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Billet de blog 27 avril 2017

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LES CHIENS DE GARDE LIBERAUX ENRAGES

Article destiné, notamment, à Mr Edwy PLENEL

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis le 23 avril 20h la France est un paquebot en pleine tempête. Les citoyens français (je parle bien des citoyens et non des faiseurs d’opinion, journaleux ou commentateurs défenseurs du système, ou des politiciens véreux qui ne raisonnent toujours qu’en fonction de leurs places qu’ils risquent de perdre ou de celles qu’ils comptent gagner), se retrouvent objectivement devant un non choix. D’après un sondage de ces dernières heures 60% des français ne sont pas satisfaits des têtes d’affiche pour ce second tour. Bien sûr c’était à eux d’être assez clairvoyants pour pousser plus loin leur volonté de changement en donnant à Mélenchon les 600 000 voix qui lui ont manqué pour être au second tour. En même temps, pour la majorité d’entre eux qui n’est pas rompue à la compréhension politique et qui peut encore croire que les importants et les médias diffusent des informations justes et objectives, le déluge de saloperies diverses et variées (voire avariées) qui ont été déversées sur le candidat de la France Insoumise, y compris par les politiciens adversaires mais supposés proches, a probablement ralenti cette formidable dynamique de JLM. A tel point que le FN, contre lequel les mêmes, devenus enragés sur la question, veulent faire aujourd’hui barrage ( ! ! ), a été largement épargné sur la dernière ligne droite, même Hollande, président de la République, s’est plus acharné sur Mélenchon que sur Le Pen. Par ailleurs, Hamon et le PS, par leur maintien assumé ont permis sciemment de finaliser cette stratégie consistant à préférer Le Pen à Mélenchon afin de pouvoir continuer à utiliser le parti frontiste comme épouvantail pour que Macron l’ultralibéral soit largement élu sur une base faussement républicaine, mais réellement de grande coalition, le rêve allemand des financiers et de leurs représentants politiques en France.

Au milieu de cette tempête dont nous ne voyons pour l’instant que les prémices, le navire France va sans doute être piloté par un capitaine qui va confondre les phares salvateurs du renouveau démocratique, d’une plus équitable répartition des richesses et de la transition écologique  avec la brillance d’or et d’argent des récifs boursiers et financiers sur lesquels nous allons tous nous fracasser. Et le naufrage aura lieu.

La gravité de la situation aurait nécessité une implication citoyenne continue avec un vrai capitaine, qui ne soit ni de pédalo ni du CAC40. Les français ont laissé filer le seul projet qui nous aurait sorti de l’ornière par le haut, avec une vraie vision sur le temps long, ils n’ont pas pris la bonne route, ils n’ont pas su utiliser le bon sextant. Dont acte.

Aujourd’hui les diseurs d’opinion, les médias chiens de garde, les politicards de bas étages, les vieux débris dégagés qui n’ont pas encore réalisé que leur monde venait de s’écrouler, s’acharnent sur JLM car il ne dit pas « j’appelle à voter Macron ». En laissant entendre que JLM favorise ainsi Le PEN, ces gens-là font à la fois preuve d’indécence et pour le coup de naufrage intellectuel. Pour ce qui me concerne il aurait dit ce que les girouettes exigent de lui, j’aurais été outré pour plusieurs raisons : pour moi voter Macron, ç’aurait été renier 25 ans de syndicalisme et de combat pour le progrès social, ç’aurait été se maintenir dans l’ancien monde qui fonctionnait par consignes et que les gens rejettent vivement et donc renier l’esprit démocratique du mouvement France Insoumise qui doit s’exprimer, ç’aurait été donner un blanc-seing à ce banquier aventurier qui réclament nos voix mais qui va détruire notre pacte social par ordonnances. Alors, la rue ouais humm !.. à voir.

Tous ces gens donneurs de leçons, ces politiciens soutenus par leurs médias, et qui tentent piètrement de vouloir par avance faire porter à Mélenchon le chapeau d’une éventuelle mais improbable victoire de Le Pen, qu’ont-ils fait ou dit :

-en mettant en œuvre les politiques économiques et sociales que l’on sait et en singeant le FN sur ses propres thèmes, ils ont favorisé l’ascension de ce parti

-en maintenant sa candidature, B Hamon et le PS ont, eux, favorisé le FN en le faisant accéder au second tour, empêchant JLM d’obtenir à minima les 600 000 voix qui lui manquaient, cette attitude n’étant pas fortuite mais construite et calculée

-ils ont à l’origine (1983/1984), notamment au PS, aidé au développement du FN alors embryonnaire, dans le but de plomber la droite, le seul au sein de ce parti ayant proposé la dissolution de cette officine ayant été JL Mélenchon, non suivi bien sûr

-ils ont, notamment l’appareil PS et toujours les médias, littéralement agressé voire insulté Mélenchon quand en 2012 pour les législatives, il est allé affronter Le Pen à Hénin-Beaumont, dans un secteur où le PS local avait déjà atteint un profond degré de putréfaction et de corruption, et c’est pourtant ce PS-là qui a été soutenu par le national. Résultat : quelques temps après le FN s’emparera de la ville aux municipales !

