Les kurdes ont lancé la désobéissance civile sans précédente, dressant des tantes dans plusieurs villes où ils ont passés la nuit de jeudi à vendredi malgré l’intervention violente de la police turque qui a arrêté la veille des dizaines de personnes.
Le principal parti kurde BDP et le Congres de la Société Démocratique (DTK) ont lancé le 24 mars un mouvement de protestation d’envergure et ont organisé des sit-in dans plusieurs villes, notamment à Diyarbakir, chef-lieu du Kurdistan de Turquie, et à Batman. Le DTK est une assemblée qui regroupe les députés, les maires, les conseillers municipaux et provinciaux kurdes, mais aussi des présidents d'organisations civiles ou religieuses, des journalistes, des écrivains, des syndicalistes.

LA NUIT SOUS LES TENTES
Les manifestants kurdes, dont de nombreux femmes et enfants, ont passé la nuit sous les tentes « pour une solution démocratique », installées par le Mouvement des Mères pour la Paix dans des villes comme Mersin, Hakkari, Diyarbakir, Batman, Kiziltepe et Viransehir.

A Diyarbakir, les autorités ont interdit jeudi la manifestation et déployé des blindés pour bloquer les manifestants, mais des milliers de personnes ont continué de rassembler. Un groupe de jeunes a jeté des pétards sur la police, qui a fait usage de gaz lacrymogène.
DÉPUTÉ KURDE TRAINÉ PAR TERRE
A Batman, la police turque a trainé par terre un député kurde du BDP, Bengi Yildiz, lors d’une intervention violente pour disperser un sit-in pacifique, arrêtant près de 100 personnes. Quelques heures auparavant, la police a fait démonter les tentes qui ont été de nouveau dressé en fin d’après-midi.
Cette nouvelle campagne de protestation intervient après la célébration sans précédente du Newroz, l’arrivée du printemps et la fête de la résistance pour les kurdes où environ 3 000 000 de personnes sont descendues, le 21 et 22 mars, dans les rues à travers le pays.
QUATRE REVENDICATIONS
Le co-président du BDP, Selahattin Demirtas, a dénoncé la violence policière et a affirmé que la police et le gouverneur du Diyarbakir ne sont pas leurs interlocuteurs, mais le gouvernement.
La résistance du peuple kurde poursuivra, a souligné le co-président du BDP, après l’attaque violente de la police à Diyarbakir. « Nous sommes déterminés » ajoute le Demirtas, citant leurs quatre revendications concrètes : l’arrêt immédiat des opérations militaires et politiques, la garantie constitutionnelle de l’éducation en langue kurde et l’utilisation de la langue kurde dans l’administration, la suppression du seuil électoral de 10%, ce fameux barrage qui limite considérablement la représentation du peuple kurde au sein du Parlement, la libération des prisonniers politiques.
Ahmet Turk, le co-président du DTK et l’ancien président de l’ex DTP, principal parti kurde interdit en décembre 2009 et devenu le BDP, a déclaré qu’ils ne reculeront pas face aux répressions policières.
« Nous n’avons pas de cailloux, de bâtons dans les mains, mais nous obtiendrons des résultats avec nos cris et de cette façon (de manifestations pacifiques) » a dit de son coté le maire de Diyarbakir, Osman Baydemir.
DES TENTES EN EUROPE
Les kurdes qui vivent dans les pays européens installeront aussi des tentes dans plusieurs capitales européennes. La Coordination kurde pour la société démocratique (CDK) a lancé une campagne d’action, considérant que le rôle des kurdes dans les pays européen est important pour faire entendre les revendications du peuple kurde. Des tentes seront installées à Vienne, Cologne, Berlin, Paris, Berne, Athènes, Stockholm, Francfort, Strasbourg, Londres, Rome et à Lahey sous le slogan « les kurdes demandent leur statut »
En parallèle, les jeunes kurdes appellent à manifester le 2 avril à Bruxelles. Le CDK, demande au « peuple patriote » de se joindre massivement au mouvement de protestation.