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Billet de blog 17 mars 2020

MAX FRAISIER-ROUX
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Dans la peau de Roger Avary

« Dans la peau de Roger Avary : son dernier film Lucky Day, son incarcération, et son amitié ravivée avec Tarantino » : interview menée par Andrew J. Rausch et publiée initialement dans le magazine en ligne Diabolique https://diaboliquemagazine.com/being-roger-avary-lucky-day-incarceration-and-rekindling-his-friendship-with-tarantino/

MAX FRAISIER-ROUX
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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’histoire de Roger Avary est à jamais liée à celle de Quentin Tarantino, mais Avary vaut pour lui-même, et il a, ça c’est sûr, un talent extraordinaire.

Avary a fait sensation en 1993 avec son premier film Killing Zoe, qu’il a écrit et réalisé. Puis Tarantino, producteur exécutif d’Avary et de Killing Zoe, a fait plus de bruit encore avec Pulp Fiction, que les deux hommes ont co-écrit. Les deux films se sont révélés extrêmement populaires au Festival de Cannes en 1994, Killing Zoe ayant reçu le Prix très spécial et Pulp Fiction la Palme d’Or. Au début de l’année 1995, Avary et Tarantino ont remporté l’Oscar du meilleur scénario original. Peu après, les deux amis et collaborateurs se sont brouillés et ont évolué séparément.

Tandis que Tarantino continuait à faire des films violents (dans plusieurs genres différents), Avary cherchait, lui, à en faire diverses sortes de manière à ne pas finir catalogué. En 2002, il a écrit et dirigé un adaptation magistrale du roman de Brett Easton Ellis, Les lois de l’attraction. Bien que le film ait sous-performé au box-office et ait reçu des critiques mitigées, il a fini par acquérir le statut de culte. Le A.V. Club l'a inclus dans sa colonne « New Cult Canon », et Entertainment Weekly l’a ajouté à sa liste des « 50 meilleurs films que vous n’avez jamais vus ».

A la suite des Lois de l’attraction, Avary a écrit les scénarios de plusieurs autres longs-métrages, dont Silent Hill (2006) et Beowulf (2007). Puis il a été question qu’il écrive une adaptation du jeu vidéo Castle Wolfenstein. Mais cela ne s’est jamais fait…

L’histoire personnelle d'Avary a pris un virage brusque en 2008 lorsqu’il a été impliqué dans un tragique accident de voiture qui a entraîné la mort d’un passager. Avary a été accusé d’homicide involontaire commis au volant d’un véhicule automobile, et inculpé de deux chefs d’accusation pour avoir causé des lésions corporelles en état d’ébriété. Il a été condamné à un an de prison avec permission de travail (ce qui lui permettait de travailler pendant la journée et de retourner au centre pénitencier la nuit) et à cinq ans de probation. Cependant, il a été réprimandé pour avoir décrit ses conditions de détention sur Twitter. En conséquence, on l'a forcé à finir sa peine dans la prison du comté de Ventura.

À une époque où la culture de l’annulation est omniprésente, Roger Avary aurait pu disparaître à cause de tout cela, et on n'aurait plus jamais entendu parler de lui (du moins à Hollywood). Mais heureusement, ce n’est pas le cas. Contre toute attente, Avary est de retour, apportant deux nouveaux films avec lui. Le premier est le néo-noir excentrique Lucky Day, avec Crispin Glover incarnant - peut-être - le tueur à gages le plus étrange de l’histoire du cinéma. Le deuxième, La voix humaine, est terminé et en attente de sortie (ce-dernier, entièrement en français, est une adaptation de la pièce de Jean Cocteau). A l’occasion de la sortie récente de Lucky Day, je me suis assis pour retrouver Avary. Nous discutons ici de son nouvel opus, fascinant et loufoque, de son incarcération et de son impact sur sa vie, et de ce à quoi ressemble sa relation avec Quentin Tarantino en 2019.

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Luke Bracey dans Lucky Day (2019) © avary.com

Il y a eu une période après votre accident, et l’incarcération qui a suivi, où on ne savait pas si vous alliez travailler à nouveau. Je suis heureux de voir que vous êtes revenu et au travail.

Lorsqu’une telle chose se produit et qu’une bombe atomique explose dans votre vie, soit elle vous met en pièces - si vous le laissez faire - soit vous utilisez la force de l’explosion pour vous propulser vers l’avant.

Y a-t-il des sujets qui dépassent les limites ? Si je vous interroge sur votre relation avec Quentin Tarantino à la fin de cet entretien, ça vous ira ?

Je vis ma vie en toute transparence, alors je n’ai aucun problème à parler de quoi que ce soit.

Nous avons toujours été en bons termes et je suis ici pour promouvoir votre film, donc je voulais juste m’en assurer.

