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Billet de blog 28 janvier 2017

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HAMON l’autre appui de la stratégie PS : et si leurs déchirements étaient du pipeau !

Pourquoi, malgré les apparences « gauchies » du discours du probable vainqueur de cette primaire, le rassemblement de toute la gauche sur un seul candidat me parait tout à fait illusoire, tout à fait superficiel et pour tout dire politico-éthiquement impossible. Sauf si l’impétrant HAMON devait avoir soudain un éclair de sincère lucidité.

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Voilà, ceux qui ont voté (ou vont le faire au second tour) à la primaire du PS vont choisir, semble-t-il, Benoit Hamon comme candidat à la présidentielle.

Pourquoi, malgré les apparences « gauchies » du discours du probable vainqueur de cette primaire, le rassemblement de toute la gauche sur un seul candidat me parait tout à fait illusoire, tout à fait superficiel et pour tout dire politico-éthiquement impossible. D’autant que cet aspect éthique tient une place importante dans l’esprit des français. Cette analyse éclaire différents contours qui, tous, convergent vers cette impossibilité objective, sauf si l’impétrant HAMON devait avoir un éclair de sincère lucidité.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de mettre définitivement un terme à l’argutie selon laquelle Hamon émet des propositions très proches de celles de JL Mélenchon et qu’une alliance, une entente entre les deux hommes politiques serait donc évidente. Une démarche purement stratégique vaillamment soutenue par les médias qui rapportent en boucle les propos de HAMON lors du dernier débat selon lesquels il se sent proche de Mélenchon!  (sous-entendu, si ce dernier refuse le rassemblement imposé il ne pourra être que celui qui aura fait échouer la gauche !). Tout d’abord il m’est apparu très interpellant d’entendre des propositions semblant sorties tout droit du programme « L’Avenir en commun » et qui donnent effectivement cette impression de proximité, notamment sur l’environnement et la transition écologique. Une sorte de copier-coller. Mais apparemment HAMON serait un habitué du plagiat, sauf que cette appropriation d’éléments picorés de ci de là, à défaut de proximité, donne surtout un air d’approximation. Et c’est là toute la différence face au programme de la France Insoumise, structuré, cohérent, où chaque étape s’imbrique et s’enchaine dans une logique imparable autour d’un triptyque fondamental et fondateur (6ème République avec Assemblée Constituante, refondation sociale avec un autre partage des richesses, transition écologique), programme issu d’un énorme travail collectif et citoyen de plus d’un an. Pourquoi un programme constitué à partir de milliers de propositions citoyennes devrait être chamboulé par un arrangement entre états-majors, ce que les français disent exécrer dans toutes les enquêtes d’opinion ?

Ensuite de nombreux points qui paraissent identiques sont en réalité très éloignés : pour la 6ème République HAMON ne veut pas d’Assemblée Constituante et refuse donc l’appropriation de l’écriture du texte fondamental par le peuple (on retombe ainsi dans le travers originel de la 5è République), l’implication citoyenne par un « 49-3 » citoyen passe par une telle usine à gaz qu’il y a peu de chance que l’action aboutisse et il refuse une de nos propositions phares, le référendum révocatoire qui est pourtant plus direct et plus efficace en terme de contrôle des élus, s’il affiche une volonté de refonder l’Europe, il refuse d’envisager la possibilité de sortir des traités qui bloquent toute évolution positive et de ce fait pratique le mensonge quant à la réalisation de certaines de ses propositions qui pour être applicables obligent à cette sortie des traités etc.

Pourquoi alors cette stratégie insistante ? Les apparatchiks du PS ont décidé, comme je l’ai déjà expliqué dans des articles précédents, de poursuivre leur évolution vers le libéralisme. Sachant que tout était perdu pour eux il fallait sauver, prioritairement aux hommes, cette option libérale qui pourrait aller jusqu’à une « grande coalition » « gauche »/droite. Pour espérer réaliser cette mue complète ils devaient agir sur deux fronts. Sur le front droit ils ont missionné le soldat MACRON tel un commando hors des lignes, naguère et chronologiquement banquier chez Rothschild, conseiller de Hollande à l’Elysée, ministre de l’Economie, et donc totalement comptable du quinquennat, pouvant récupérer des soutiens et des voix de gauche libérale et de droite avec un label hypocrite « ni gauche ni droite ». Mais ce ne serait pas suffisant. Il fallait aussi agir sur le front gauche en tentant de réduire un mouvement en forte dynamique et bien ancré à gauche, celui de JL MELENCHON. Là aussi les stratèges ont phosphoré : HOLLANDE se retire car il n’était pas possible ni supportable pour lui-même et le PS que le président sortant se prenne une tannée. VALLS, grand ordonnateur du quinquennat hollandais, prend donc sa place pour le sacrifice afin d’assumer en bon soldat la défaite annoncée à la primaire et laisser un représentant de la « gauche » socialiste prendre l’avantage tout aussi assuré. Ainsi nous voilà rendu au point d’ouverture de la fenêtre de tir tant espéré par le PS qui pense donc reprendre des intentions de vote à MELENCHON pour empêcher accessoirement ce dernier d’arriver devant le PS mais surtout de l’empêcher d’accéder au second tour afin que MACRON ait toutes ses chances pour le duel final. Cette stratégie a aussi pour but de sauver un PS aujourd’hui en voie de disparition.

