Cette analyse n’appartient qu’à moi et n’engage en rien ni notre candidat ni le mouvement France Insoumise qui d’ailleurs va s’exprimer par vote sur le positionnement collectif à tenir pour le second tour.
Tout d’abord je tiens à manifester, même si elle est teintée de déception, une grande satisfaction pour le score historique de Jean-Luc Mélenchon (19,5%) soit +8% par rapport à 2012. Il crée un socle indélébile et incontournable pour reconstruire l’avenir.
Ensuite il est clair, et c’est paradoxal eu égard à l’absence de JLM au second tour, que notre candidat a eu, comme sur tant d’autres points, l’analyse juste et de haute tenue sur l’effondrement du PS d’une part et sur l’élimination de la droite du second tour d’autre part qui va ouvrir en son sein une déchirure meurtrière. A noter, que ce soir, une colère sourde et profonde m’habite de constater que le maintien de B Hamon (6%) empêche JL Mélenchon d’accéder au second tour. C’est une responsabilité historique à jamais impardonnable de la part de ce candidat qui aurait dû, en réponse aux multiples trahisons venues de son propre camp, se retirer en faveur de la France Insoumise. Il ne l’a pas fait et j’affirme que ce refus (et ses conséquences) étaient voulues car au fond, sous ses airs de mec sympa, honnête et humain, il a été commandé par son parti, et avec son assentiment, pour bloquer JL Mélenchon. Il est donc en réalité le contraire de cette description positive. Il a pris par conséquent la responsabilité de la présence de Marine Le Pen au second tour, ce FN si utile au PS, à la droite et pour tout dire aux ultralibéraux qui s’en servent et s’en serviront encore comme épouvantail.
Nous sommes donc à la veille d’un second tour qui verra s’affronter Macron et Le Pen. Cette dernière prône la haine, la discrimination, l’affrontement entre français et c’est pour cette raison qu’elle est très utile aux libéraux de « gauche » et de droite. Il est clair qu’indépendamment de cet aspect de stratégie de voyous, il est hors de question de voter pour elle.
Est-ce que pour autant il faut voter Macron : pour moi il n’en n’est pas question. Pourquoi, au-delà des stupidités à faire peur disant que s’abstenir c’est faire le jeu de Le Pen ?
Macron est le représentant, que dis-je la marionnette de la finance et du CAC40, continuateur de la politique de Hollande, initiateur de la loi qui porte son nom et de celle devenue loi El Khomri, l’annonciateur de la fin de notre système de retraite par répartition, oublieux de la transition énergétique, le destructeur des protections sociales et avantages des salariés. NON, décidément NON, en tant que syndicaliste, je ne peux pas voter pour ce type, ce serait trahir 25 ans de lutte et d’investissement syndical. Car n’en doutez pas, s’il ne représente que 23% voire 42% si on ajoute les voix de Fillon (et encore pas sûr qu’elles y soient toutes), il considèrera, comme l’avait fait Chirac en 2002, que 65% (chiffre des sondages) des français approuvent sa politique. Il ne considèrera pas que ce vote massif aura été mu par un mouvement anti FN.
Il a été significatif de voir combien d’un côté, ce qui est la caractéristique des partis en décomposition, la promptitude des dirigeants PS et LR d’appeler à voter Macron au second tour sans aucune consultation de leur base, et de notre côté la volonté démocratique s’inscrivant dans le respect des citoyens de consulter les 450 000 adhérents du mouvement France Insoumise pour déterminer la position à tenir, sachant que chacun reste libre de sa décision comme je le suis moi-même.
Sachez que cette sorte de « front républicain » anti FN est porteur d’un ciel obscur car y vont se multiplier les noirs corbeaux. En effet, cette pratique va donner raison à l’argumentation FN « UMPS » devenue « LRPS » mais il y a beaucoup plus grave. Quand les libéraux vous disent qu’en agissant ainsi on fait barrage au FN, c’est une vraie duperie car leur politique qui va aller s’aggravant permettra au contraire au FN de poursuivre son ascension.
Aujourd’hui un élément qui n’existait pas jusque-là peut permettre de bloquer cette spirale : c’est l’existence d’un mouvement alternatif à gauche porté par JL Mélenchon à condition que ce mouvement ne sombre pas dans le piège « front républicain » qui permettrait au FN de parler alors de bande « LRPSFI ». Laissons à chacun le soin de prendre individuellement sa décision, ne commettons pas, en tant que mouvement politique, l’erreur d’un amalgame mortifère alors qu’on vient de marquer l’étape qui permettra de s’en sortir.