C’est bon. Si vous faites bien votre travail en tant que cinéaste, vos films sont votre vie. Ils vous reflètent ainsi que votre psyché intérieure, ce qui se passe, et comment vous pensez, comment vous vous sentez… Comment vous traitez la réalité. Quand je regarde tous mes cinéastes préférés, je pense que c’est ce qu’ils font à l’intérieur de leur travail. Les deux ne font qu’un.

Quand je vous ai rencontré à Los Angeles en 1999, j’ai rencontré l’un de ces auteurs-ouvriers, Budd Boetticher, le jour suivant. Je travaillais sur mon livre [Fifty Filmmakers : Conversations with Directors from Roger Avary to Steven Zaillian]… Je ne sais pas si vous vous en souvenez.

Bien sûr que je m’en souviens. Mon nom est dans le titre! [Rires]

Ce n’était même pas mon titre. L’éditeur l'a inventé. Mais ça a très bien marché. Nous voici toutes ces années plus tard, et vous venez de sortir Lucky Day et Steve vient d’écrire The Irishman. Vous êtes tous les deux à nouveau concernés.

Mais aujourd’hui je serais totalement baisé parce que ce serait Abrams au début. [Rires] Mais je pense que Zaillian est plutôt en sécurité dans cette position, à la fin du titre.

J’ai cru comprendre que vous avez écrit Lucky Day pendant que vous étiez enfermé. Comment cela s’est-il passé?

À ce moment-là, j’étais à cet endroit qu’ils appellent le « trou », c’est-à-dire un confinement de vingt-trois heures : vous êtes dans votre cellule pendant vingt-trois heures. Ensuite, vous êtes autorisé à sortir dans la salle de jour pendant une heure. Durant cette heure, vous pouvez faire des choses comme prendre une douche, zapper devant la télé avec d’autres personnes, ou vous promener. Passer des coups de fil est une chose très importante à faire. Mais le reste du temps, vous êtes dans votre cellule.

Les lumières étaient allumées vingt-quatre heures par jour. Si vous avez déjà vu Oz, Tom Fontana a tapé dans le mille, en quelque sorte. Il l’a bien compris, du moins en ce qui concerne la direction artistique : vous êtes sur ce pont, et il y a huit cellules de l’autre côté, en haut et en bas. Vous avez plusieurs factions de la mafia mexicaine en-dessous. Vous avez quelques cellules de gars de la Aryan Nations au-dessus. Il y a quelques cellules du Black Mafia Gang. Quelques « ratés », qui ne sont pas liés aux gangs… Ils amassent tout le monde. Donc, c’est une sorte d’environnement tendu. C'est empli de langage ordurier, pour sûr. Il suffit de dire que, chaque semaine environ, au milieu de la nuit, les lumières s’allument soudainement - elles sont toujours allumées la nuit, mais elles sont soudain plus brillantes - et une foule de gardiens se précipite à l’intérieur par la porte. Ils ouvrent les portes de toutes les cellules et sortent tout le monde. Ils vous alignent contre le mur et ils vous font tous vous déshabiller. Donc, vous êtes debout nu avec tous ces différents personnages. Ils prennent tous vos vêtements et ils en distribuent de nouveaux. On portait des costumes bleus avec des tee-shirts, des sous-vêtements et des chaussettes orange.

Pendant qu’ils font ça, les gardiens mettent votre cellule sens dessus dessous et cherchent n’importe quoi. Ils cherchent de l’héroïne. Ils cherchent des téléphones portables. Ils cherchent des couteaux. Ils cherchent du « pruno », qui est du vin de prison. Ils cherchent tout ce qui est de la contrebande. Et dans ma cellule, ils cherchaient tout ce que je pouvais écrire. J’ai appris plus tard qu’on m’avait mis dans cette unité parce que j’étais considéré comme une menace à la sécurité car j’écrivais sur tout ce que j’avais vu. Parce que, vous savez, je suis un écrivain. [Rires] C’est ce que je fais. Donc, j’observe tout et j’écris à ce sujet. Ils entraient et, de manière basique, traversaient votre box, et balançaient tout. Ils soulevaient votre matelas et jetaient vos draps partout. Ils cherchaient n’importe quoi… Vous savez, parfois, il manque une vis dans tel endroit. Ou un stylo, ou je ne sais quoi. Ils le découvrent et ils se disent : « Merde ! Quelqu’un a une arme mortelle ! » Ils mettent alors l’ensemble de l’établissement en confinement et ils commencent à passer en revue tout le monde. Pour trouver une vis.

