Depuis que LFI organise des rassemblements réussis de masse notamment à Paris, c’est la première fois que j’ai pu m’y rendre. Quelle chance et quel plaisir car ce rassemblement du 23 septembre 2017 fut le plus important en nombre de participants, un signifiant qui ne trompe pas. Plus les attaques contre la République sociale se font dures et profondes plus la riposte amplifie à devenir de plus en plus historique. Une agora d’autant plus significative qu’il s’agit d’un rassemblement politique citoyen et donc d’une riposte de même nature réunifiant par là-même toutes les catégories, toutes les générations, bref le peuple ! Et le gouvernement et ses sbires chiens de garde médiatiques ne s’y trompent pas ; ils ont bien évalué le danger si on se réfère aux attaques innommables et permanentes, généralement ad hominem à l’encontre de JLM depuis l’élection présidentielle. Le soir même de la manifestation du 23/09/17 les attaques ont été relancées avec une violence inouïe et comme souvent sur la base de polémiques sans objet. Les grands médias et leurs têtes de gondole étant totalement déconsidérés voire exécrés par la population à cause de leur esprit partisan extrémiste et le gouvernement ne disposant d’aucune base politico-sociale l’ayant mandaté pour cette œuvre de destruction sociale, toutes ces viles attaques, trafiquées et mensongères ne font que renforcer LFI et son porte-parole. Même si leurs méthodes sont à l’évidence contre productives cela n’empêche pas d’apporter quelques précisions informatives et analytiques personnelles au risque d’en choquer certains.
OUI, il y a bien eu 150 000 personnes de la Bastille à République. Ce qui est « étonnant » c’est qu’une « source policière » (laquelle ?, celle proche du FN ou de Macron ?) reprise par la préfecture émette le chiffre de 30 000 dont le ridicule profond et le lâche anonymat n’interpellent pas les assidus diffuseurs en boucle alors qu’eux-mêmes ont sans cesse diffusé pendant la campagne électorale que seuls les défilés syndicaux étaient comptabilisés par la police, jamais les rassemblements politiques. Leur chiffrage les ridiculisent d’autant plus que les médias se sont toujours complus, par souci d’objectivité de supermarché et par mollesse neuronale, à dire que « la vérité est probablement entre les deux ». Alors même 90 000 ça n’aurait pas été si mal !
NON, JLM n’a pas comparé le gouvernement aux nazis. Les coupes, les montages et les commentaires malveillants associés ne pourront pas faire d’un mensonge une vérité, même si les éditocrates ou certains représentants syndicaux tentent de décortiquer ses propos pour le salir ou démontrer l’indémontrable, je pense notamment à MAILLY dont l’étiquette PS le disqualifie d’avance.
JLM n’a fait qu’énumérer des faits de toutes natures qui ont vu « la rue » obtenir des résultats positifs, la rue qui ne signifie pas exclusivement « manifestations » au regard de l’Histoire mais aussi « combats ».
Alors OUI, parmi ces faits, il y a eu la libération de Paris du joug nazi en partie par les parisiens eux-mêmes qui avaient largement commencé le travail avant l’arrivée des troupes issues du débarquement de Normandie, et ce à l’appel de ROL TANGUY, commandant des résistants FFI de la capitale. (On notera également que la libération de Marseille a débuté avec 20 000 marseillais dans les rues). Est-ce que rappeler ce fait, étrangement dénié par les politiciens du PS au FN ainsi que par quelques chiens de garde (seraient-ils tous devenus négationnistes ?), signifie qu’arriver à faire basculer le gouvernement c’est faire tomber des nazis ? NON bien évidemment.
OUI, toutes les avancées sociales décisives évoquées, ont été obtenues par « la rue » et à son initiative, faute d’une impulsion « institutionnelle » ou d’appareil suffisante et décidée. C’est là que mon analyse va en perturber plus d’un. Le discours de JLM a été très offensif et en même temps très unitaire mais sur la seule base claire qui vaille, à savoir : devant les attaques historiques et les enjeux de société qui en découlent non seulement il faut que le mouvement soit global c’est-à-dire social au sens syndical ET politique mais encore que ce mouvement soit déterminé et sans faiblesse et donc préparé jusqu’à la victoire face au grand basculement que l’oligarchie libérale veut imposer Or, bien que j’approuve à 100% un tel appel, je crains malheureusement que les appareils syndicaux soient très réticents voire frontalement opposés non pas à cause du fallacieux prétexte de l’indépendance syndicale par rapport au politique, non pas à cause du fallacieux prétexte du risque de mainmise d’un homme providentiel sur le mouvement et surtout sur la future alternative, mais tout simplement parce que historiquement ces appareils politiques ou syndicaux ont été soient trop frileux soit carrément opposés à une telle modalité d’action pour des raisons purement tacticiennes par crainte de perdre leur positionnement incontournable et leur mainmise sur les masses. Ils continuent aujourd’hui à se cramponner à cette vieille idée : l’extrême frilosité de MARTINEZ depuis quelques semaines qui semble se traduire par un non poli à la proposition de JLM lors du meeting, l’opposition historique de la direction du PCF qui ne parait pas devoir évoluer favorablement sont autant de freins à l’élan gigantesque qu’exige la situation. Je ne peux éviter d’évoquer également le positionnement confédéral de FO au travers des propos de JC MAILLY qui s’est appliqué sur LCI à participer au lynchage du discours de JLM du 23 septembre.(1) Cette organisation est d’ailleurs marquée par un comportement dichotomique : un discours prônant souvent la grève générale tout en freinant des quatre fers pour qu’elle n’ait pas lieu, ce qui lui est très facile étant donné le peu d’influence qu’exerce ce syndicat sur les salariés. Il faut dire aussi que l’amitié qui lie MAILLY à PENICAUD ou la nomination d’un cadre FO comme expert dans un ministère ne sont sans doute pas étrangers à la béatitude du dirigeant syndical.