-après la présidentielle de 2012, quand Mélenchon reprenait le combat qui devait le mener au succès de 2017 avec près de 20%, ils n’ont eu de cesse de tenter (en vain) de le déstabiliser au regard de ses fortes critiques justifiées du quinquennat hollandais, en lui faisant remarquer qu’il avait appelé à voter Hollande au second tour. Alors si JLM appelait à voter Macron, et sachant déjà les effets dévastateurs du quinquennat macroniste, que diraient-elles alors ces pauvres marionnettes ?

-ils rappellent sans cesse, images à l’appui, la déclaration de Mélenchon en 2002, sur la nécessité de voter Chirac pour faire barrage à Le Pen père. Quand on voit ce que cela a donné à court et long terme je suis encore fier de moi d’avoir à l’époque voté blanc. Aucune analyse de la part de ces nullités, ânonnant la bouillie qu’on leur demande de servir. JLM était encore au PS, c’était le fonctionnement d’avant, les consignes tombaient comme s’il en pleuvait pour un front républicain soit disant salvateur, et même si les plus lucides savaient que le problème n’était pas réglé, on repartait comme avant. Et le FN ? Il a continué son ascension. Oui le pseudo front républicain a favorisé la poussée du FN. D’ailleurs l’utilisation de ces anciennes déclarations devenues totalement hors sol télescope profondément la société d’aujourd’hui et met leurs manipulateurs en totale déstabilisation : en 2002 des centaines de milliers de citoyens descendaient dans la rue pour manifester contre Jean-Marie Le Pen, en 2017 tout au plus quelques centaines de personnes à peine font la même chose. Ne pourrait-on pas réfléchir et analyser la situation calmement plutôt que d’hystériser inutilement le débat en s’acharnant sur un homme qui ne le mérite pas, sur celui qui est en réalité le héros de cette présidentielle ?

Donc si Le Pen venait à gagner ce ne sera pas à cause de JLM qui refuse d’appeler à voter Macron, ce sera à cause de ceux qui, après lui avoir servi la soupe avec leur politique, lui ont permis d’accéder au second tour par un maintien suicidaire.

En aucun cas voter Macron ne fait barrage au FN. Dans l’instant ça peut l’empêcher d’accéder au pouvoir (mais avec une amplitude beaucoup moindre qu’avant), en fin de quinquennat il sera prêt à triompher, car la politique de Macron lui aura apporté le triomphe sur un plateau. Par contre il faut bien objectivement et de manière factuelle constater que c’est JL Mélenchon qui, lors de cette présidentielle a pris aussi et substantiellement des voix au FN (un exemple local mais qui se répète ailleurs : les quartiers Nord de Marseille, 14ème, 15ème et 16ème arrondissement, trustés jusqu’à présent par le FN qui détient la mairie de secteur, JL Mélenchon est arrivé largement en tête devant Marine Le Pen). Il est aujourd’hui le seul, gauche et droite confondues, en mesure de réduire le FN en mordant largement sur les classes populaires et les jeunes. Il doit donc préserver l’unité du mouvement France Insoumise pour constituer une force incontournable lors des législatives. Dire de sa bouche « votez Macron », à côté des raisons développées plus haut, c’est à coup sûr de nouveau favoriser Le Pen qui ne manquerait pas de faire une campagne sur la bande des 4 (PS-LR-EM-FI) : une faute monumentale (pour nous) à ne pas commettre, une volonté d’atteindre cet objectif pour les autres qui leur permettrait de conserver leur épouvantail et de nous noyer avec eux afin que nous ne constituions plus cette alternative à gauche qui soulève tant d’espoir et met à mal leur objectif de grande coalition ultralibérale de tous les reculs sociaux, ce que j’ai appelé le grand basculement. Nous devons tout faire et tout anticiper pour, le moment venu, être cette force qui empêchera Le Pen de triompher, en face à face, pendant que la bande des 3 se sera lamentablement liquéfiée dans le chaudron de l’ultralibéralisme.

PS : les institutions anti démocratiques de la Vème République ne laissent pas d’autres possibilités que de proposer en finale deux candidats.

S’il est donc hors de question pour moi de voter Macron, il est tout aussi impensable de voter Le Pen qui reste le parti de la haine et de la discrimination.

Pour ce second tour je m’abstiendrai donc, c’est ce que j’ai voté sur la plateforme de la France Insoumise. D’autres pourront choisir le vote blanc ou nul. Le vote Macron est inscrit dans les choix possibles (je viens de montrer pourquoi je ne choisis pas cette option). L’option « vote Le Pen » n’a pas été retenue à  juste titre.  

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