Ces gardiens sont eux-mêmes soumis à d’intenses pressions, alors vous en êtes, en quelque sorte, le réceptacle final. Ils se rendaient donc dans la cellule et ils la mettaient sens dessus dessous. Ce qu’ils me prenaient, c’était n’importe quelle page que j’écrivais. Si j’écrivais quelque chose, ça disparaissait. Si je me rendais dans la cour, ils prenaient mes pages. Tout ce que j’écrivais. J’ai donc appris après un certain temps que le moyen de contourner ça était de sceller une enveloppe à mon avocat, ce que la loi leur interdit d’ouvrir. Dès que les lumières s’allumaient et que les gardes arrivaient, je scellais l’enveloppe. Toutes les pages que j’avais écrites jusqu’à ce point étaient ensuite envoyées par la poste le lendemain et allaient à ma fille, qui les tapaient ensuite dans leur version finale. Vous êtes incroyablement productif quand vous êtes enfermé pendant vingt-trois heures. C’est un peu le rêve de tout producteur ou directeur de studio concernant un écrivain - de l’enchaîner à une table avec juste un crayon et du papier. [Rires] Vous n’avez même pas d’ordinateur. Il n’y a pas de distraction. J’ai donc été relativement productif. J’ai écrit quatre scénarios et un livre.

Et j’entendais ces dialogues pittoresques de toutes sortes de personnages super hauts en couleur et provenants d’une variété de milieux étranges. [Rires] Une grande partie de tout ça ne faisait que circuler dans l’air et est devenue une partie de l’histoire. Donc j’étais dans cet environnement, et quand vous avez merdé autant que moi - quand vous avez lâché une bombe atomique sur votre vie et celle des autres, et que vous avez créé un désarroi total et des dommages irréversibles - vous devenez (du moins je suis devenu) très existentiel sur tout. Surtout quand vous êtes essentiellement enfermé dans un cube avec une fenêtre donnant sur un autre cube et c’est tout. Vous ne voyez pas d'arbres. Vous ne voyez pas le monde extérieur. De temps en temps, j’ai eu un aperçu du ciel, mais vous êtes exclusivement dans une cage. Une cage en béton. Vous arrivez dans un environnement où, si vous êtes là suffisamment longtemps, vous commencez à intérioriser beaucoup de pensées. Vous allez très, très en profondeur. Il y a beaucoup d'opportunités pour l'auto-réflexion. On commence à se demander ce qui est réel et ce qui ne l’est pas dans l’univers. « Si je ne le vois pas, est-ce quand-même là ? » « Qu’est-ce que la réalité ? »

Ce que j’ai remarqué au sujet de l’incarcération, c’est que ce n’est pas toujours une expérience foncièrement mauvaise. Vous voyez le pire, mais vous voyez aussi le meilleur des gens. Vous êtes témoins d'actes d'une extrême bonté humaine. Ne vous méprenez pas, j’ai vu des gens se faire défoncer la tête. J’ai vu des gens Jeffrey-Epstein-er leur compagnon de cellule. J’ai vu quelqu’un aller dans la cour et ne pas revenir parce qu’il était « un peu trop gay » et qu’il s’est fait exploser le crâne. Vous voyez toutes sortes de comportements sauvages, et vous voyez aussi beaucoup de comportements calculateurs, horribles, diaboliques. Mais vous voyez aussi des gens que vous ne vous attendriez jamais à voir pleurer comme un bébé. Vous voyez les gens au point où ils sont les plus vulnérables. Vous voyez des gens arriver avec rien, au bout de leur vie, après avoir tout détruit, et tout le monde commence à rassembler un timbre, un morceau de papier, des bonbons, quoi que ce soit, pour qu’ils aient quelque chose. Même si c’est juste un petit quelque chose. Les gens viennent souvent sans argent, sans rien, donc vous voyez souvent ces actes de générosité et de gentillesse.

J’ai donc commencé à penser à toute cette expérience comme à une sorte de réalité en modèle réduit - de ce qu’est le monde réel, ce qui est vraiment le cas. C’est une version très, très concentrée du monde. Et certaines choses sont juste un peu plus évidentes que d’autres. Une des choses que j’ai vécues et avec lesquelles j’ai lutté après la libération pendant ma transition vers le monde extérieur : vous commencez à remarquer que c’est un peu la même chose. [Rires] Le monde est juste une prison avec des murs plus grands, ce qui m’a appris que la vraie liberté vient de sa propre conscience.

J’avais écrit un scénario sur l’amiral James Stockdale, qui était à Hanoi Hilton. Il a passé sept ans là-bas à manger de la soupe à la citrouille et à se faire torturer. Je ne compare pas du tout mon expérience à la sienne. Que ce soit clair. Ce type était un vrai héros américain, qu’il repose en paix. J’ai écrit un scénario sur son expérience là-bas, et j’ai interviewé ce grand homme pendant des semaines au sujet de ce que c’était de ne pas pouvoir parler à quelqu’un pendant des années, et d’être enfin en mesure de se connecter avec quelqu’un en utilisant le « code frappé ». Comment a-t-il pu traverser ça ? Et il s’est avéré qu’à Stanford, il avait été étudiant en philosophie stoïciste, qui, parmi d’autres aspects, consiste à accepter que vous n’avez aucun contrôle sur quoi que ce soit d'extérieur à votre propre conscience. Une fois que vous acceptez, disons, que le désir est  cause de souffrance, c’est là que vous trouvez vraiment les réponses, ainsi qu’un certain type de liberté.

