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Billet de blog 16 septembre 2013

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Diversification du contenu des coffres chinois : envolée du Yen et de l’or

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Avec une Fed qui continue à faire tourner la planche à billets et une Europe à l’économie vacillante, la Chine cherche à se prévenir de la fragilité du dollar ainsi que de la faiblesse de l’euro en rachetant du Yen. Cette devise devient donc, bien malgré elle, une monnaie de réserve, avec pour conséquence son envolée et une remontée du cours de l’or.

Remontée de l’euro sur les marchés des devises depuis 2010

Depuis septembre 2010, les marchés des devises sont beaucoup plus réactifs que ceux des actions. L’euro s’apprécie pour se stabiliser aux alentours des 1,30-1,32 $ malgré une Europe économiquement moribonde qui risque de ne pas pouvoir soutenir bien longtemps la monnaie unique.

Avec la révélation de déficits budgétaires plus élevés que prévu en 2009, la Grèce fait face à une importante crise économique - aggravée en 2011 - qui creuse encore plus sa dette publique ; et ce malgré d'importantes mesures d'austérité ainsi que le soutien du FMI et de la zone euro.

Mais suite aux courageux efforts d’ajustements d’Athènes, la Commission confirme une légère hausse de son produit intérieur brut (PIB) de 0,6 %, pour 2014 après un plongeon de 1,8% au dernier trimestre 2010, soit 3,7% en rythme annuel. Ceci devrait lui permettre d'en finir avec six années consécutives de récession. D'ici là, son PIB aura encore reculé de 4,2 % cette année.

La croissance espagnole, quant à elle, proche de zéro pour 2010 n’a été que de 0,7% en 2011 pour tomber à - 1,4% l’année dernière.

Même l’Allemagne, jusqu’alors tirée par ses exportations, a subi en 2010 une baisse de 1,5% de ces dernières pour reprendre une remarquable progression l’année suivante (+11,4% en valeur pour les exportations de biens). La contribution de la demande extérieure (biens et services) au PIB a été encore plus importante en 2012 (1,0% pour une croissance de 0,7%) qu’en 2011 (0,6% pour une croissance de 3,0%). Ce pays a enregistré, cette même année, son deuxième meilleur excédent commercial après celui de 2007.

La France, quant à elle, creuse toujours son déficit commercial qui a atteint, en juillet 2010, 4,18 milliards d’euros pour se monter à 69,6 milliards d'euros en 2011, battant ainsi le record de 56,2 milliards de 2008. En 2012, ce dernier a enfin reculé pour s'établir à 67 milliards d'euros.

En considérant l’ensemble des dettes et engagements publics, l’endettement total de la France représentera 600% du PIB dans les prochaines années ; il en va de même pour les États-Unis dont la dette approchera les 800% du PIB. Pour l’Irlande et la Grèce, les chiffres font peur, les dettes respectives de ces deux pays avoisinent déjà les 1.500% de leur PIB. 2008 n’aura pas été l’annus horribilis … Le pire nous attend dans les années qui viennent !

Diversification des réserves chinoises : dollar, euro, Yen et or

L’euro revient mais il n’est pas le seul. Le yen s’envole également. En cause : l’inversement du « carry trade » [1] entre le yen et le dollar — mais aussi, les rachats massifs de yens par la BPC (banque centrale de la République populaire de Chine) - dus à une politique monétaire américaine clairement « dévaluationniste » dont l’arsenal comprend des taux ultra-accommodants et un assouplissement quantitatif via la planche à billets.

La Chine – qui avait déjà augmenté ses détentions d’euros - a donc décidé de diversifier le contenu de ses coffres en augmentant celles de yens ; transformant ainsi cette devise en monnaie de réserve ce dont le Japon se serait bien passé.

Aussi, les autorités économiques nippones sont intervenues en septembre 2010 pour la première fois en six ans sur le marché des changes afin d’endiguer la flambée de sa monnaie qui venait de franchir le cap des 83 yen face au dollar.

Assouplissement de la politique monétaire japonaise

Les prix à la consommation hors alimentation et énergie qui servent de baromètre clé de l'inflation  ont reculé de 0,2% sur un an en 2012 dans une économie plombée par la déflation depuis près de 20 ans. Aussi, la BoJ (banque centrale du Japon) a porté son objectif d'inflation pour 2013 à 2% en rythme annuel et s'est engagée, pour y parvenir, à poursuivre sans limite dans le temps ses achats d'actifs financiers sur les marchés, une politique censée favoriser la hausse des prix. Les chiffres des prix à la consommation, qui renforcent l'hypothèse d'une poursuite de l'assouplissement de la politique monétaire, ont donc fait de nouveau reculer le yen sur le marché des changes. Ce dernier tombant à 90,695 pour un dollar ; son plus bas niveau depuis la mi-2010.

Fragilité du dollar et remontée du prix de l’or

Pendant que les plus grandes banques du monde cherchent une alternative à la fragilité du dollar – en raison de la politique de la Fed de faire tourner la planche à billets -, à la faiblesse de l’euro, à l’instabilité du yen et à l’incertitude du yuan qui a battu un record historique, le métal jaune s’échangeait en 2010 à plus de 1.270 $ l’once, à plus de 1330 $ en 2011, et à 1.394 $ actuellement !Maxence DAGHER

[1] Le carry trade ou l’opération spéculative sur écart de rendement est une technique financière très employée sur le Forex, et qui consiste à profiter des écarts de rendement entre différents types d'actifs. Le carry trade n'est pas un arbitrage, car un arbitrage parfait est certain de générer un profit au dénouement. Le carry trade ne génère un profit que si le différentiel de rendement ne s'inverse pas. En français on utilise l'expression carry trade essentiellement pour les opérations de devises. (Source Wikipedia)

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