Pour arriver à ce classement, l’Urban Mobility Readiness Index, des chercheurs ont analysé 71 critères et comparé 70 grandes villes.
Piétonisation, réduction de la place de la voiture, qualité de ses infrastructures de transport, il semblerait que Paris soit devenue plus propice à la mobilité.
Sur son site internet, la Ville de Paris se congratule :
« Paris, championne du monde des transports ? (...) ? Malgré les discours ambiants d’insatisfaction perpétuelle, une étude concrète vient pourtant saluer de manière objective la qualité des mobilités à Paris. »
Paris, qui je le rappelle, a accueilli les Jeux Olympiques et surtout les Jeux Paralympiques, reste surtout exemplaire en terme d’inaccessibilité pour les PSH.
Pour rappel, une seule ligne de métro est 100% accessible. Et seulement si tous les ascenseurs fonctionnent. D’après la RATP, il existerait 31 stations accessibles sur 320. Dans les faits certaines sont à banir sous peine de se retrouver coincé dans des couloirs trop étroits ou enfilades d’escaliers.
« Les transports à Paris c'est une galère pour les PMR. Rampes ou portes en panne dans les bus, peu de métros adaptés ou simplement accessibles, manque d'accompagnement, couloirs trop longs ou étroits. Pour Baptiste, étudiant de 19 ans "On ne peut pas faire pire que Paris". »
Dernièrement des usagers se sont plaints que les infrastructures de certaines gares plus récentes ne soient pas adaptées, les boutons pour ouvrir les portails trop petits par exemple. Une belle preuve que ces « aménagements » ne sont pas pensés par les bonnes personnes.
Le bus ? En théorie 100 % accessibles mais dans la réalité les chauffeurs ne s’arrêtent pas toujours, les rampes mettent en panne les véhicules, les places réservées aux PMR sont trop peu nombreuses ou « squattées » par les « poussettes », elles-aussi exclues du métro.
Et c’est sans compter sur le civisme des parisiens comme l’illustre cette histoire avec ce chauffeur de bus sur une ligne du 17ème arrondissement qui a fait vider son bus pour faire monter un PMR car aucun passager ne voulait se pousser pour le laisser passer en fauteuil.
Paris ville moderne vous dites ?
Et si vous pouvez éventuellement parfois prendre les transports comme moi avec des cannes par exemple, c’est avec du stress pour ne pas dire la peur au ventre. Les places réservées ne sont pas accessibles en heure de pointes et ma « carte de priorité » ni change rien.
Et quid des aléas et les pannes à répétitions, ces dernières semaines en sont la preuve. Ces situations sont anxiogènes. Elles ont également des conséquences bien réelles en termes de douleurs dans certains cas. Et en plus du rendez-vous peut-être important que vous avez encore manqué.
Vous l’ignorez surement mais à Paris quand on a un problème de mobilité, les temps de trajets sont multipliés par deux voire par trois, il y a des surcoûts quand on ne veut pas de vous dans les transports en commun car c'est bien de cela qu'il s'agit.
Et oubliez la spontanéité, le droit à l’improvisation. Tout trajet doit être planifié, appréhendé, jaugé, budgétisé. Les services de mobilité ont des horaires restreints, il faut réserver.
En fait quand on est PMR à Paris, se déplacer dans la ville comme tout le monde est une faveur.
C’est une question de choix. Certaines mauvaises langues et discriminateurs se cachent comme souvent derrière des arguments financiers. Or on l’a vu avec les JO, des sommes colossales ont été investies.
Et pour en revenir au classement de l’Urban Mobility Readiness Index, qui salue notamment la construction de 250km de "pistes cyclables sécurisées", il semblerait que ce ne soit pas pour tout le monde : une personne malvoyante me disait qu’elle n’osait plus prendre le bus car les arrêts sont situés derrière les pistes cyclables et qu’elle s’est faite heurtée à deux reprises par des cyclistes…
Se déplacer c’est travailler, se soigner, avoir une vie sociale, pouvoir élever ses enfants.
Pour finir, et j’y reviendrai surement dans une prochaine publication, se déplacer est un droit.
Alors non, Paris n'est pas championne de la mobilité de demain.