Je crois que ce que je veux dire, c’est que c’était une expérience très profonde. Je suis une personne qui cultive de sa vie dans son travail, et que vous aimiez mes films ou non, ma vie a été cultivée dans mon travail. C’est ce que je fais.

Tout écrit est une forme d’évasion, mais Lucky Day parle d’un homme qui sort de prison. Puisque vous étiez enfermé vous-même quand vous l’avez écrit, je me demandais si c’était votre façon de vous échapper mentalement ? De toute évidence, son histoire est différente de la votre, mais est-ce quelque chose à laquelle vous pensiez ? Cela vient-il de votre désir personnel d’être libre ?

Je ne suis pas certain que son histoire prenne une tournure différente de la mienne, pour être honnête. [Rires] Je n’en suis pas si sûr. Je pense que c’est encore dans l’air.

Je ne veux pas spoiler pour quelqu’un qui ne l’a pas vu, mais le film est maintenant disponible en streaming et au moment où cette histoire sortira, il sera disponible en Blu-ray, donc je vais juste parler librement du film comme si le lecteur l’avait vu. Je ne sais même pas si cela nécessite une « alerte spoiler », mais je ne censure pas vraiment ce que je dis. Je vais juste parler, et je m’excuse si je laisse échapper quoi que ce soit. Si vous ne l’avez pas encore vu, allez le regarder et revenez. [Rires]

Il y a un moment où Leroy, au coffre-fort, demande à Red : « Avez-vous réfléchi à la façon dont vous allez dépenser l’argent ? » Et il dit : « J’y ai pensé tous les jours » Et il dit: « Chaque jour était différent, mais chaque jour, je l’ai passé avec Chloé et Béatrice », sa femme et sa fille. Dans le même ordre d’idées, la structure du film est en quelque sorte circulaire, on pourrait dire, je pense. J’ai l’impression que c’est juste un autre rêve d’évasion et imaginer ce qu’il va traverser. Et c’est ce que j’ai fait chaque jour. Vous vous imaginez sortir et vous imaginez quel est votre plan.

J’ai souvent parlé de scénarisation dans les écoles, et les conseils premiers que je donne toujours aux gens sont les trois P : Passion, Persistance et visualisation Positive. Le fondement est très simple. Il faut être passionné ou personne ne voudra vous suivre. Personne ne veut vous donner de l’argent. Personne ne veut faire votre film. Si vous ne le montrez pas et ne le leur faites pas sentir, même si vous devez le simuler, vous n’allez pas le faire. Il faut montrer de la passion. Persévérance : il faut être persévérant. Il faut être prêt à aller plus loin que les autres. La plupart des gens abandonnent quand ça faiblit. Vous devez être prêt à marcher dans le noir du tunnel, persuadé qu’il y a une sortie de l’autre côté. Et le dernier, qui cadre avec le truc de la prison, est la visualisation Positive. Vous devez constamment voir où vous vous voyez dans le futur. C’est la même chose que pour le baseball, où les lanceurs visualisent où la balle va aller avant de la lancer. Pareil. Il faut se voir là-bas, puis le matérialiser. Donc, quand on est à l’intérieur, on n’a que du temps. Et laissez-moi vous dire que les gens là-bas sont immensément créatifs. Vous finissez par beaucoup visualiser, et chaque jour, je regardais dans le futur et je me disais : « Qu’est-ce que je vais faire ? » Parce que je venais de lâcher une putain de bombe atomique sur ma vie et nous avons perdu tout ce que j’avais construit à ce moment-là. Et je ne m’en plains pas - c’est de mon fait. Mais maintenant, tout est une question de reconstruction. Et quand on rebâtit, il faut avoir un plan. Donc oui, je ne cessais de planifier.