Aux yeux du citoyen lambda cette stratégie peut apparaitre embuée et contradictoire avec les propos de HAMON aussi bien sur les propositions qu’il porte que sur ses affinités déclarées lors du dernier débat. Sauf qu’après ce débat, à Thomas LEGRAND, journaliste sur France Inter qui lui posait la question de savoir avec qui de MACRON ou MELENCHON il pourrait le plus facilement gouverner, il répond « Pas avec Mélenchon », et ce quelques minutes après son intervention sur sa proximité avec MELENCHON ! !  Cette sournoiserie ne pose-t-elle pas un problème politico-éthique en soi mais également au regard des électeurs de la primaire qui croient en Benoit (H)AMON ? Peut-être un hasard, mais savez-vous que signifiait le nom du dieu égyptien AMON : le « caché », l’« inconnaissable », traduisant l’impossibilité de connaitre sa « vraie » forme et sa vraie nature ! !, Compatible donc : souvenons-nous que HAMON a œuvré pour appuyer la nomination de VALLS à Matignon, qu’il a été au mieux muet sur les textes les plus libéraux du quinquennat, qu’il a voté le CICE comme tous les socialistes, qu’il a activement participé au quinquennat et en assume donc une part du bilan, qu’il a eu, pendant la « fronde », encore moins de courage politique que les frondeurs qui ont un peu gesticulé devant les caméras.

Concernant cette stratégie souterraine pour bloquer à gauche, Benoit HAMON est un récidiviste puisque déjà en 2012 il avait proposé de contrecarrer MELENCHON par la mise en avant de la gauche du PS en sa personne. (Interview accordée au Figaro).

Voir l'article du Figaro dans sa totalité

Le débat entre HAMON et VALLS n’a-t-il donc montré qu’une confrontation de façade ? Personnellement je pense que oui.

Regardez : contrairement aux règles et engagements pris dans le cadre de la primaire qui devaient se traduire par de francs désistements réciproques et une implication active du et des battus dans le soutien au vainqueur, nous voyons VALLS employer le terme « d’effacement » devant HAMON si ce dernier l’emporte. En même temps nous constatons que HAMON affirme publiquement qu’il soutiendra VALLS si celui-ci l’emporte. Cette incohérence qui nous est donnée de voir en premier plan ne fait que confirmer l’analyse que je porte sur la stratégie du PS. L’effacement de VALLS, qui a redit qu’il ne pouvait faire campagne pour les propositions de son concurrent, ouvre la porte à une hémorragie de ses soutiens (élus, personnalités) vers MACRON qui est effective depuis 24 heures, ce qui théoriquement devrait impliquer également un transfert significatif d’électeurs vers ce dernier. Ainsi HAMON apparait aux yeux de ceux qui vont voter dimanche 29 janvier et plus largement à la présidentielle comme le vrai représentant de gauche au sein du PS pouvant ramener à lui un nombre décisif d’électeurs initialement tournés vers MELENCHON, laissant ainsi un boulevard au social-libéralisme macronien. Et HAMON est bien évidemment complice de cela puisque, rappelons-le, il s’est engagé à soutenir VALLS s’il était battu, c’est-à-dire à appuyer un programme peu différent de celui du quinquennat, peu différent de celui de MACRON, ce qui remet en lumière à la fois l’ineptie de ces primaires et l’insincérité des convictions de HAMON en l’occurrence. Puisque Manuel le libéral s’affranchit des règles de cette primaire pourquoi HAMON ne ferait-il pas de même s’il était profondément sincère (on a vu plus haut que ce n’était pas sa plus grande qualité) dans ses convictions même si l’hypothèse où il est battu est peu probable ? Je pense en réalité que s’il est candidat PS à la présidentielle et que la stratégie du parti moribond fonctionne, HAMON appellera par le vote à se rassembler derrière la bannière MACRON pour le second tour, sans état d’âme.

Mais je suis persuadé que cette stratégie PS échouera car les citoyens auront à cœur de ne pas se faire berner encore une fois et que pour eux le vote nécessaire est bien le vote MELENCHON dès le premier tour afin de revoter pour lui au second tour. Et là se vérifiera ou pas la sincérité des convictions affichées par HAMON. Avec des sondages qui le laisseraient durablement au fond du trou, Benoit HAMON aura deux options : soit se maintenir jusqu’au bout sans avoir pu siphonner les voix de la France Insoumise qui sera, par sa propre mobilisation, créditée de scores élevés dans les sondages mais tout de même priver MELENCHON de quelques points pour accéder au second tour (et on se retrouve dans l’hypothèse ci-dessus qui vérifiera l’insincérité du personnage), soit il prend vraiment toute la mesure de sa situation très critique au regard des enquêtes d’opinion et il se retire en appelant à voter MELENCHON pour être en conformité avec ce qu’il a proposé aux français, et là la gauche a vraiment sa chance. Une troisième option pourrait être prise que je n’ose même pas envisager : celle d’appeler à voter MACRON en se retirant !!!!

Voilà ce dont je voulais vous faire part avant le vote de demain dimanche 29 janvier 2017, sachant que si j’avais un souhait à émettre pour ce second tour ce serait un excellent score de la non-participation car franchement, avec cette primaire, le PS prend les français pour de stupides citoyens.

PS (c’est drôle) : à noter une information intéressante. La compagne de B HAMON est lobbyiste chez LVMH, grande entreprise du luxe. Ce n’est pas une salariée éventuellement cadre supérieur lambda. Etre lobbyiste est un signifiant fort et en l’occurrence très contradictoire avec les options affichées de HAMON. Pour plus d’informations lire cet article.

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