou misérables
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir
La plus pitoyable des drôleries c’est que VALLS, après avoir promis de supprimer le 49-3,😠 vient de promettre la suppression de la Cour de Justice de la République😠. Mais que ces gens-là disparaissent à jamais du paysage politique ! Seule la nouvelle Constitution de la 6ème République supprimera les cours d’exception.🙂