Je ne sais pas si je m’attendais vraiment à faire ce film. Je l’ai juste écrit. Greg Shapiro, qui a produit Les lois de l’attraction, m’a demandé à travers la vitre pendant une visite, après m’avoir entendu parler de façon très existentielle : « Est-ce que cela va t’enlever ton discernement ? » Je suis retourné dans ma cellule et j'ai pensé : « Je me le demande... » [Rires] Mais je me suis dit, bon, voilà où j’en suis, je devrais écrire une suite à Killing Zoe. Au début, j’y pensais comme à une suite, et j’avais prévu une suite différente à l’origine. Je voulais le faire avec les acteurs originaux. Je voulais que ça prenne place le lendemain. Nous nous sommes tellement amusés à faire le film que je voulais que ce lendemain s’ouvre avec Zed prenant une douche et la police, entre-temps, a trouvé sept masques et se rendent compte qu’il n’y avait que six criminels…
« Quelqu’un s’est échappé ! » Il ont fait le rapprochement, ils ont compris et ils se disent : « Vous savez quoi ? Nous devons aller dans cette maison ! » Alors il prend une douche, et la police arrive. Ils doivent monter les escaliers et sortir par la mansarde, puis traverser les toits de Paris en courant. Ils descendent dans la rue, montent dans sa voiture et il prennent la fuite. Ça devait être un road-movie à travers la France, en échappant à la police. Et ils finissent par se retrouver à Monte-Carlo, car dans le film, Eric, le mauvais gars, dit à Zed : « Après ça, on va à Monte-Carlo ! » Et dans le sorte de projet de scénario dont on avait parlé pendant qu’on le faisait, le frère d’Eric vivait à Monte-Carlo. Ils arrivent au casino où il travaille, et il est fou mais complètement d’un autre genre, et il y a une grande fusillade. Puis le chaos s’ensuit. Ça devait être le film.

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Jean-Hugues Anglade dans Killing Zoe (1994) © avary.com

Mais voilà, on est bien des années plus tard, et tout le monde est en quelque sorte passé à autre chose que ce film, mais je n’ai rien d’autre que du temps libre et je veux m’échapper dans un petit univers, alors je vais plonger dans Lucky Day, qui est en fait une réplique de Killing Zoe. Il y a un moment où Eric dit, « Lucky day ». Donc ça a toujours été comme le titre préposé au film. Je me suis donc dit : « D’accord, je vais l’écrire, mais il est évident que ce sera un film différent du premier. » Ma pensée était : j’ai tourné la page dans ma vie, alors ils ont tourné la page dans la leur. Et je me suis dit, où suis-je désormais ? Évidemment, je savais où j’étais, donc c’est là que ça a débuté, quand j’ai commencé à écrire. Je savais en quelque sorte que je me dirigeais vers cette scène dans la galerie - cette déclaration sur les critiques… [Rires] Pas vraiment les critiques, mais une déclaration sur la critique et les arts. Et ça m’a un peu mené dans cette direction. Je ne savais pas ce qui allait se passer et où cela allait aller. Je me suis assis et j’ai regardé le film se jouer devant moi.

Et je suppose que, pour le contexte, je devrais mentionner certaines choses à propos de Killing Zoe. C’est une sorte d’histoire ancienne, plus personne ne la connait vraiment. Mais quand je l’ai écrit, je l’ai écrit très vite. [Le producteur] Lawrence Bender avait une banque qu’il pouvait utiliser pour filmer, et il a appelé les scénaristes qu’il connaissait et a dit : « Avez-vous un scénario qui se déroule dans une banque ? Si c’est le cas, je peux lancer un film. » Alors, j’ai dit : « Oui, j’en ai un ! »  Et je l’ai écrit très vite. Je venais juste de voyager à travers l’Europe, et je venais de traîner à Paris. J’étais un gars qui voyageait en Europe avec un sac-à-dos, et qui avait laissé derrière lui toutes les choses qui définissent en quelque sorte qui vous êtes. Lorsque vous mettez tout cela derrière vous et que vous voyagez seul comme je l’ai fait - comme Victor le fait dans Les lois de l’attraction… Il a même cette réplique comme : « Vous arrivez au point où vous vous sentez comme le fantôme d’un total étranger ». Vous ne savez plus qui vous êtes. C’était un sentiment authentique que je ressentais quand je voyageais. J’étais allé à Paris et j’avais vu tout ce que vous étiez censé voir, et je me suis dit : « Je m’en vais, c’est trop cher ici. » J’ai donc décidé d’aller en Espagne. J’étais dans le train et j’ai entendu dire : « Roger, comment ça va? » Je regarde et c’est un gars du nom d’Eric que j’avais connu à l’UCLA. Il était le français dans notre groupe d’amis. Je ne lui avais jamais vraiment trop parlé, mais c’était ce petit gars qui portait toujours des manteaux de fourrure, des vestes et des cravates. Il était vraiment français. Période baguette / béret. Et il m’a dit : « Laisse-moi te montrer le vrai Paris ». Alors, il m’a amené dans son appartement, m’a présenté ses amis. Et soudain, il a pris de l’héroïne en me demandant de lui tenir le bras. Je voyais quelqu’un qui me connectait à mon monde et à ce que je pensais savoir, mais je ne connaissais pas ça de lui. Donc tout ce que je pensais que Paris allait être a été chamboulé. Puis nous sommes sortis en pleine nuit de folie, on a roulé et on est allés dans un club de jazz appelé « Le Cave ». Aujourd’hui, c’est probablement un endroit sûr, mais à l’époque, c’était un bar miteux. Ils ont tous pris de la drogue toute la nuit et ce fut une nuit folle et sauvage. Alors, quand Lawrence dit : « J’ai une banque et j’ai besoin d’une histoire qui se déroule dans une banque », je me dis : « Bon, je dois écrire ça vite. J’ai besoin d’un script ce week-end pour pouvoir lui donner un script lundi. » J'étais là, ok, qu’est-ce que je vais faire ? C’est une banque, donc je sais que ça va être un braquage de banque. Ils font Reservoir Dogs en ce moment, donc je veux m’éloigner un peu plus de ça. « Je vais faire un film français ! C’est ce que je vais faire. Je vais faire un film français à Los Angeles - comme une cascade ! » [Rires] J’ai grandi en aimant les films de Melville comme Le Samouraï, et cela m’a semblé comme un truc 90’s à faire. Alors j’ai commencé à écrire, et ce qui s’est déversé, c’est ma vie.