Je rappelle pour mémoire que la grève générale de 1936 comme celle de 1968 (où les étudiants ont joué le rôle moteur) ont pu avoir lieu parce qu’elles avaient été décidées par les salariés eux-mêmes face à la méfiance des appareils qui se sont contentés d’accompagner le mouvement placés qu’ils étaient devant le fait accompli et en reprenant des revendications venant de cette base et auxquelles ils n’avaient même pas osé penser comme les congés payés en 1936 ! !
STOP aux mouvements catégoriels ou corporatistes et donc parcellaires qui participent pour leur part au recul social généralisé.
Si ce mouvement social vaste et puissant venait à être grippé par les scories du vieux monde, les français vont en être conscients et y remédier même si le développement peut en être ralenti.
Contrairement aux décennies passées et à une situation encore récente il existe aujourd’hui un mouvement politique en développement puissant, La France Insoumise, qui est ouvert au peuple qui est en train de comprendre que seul un mouvement d’ensemble et au même moment peut éviter le désastre social annoncé en terme de société, ce désastre global allant bien au-delà des corporatismes.
Contrairement aux décennies passées et à une situation encore récente, ce mouvement politique, La France Insoumise, ouvre une perspective par l’alternative réelle et profonde qu’elle constitue, évitant aux citoyens de sombrer dans l’indifférence désespérante ou de se noyer dans le lisier suffocant du FN, deux atouts politiciens que les libéraux de « gôche » et de droite ont promus sans vergogne et dont ils ont usé et abusé afin d’asseoir sans risque majeur leur politique. La clownerie du débat de l’entre-deux tours en est le marqueur visuel évident.
OUI ainsi, dans le champ de l’humanisme et du progrès social abîmé, saccagé, abandonné et assombri par la politique crépusculaire de la social-démocratie, une lumière s’est éclairé, un feu de cheminée s’est rallumé.
Alors les gens, VENEZ !
(1) Quand MAILLY dit qu’au contraire « c’est la rue qui a porté les nazis au pouvoir », le caractère factuel de cette phrase émise hors de tout contexte analytique, devient pour le coup manipulatoire et c’est le but de tout bon PS qui se respecte. Si « la rue » a amené les nazis au pouvoir en Allemagne en 1933, c’est à cause d’un contexte politique allemand et international couplé à une politique économique aux conséquences catastrophiques. L’anticommunisme viscéral auquel a largement participé une partie de la social-démocratie allemande et la mainmise de l’oligarchie financière et des grandes familles traditionnelles sur les institutions de la république de Weimar, ont empêché l’autre alternative à l’issue tragique qui allait advenir.
MAILLY ferait mieux de réfléchir au fait suivant : partout où il n’y a pas d’alternative à la social-démocratie discréditée ou si cette alternative est trop faible, c’est l’extrême droite qui emporte la mise, hier comme aujourd’hui. Regardons les pays du Nord, l’Allemagne notamment qui voit les nazis réinvestir le Parlement suite aux législatives du 24/09/17. L’alternative de gauche Die Linke n’est pas assez forte ni attractive notamment parce qu’elle fonctionne à « l’ancienne ». Ceci dit elle a quand même fait 9%. Il n’empêche que le SPD porte une lourde responsabilité dans la situation politique allemande actuelle. C’est lui qui a haché menu les conquis sociaux des allemands, c’est lui qui a mené seul d’abord puis en coalition avec Merkel, une politique sociale désastreuse, c’est lui qui a ainsi provoqué une scission en son sein qui a vu la naissance de Die Linke, c’est lui qui a refusé toute alliance avec Die Linke parce qu’il ne veut pas revenir sur des bases de gauche (ils feraient aujourd’hui jeu égal avec Merkel !!).
MAILLY et les autres devraient se réjouir du fait qu’en France, enfin, une vraie alternative humaniste et sociale crédible et en dynamique, existe.
C’est elle qui porte aujourd’hui l’espoir, c’est elle qui a commencé à grignoter sérieusement sur l’électorat FN « fâché mais pas facho », c’est elle qui enraye le super scénario a vitam aeternam des libéraux et de tous les calculateurs politiciens. C’est La France Insoumise.