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Billet de blog 3 septembre 2013

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Guerre des monnaies : rôle déterminant des réserves d’or chinoises

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La stratégie de la Chine est d’augmenter ses réserves d’or afin de devenir un acteur prépondérant de ce marché. Avec bientôt 5.000 tonnes de métal jaune, elle sera en bonne position - épaulée par la Russie - dans cette guerre des monnaies contre l’Occident.

Réserves d’or : les États-Unis et 17 membres de la Zone euro

En avril 2009, la Banque populaire de Chine admettait détenir un stock d’or s’élevant à 1.054 tonnes. Entretemps, elle est restée très discrète sur ses achats afin d’éviter d’en faire grimper le prix. Pourrait-elle alors les utiliser dans le cadre d’une guerre des devises ?

La Chine sera plus encline à révéler ses véritables statistiques lorsqu’elle en aura suffisamment. En d’autres termes, ses dirigeants veulent être dans une position dominante quand le système monétaire international actuel s’effondrera et devra être reconfiguré.

Cette stratégie d’augmentation des stocks lui permettra de devenir  un acteur déterminant aux côtés des autres poids lourds du marché aurifère. Alors que 17 membres de la Zone euro en détiennent 10.000 tonnes ensemble et que le stock américain actuel est de 8.000 tonnes, une Chine à 1.000 tonnes ne fait pas le poids, à 5.000 oui.

Les réserves aurifères chinoises : un séisme sur le marché du métal jaune ?

Actuellement la globalisation financière [1] et ses produits dérivés [2] nous font évoluer dans un contexte où le prix de l’or est à 4.000 $ l’once, celui du pétrole à 400 $ le baril, celui de l’argent-métal à 100 $ l’once ; soit des prix plus élevés pour l’ensemble des matières premières, tout particulièrement pour le cuivre, le maïs et le blé. Aussi par le biais des instruments financiers, elle fait augmenter artificiellement les prix des « commodités » [5] qui deviennent ainsi déconnectés de l’offre et de la demande et donc de l’économie réelle. En d’autres termes, on nous impose un monde à l’inflation [3] très élevée - équivalente à une taxe invisible - dans lequel la valeur de l’épargne-retraite [4] part en fumée par perte du pouvoir d’achat des citoyens.

Cette situation fera donc des gagnants et des perdants où ceux qui détiennent de l’or - soit une très petite minorité – s’enrichiront aux dépens de la majeure partie de la population. Néanmoins, le cercle restreint d’acteurs qui font ce marché s’étendra légèrement.

La stratégie chinoise sera d’acheter l’or aux niveaux actuels – 1.374 $, 1.397 $ l’once –, de surfer sur la vague jusqu’à des cours bien supérieurs, 4.000 $-5.000 $ l’once, puis d’évaluer la situation. Par la suite, Pékin agira avec agilité en suivant les nouveaux développements et en s’adaptant à mesure que les événements se produiront. Maxence DAGHER

[1] Au sens économique, la globalisation est le processus d’internationalisation des transactions industrielles, commerciales, financières. Il est lié à la libéralisation des échanges et à leur intensification. Phénomène d’intégration économique, la globalisation contribue à rendre les pays interdépendants notamment à cause de la libre circulation des biens et des services, des capitaux, des hommes, des idées et de la technologie. La globalisation économique se traduit par un effacement progressif des frontières nationales et par un accroissement : des échanges de biens et de services, des mouvements de capitaux, du rôle des entreprises multinationales, des migrations internationales.

La globalisation financière se manifeste par la mise en place d'un marché unifié de l'argent au niveau de la planète et une augmentation des mouvements de capitaux. (Source : La Toupie) http://www.toupie.org/Dictionnaire/Globalisation.htm

[2] Un produit dérivé ou contrat dérivé ou encore derivative product est un instrument financier (IAS 39) : dont la valeur fluctue en fonction de l'évolution du taux ou du prix d'un produit appelé sous-jacent ; qui ne requiert aucun placement net initial ou peu significatif ; dont le règlement s'effectue à une date future. Il s'agit d'un contrat entre deux parties, un acheteur et un vendeur, qui fixe des flux financiers futurs fondés sur ceux d'un actif sous-jacent, réel ou théorique, généralement financier. Les transactions sur les produits dérivés sont en forte croissance depuis le début des années 1980 et représentent désormais l'essentiel de l'activité des  marchés financiers. En 2004, l’ISDA a relevé une croissance annuelle de 29 % pour les dérivés sur produits de taux d'intérêt et de 21 % pour les dérivés sur actions et indices d'actions. Fin juin 2011, la valeur notionnelle des contrats de dérivés de gré à gré (over the counter – OTC) en cours était de 708 000 milliards de dollars. Par leur importance, ces transactions ont joué un rôle important dans la crise financière de 2007 à 2011. (Source Wikipedia)

[3] L'inflation est le phénomène de la hausse généralisée des prix, et correspond donc à une baisse durable de la valeur de la monnaie. Il s'agit d'un phénomène persistant qui fait monter l'ensemble des prix, et auquel se superposent des variations sectorielles des prix. (Source Wikipedia)

[4] L'épargne retraite représente l’ensemble des contrats d’investissements financiers permettant la constitution d’une épargne lors de la vie active, en vue de disposer d’une rente à la retraite. C'est une forme d'épargne par capitalisation. Dans le cadre de la retraite en France, elle est constituée à partir des versements périodiques. Les sommes sont bloquées jusqu'au départ à la retraite, et ensuite versées sous forme de capital ou transformées en rente viagère. (Source Wikipedia)

[5] Dans le langage français courant, la notion de commodité évoque le côté pratique d'objets se prêtant au mieux à l'usage pour lequel ils ont été conçus ou pour lequel ils sont utilisés. Les commodités sont par exemple un des éléments du confort d'un logement ou d'un environnement urbain. Dans le monde des affaires anglo-saxon, le terme commodité, anglicisme et faux-ami transposé de l'anglais « commodity », désigne un produit de base ou un produit de consommation courante, un produit standardisé, essentiel et courant, aux qualités parfaitement définies et connues des acheteurs ; les producteurs et agents de commercialisation de produits de base ne peuvent donc se concurrencer que sur le prix de vente. Les « commodités » sont souvent opposées aux « spécialités », notamment dans l’industrie chimique. (Source : Wikipedia)

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