Mais ce n’est pas moi. Je n’ai jamais pris d’héroïne ; je n’ai jamais braqué de banque. Je ne suis pas Zed, et pourtant en même temps, d’une certaine façon, le personnage devient vous, si vous le faites bien. Il devient une projection de vous. Je suppose que c’est aussi une projection d’Eric Stoltz à certains égards parce qu’Eric y fait certains choix. Je ne dirais jamais non à un acteur, pour être honnête, et j’accorde beaucoup de liberté aux choix qui sont faits. Nous avons eu beaucoup de discussions et Eric a fait beaucoup de choix que je n’aurais pas faits personnellement. Comme tirer sur le garde dans la chambre forte de la banque, ça n’a jamais été dans le script et il n’était pas censé le tuer. En fait, il n’était même pas censé tenir de flingue. Et il n’était même pas censé fumer de cigarette. Ce sont plusieurs choses qui ne me ressemblaient pas. En cours de route, un personnage devient l’enfant de nombreux parents. Donc Zed a évolué vers cette personne hybride, mais tout vient de mon style d’écriture, qui est l’écriture automatique. J’essaie d’utiliser le style de l’écriture automatique, qui vient des surréalistes français. C’est ainsi que j’aborde mon écriture de scénario. Du moins, quand j’écris quelque chose comme Lucky Day, mais pas toujours. En ce moment, ma fille et moi adaptons une épopée de guerre historique pour Antoine Fuqua, The Devil Soldier, et je vous garantis que je ne l’écris pas avec cette technique. [Rires encore]

Vous parlez tellement que je ne vais pas avoir beaucoup de questions, Roger. [Rires]

Non. C’est habituellement ma stratégie d’interview ! Je commence tout simplement à parler et je ne vous donne pas vraiment votre chance. Je vais vous laisser poser une dernière question. [Rires] Dernière question! Dernière question! Dernière question!

D’accord, alors vous revenez au genre criminel. Comme vous le savez, Lucky Day a été injustement comparé à Pulp Fiction, ce qu’il n’a jamais prétendu être. Il a clairement son propre truc. C’est un truc beaucoup plus exagéré, comique, loufoque. Cela me rappelle cette phrase : « Jugez mon art pour ce qu’il est plutôt que ce que vous pensez qu’il devrait être. » Ma question est donc la suivante : pensez-vous que, selon ces critiques, vous vous tendez un piège à vous-même en revenant à ce genre ; et deuxièmement, est-ce que vous en avez quelque chose à foutre?

Est-ce que j’en ai quelque chose à foutre ? Oui et non. Je n’en ai rien à foutre, mais un peu quand-même, puisque c’est un business et que j’ai une responsabilité fiduciaire envers mes associés. Et je n’entre pas dans la réalisation d’un film sans savoir s’il y aurait quelque profit avant le début du tournage, ce qui me donne la latitude de faire un peu ce que je veux et d’expérimenter un peu. J’ai toujours su que j’allais faire un film qui n’était pas ce à quoi les gens s’attendaient. Écoutez, sortir de prison… Une des choses qui arrive quand on a fait quelque chose comme ce que j’ai fait, c’est que tout le monde s’éloigne. Tout Hollywood s’en va. Sauf pour ceux qui ne le font pas. Donc, vous savez immédiatement qui est avec vous et qui ne l’est pas. Mais en attendant, la plupart des gens s’éloignent. Et pendant mon incarcération, l’industrie a un peu changé. En fait, de façon assez significative. Cela a donc eu un effet sur ma capacité de faire avancer les choses.

J’ai essayé sérieusement de faire ce que l’on pourrait appeler un film « normal ». Comme un programmeur. J’en ai fait plusieurs. J’essayais simplement de survivre parce que j’avais une famille. Et il s’est avéré que ce n’était pas vraiment ce que les gens voulaient de moi. J’avais aussi essayé de m’éloigner des armes et du truc néo-noir. J’avais en fait essayé de m’en éloigner pendant très longtemps, même avant tout ce qui s’est passé. Surtout parce que je ne voulais plus inciter à la comparaison parce qu’il y en avait eu tellement. Mais voilà : le film est une sorte de réponse intérieure. [Rires] Je réagis à ma vie. Pulp Fiction fait partie de ma vie. Si quelqu’un est autorisé à le faire, c’est moi et Quentin. Si quelqu’un a le droit de jouer et de s’amuser avec n’importe quel aspect de cet univers, c’est bien nous. J’ai le droit de le faire et je ne pense pas que qui que ce soit impliqué dans Pulp Fiction s’en plaindrait, surtout pas Quentin. Qu’est-ce qui crispe autant de monde ?!

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Ving Rhames et Bruce Willis dans Pulp Fiction (1994) © avary.com

Cependant, c’est la critique la plus facile à faire, si je suis honnête avec moi-même. Parce que ce que j’ai fait, c’est en quelque sorte envelopper le film, et donc moi-même, dans une sorte d’enrobage burlesque que les Français ont appelé « burlesque noir » C’est vraiment comme ces bonbons enrobés qui dissimulent ce qui se trouve à l’intérieur. Cette critique est probablement juste. En fait, je ne crois pas qu’il soit injuste de la part des critiques de critiquer cela, mais je pense aussi que les gens subissent énormément de pression pour sortir des articles. Ils regardent probablement cinq films et doivent ensuite publier cinq critiques cohérentes. Dieu sait ce que c’est. Donc vous regardez ce film et la première chose que vous allez voir est une sorte d’expérience haute en couleurs, néo-noire, pop-culture, dans le genre de Pulp Fiction. Même si ce n’est pas du tout Pulp Fiction. Vous avez raison de dire que ce n’est pas du tout Pulp Fiction. C’est moi. Je serais curieux de savoir si ces mêmes personnes pensent que Kill Bill c'est un univers à la Pulp Fiction ? Je sais que vous avez la réponse, mais je me demande si la plupart des gens l’ont.

Ce que je dis, c’est que j’ai toujours su qu'un film prendrait un certain nombre d’années pour que les gens le « pigent ». Quand Les lois de l’attraction est sorti, ce n’était pas différent. Le film n’a pas du tout été bien accueilli par la critique aux États-Unis. Et depuis, cela semble avoir changé. Par exemple, James Van Der Beek a récemment participé à Danse avec les stars, et ils l’ont mentionné comme « le personnage principal de Dawson, du film à succès American Boys et du classique culte Les lois de l’attraction. » Merde ! NBC vient de l’appeler un « classique culte ? » Je sais qu’ils ne font que soutenir James et essayer de le faire paraître bien, mais, au fil des années, le film est évalué un peu plus en profondeur. Aucun film n’est censé être évalué immédiatement. Je vais vous dire quelque chose, la première fois que j’ai vu Blade Runner, j’ai détesté. Je n’ai pas aimé la fin. Je me suis dit, qu’est-ce que c’est que cette merde ? Lui penché sur le piano… enfonçant les touches. Et la façon dont Daryl Hannah meurt me dérangeait. Je n’aimais pas ça. Je n’aimais tout simplement rien du film. Cela me semblait vide. Mais, à quel point je me trompais ! J’étais trop ignorant et immature et juste pas prêt pour lui. Et vous savez, vous traversez la vie et parfois un film tombe bien, parfois un film tombe mal pour vous à ce moment-là. Mais il a fallu beaucoup de temps pour que les gens viennent aux Lois de l’attraction pour l’apprécier même un peu. Et je ne veux même pas en parler comme si c’était un « classique culte ». Ce n’était pas mes mots. Je suis flatté par eux, mais je viens juste de le mentionner pour montrer comment les perceptions changent. Même dans la presse populaire. Je pense que c’était Entertainment Weekly qui, à sa sortie, lui a donné un avis super négatif. Et des années plus tard, dans le même magazine, il a eu une critique super positive.

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James Van Der Beek dans Les lois de l'attraction (2003) © avary.com

Vous savez ce qui était hilarant à propos de Lucky Day ? J’ai eu une conversation avec votre vieil ami et collaborateur Craig Hamann à ce sujet récemment, et nous avons ri à nous taper le cul par terre. Il y a eu un article - je ne me souviens pas de quelle publication il s’agissait - qui disait que vous la jouiez trop prudemment avec Lucky Day. Il n’y a rien de prudent dans ce film. Il y a de la violence exagérée, c’est cinglé comme du Evil Dead 2, parfois, la moitié du film est en français avec des sous-titres…

[Rires] C’est un peu curieux, mais je devine que ce qu’ils regardent est vraiment la surface des choses. Si vous jugez quelque chose simplement à sa surface, vous êtes très souvent surpris quand vous regardez d’un peu plus près et apprenez un peu plus. Quand vous donnez un peu plus de temps à quelque chose et regardez un peu plus en profondeur.

Je me souviens que lorsque nous avons commencé à faire le film, je marchais avec le producteur canadien. Nous venions de tourner pendant quelques jours. Il s’est tourné vers moi et m’a dit : « Je ne pensais pas que ce serait un film si drôle », et j’ai répondu : « Eh bien, j'avais envie de faire un film que les gens voudraient voir ». En fait, je pense que le film est très sombre, mais… je ne veux pas me comparer du tout - mais c’est une chose à laquelle je pensais - , lorsque Kubrick a fait Docteur Folamour, il l’a fait à propos de quelque chose qui n’était pas vraiment drôle pour lui. La guerre nucléaire. Et il s’est rendu compte à un certain moment que la seule façon pour lui de traiter le sujet était de le rendre drôle. Comme une comédie. Parce que c’est tellement insensé. Et je suppose que moi, me regardant, et surtout quand j’ai commencé à regarder Red et qui il était… Quand on le regarde, c’est vraiment un type sympathique qui déconne tout le temps. Et c’est moi. C’était une auto-analyse. Je me moque de moi. M’analyser moi-même dans mon monde, ce qui me tient apparemment à cœur, et ce qui compte vraiment au final : ma famille. C’est la seule chose qui compte vraiment.

Donc, les choses dans ce film ne me sont pas arrivées littéralement, mais c’est moi. Nina Dobrev joue en quelque sorte ma femme. Beaucoup de ses répliques sont des choses que ma femme m’a dites. Ce sont des choses que je prends très au sérieux. C’était vraiment difficile à l’époque où j’étais en prison, et je m'y suis en quelque sorte mis moi-même. Au début, j’étais dans un établissement à faible sécurité. J’en étais à ma première infraction, puis j’ai merdé. Et c’est à cause d’un orgueil déplacé. C’est ce pourquoi on m’a envoyé ailleurs. Ils se sont dit : « Oh, vous pensez que vous êtes drôle. Vous pensez que vous êtes dans Hogan’s Heroes, n’est-ce pas ? Eh bien, nous allons vous mettre à un autre endroit. » Il y a eu un moment où ma femme me regardait avec les larmes aux yeux, comme si elle disait : « Tu nous as abandonnés. Tu l’as fait exprès. Tout est de ta faute. » Et elle avait raison. Donc, une grande partie de tout cela, c’est juste que j’essaie de me transformer. À un certain moment, j’ai regardé la situation et je me suis dit : « C’est ridicule. Je suis ridicule. La situation est ridicule. » Le propriétaire de la galerie dans le film ? C’est Samuel Hadida, qui venait de me baiser, mais horriblement. Il y avait une sorte de beauté poétique bizarre dans le fait que j’ai effectivement obtenu de lui qu'il produise le film. Il n’a jamais vraiment réalisé qu’il était le propriétaire de la galerie ! [Rires]

Vous vouliez me poser une dernière question sur Quentin ?

Quand je vous ai interviewés tous les deux pour mon livre My Best Friends Birthday : The Making of a Quentin Tarantino Film l’année dernière, vous sembliez tous les deux cordiaux l’un envers l’autre. Où en est cette relation à l’heure actuelle?

Quentin et moi allons bientôt dîner ensemble. Nous allons le faire dans ce restaurant thaï que nous aimons et où nous avons écrit des parties de Pulp Fiction. Nous avons discuté. Pas tous les jours, mais nous parlons souvent. Il est en France pour la presse en ce moment. Croyez-le ou non, il a trouvé comment m’appeler à l’aide d’un iPad. [Rires] Comprenez, nous n’avions pas vraiment parlé depuis dix ans. Et nous avons été un peu brouillés pendant environ vingt-cinq ans. Mais j’ai toujours aimé Quentin. C’est l’un de mes meilleurs amis. Il l’a toujours été.

Je suis sûr que je vous l’ai déjà dit, mais ce n’est pas ce que tout le monde pense que c’est, et ça ne l’a jamais été. Montrez-moi deux frères qui ne se battent pas. Quentin et moi, on se battait comme des frères. Ensuite, on se réconciliait et on allait au cinéma. C’est normal. C’est juste que quand on fait le compte de tous les pièges de ce business, comme l’argent, les agents, les avocats, les publicitaires, ça amène deux potes à être en désaccord. Tout cela change juste la dynamique de la relation.

Je viens de faire un podcast avec Bret Easton Ellis. Quentin l’écoute, et après, il a pris spontanément le téléphone et m’a appelé. Nous parlons constamment. C’est comme si rien ne s’était passé entre nous.

Traduction : Max Fraisier-Roux

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