Chaque élection législative constitue une étape cruciale dans le fonctionnement démocratique d'un pays. Ce que nous rappelle particulièrement ces législatives anticipées... Toutefois, derrière les portes des bureaux de vote, persistent des obstacles qui peuvent dissuader certain·e·s citoyen·ne·s d'exercer leur droit fondamental. L'expérience des scrutins révèle des défis majeurs qui compromettent la pleine participation citoyenne.
Élections réservées aux valides, aux blanc·ches et aux sachant·es !
L'accessibilité physique des bureaux de vote est un problème récurrent. Souvent, des rampes d'accès manquantes et des portes étroites limitent l'accès pour les personnes à mobilité réduite, créant ainsi des barrières physiques à une participation équitable. Mais ce n'est pas la seule situation où les personnes en situation de handicap sont empêchée de voter. Ainsi, il n'y a pas de dispositifs techniques ou relationnels mis en place pour permettre à des non-voyants, à des personnes en situation de handicap mental ou d'autres types d'handicap de voter. Pourtant la loi prévoit l'accessibilité aux bureaux et aux techniques de vote pour toutes et pour tous, et ce quelque soit le handicap. La loi a même évoluée récemment pour assurer le droit de vote aux personnes majeures faisant l’objet d’une mesure de tutelle ( loi du 23 mars 2019). Cette réalité concrète soulève des questions sur l'inclusivité de notre processus électoral.
Par ailleurs, l'accueil réservé aux électeur·rice·s dans certains bureaux de vote est source de préoccupations. Les témoignages font état de situations où des électeur·rice·s sont mal reçu·e·s, voire traité·e·s avec condescendance par le personnel électoral, en raison de leur couleur de peau, leur origine supposée, leur religion, leur nom de famille, leur tenue, etc. Ces interactions négatives peuvent décourager les électeur·rice·s, notamment ceux et celles issus de minorités ou ayant des noms étrangers, compromettant ainsi leur engagement civique. Ainsi, plusieurs personnes se sont déjà fait déformées leur nom de famille lors du vote. Ou bien, on ne leur propose jamais de participer au dépouillement jugeant qu'elles n'en seraient pas capables. Ces "petits" mépris entretiennent le fait qu'une partie de la population ne serait pas des citoyens à part entière et ne peut que renforcer la défiance vis à vis des institutions. Comment peut-on alors espérer diminuer l'abstention dans certains quartiers où les personnes discriminées sont nombreuses ?
"Vos papiers !"
Par ailleurs, les procédures strictes de contrôle à l'entrée des bureaux de vote représentent un autre défi significatif. Bien que les électeur·rice·s soient légalement autorisé·e·s à voter avec une simple pièce d'identité valide, des cas sont documenté·s où des électeur·rice·s sont découragé·es d'aller voter car elles ne seraient pas en mesure de présenter leur carte d'électeur à l'entrée. C'est par exemple le cas dans certains bureaux de vote de la ville de Langres (52) où des électeur·rices, pourtant bien inscrit·es sur les listes électorales, sont empêché·es d'aller voter dès l'entrée si ils ou elles ne peuvent montrer leur carte électoral. Pour rappel, il n'est pas nécessaire d'avoir sa carte pour voter : une pièce d'identité suffit. Cette rigidité administrative pose un risque pour une participation électorale équitable.
Ces défis reflètent des dynamiques sociales profondes qui perpétuent l'inégalité dans notre société. Les barrières physiques et administratives renforcent les divisions sociales et minent la confiance dans le processus démocratique, notamment par des interactions teintées de racisme, de validisme et de sexisme.
En conclusion, pour renforcer notre démocratie, il est impératif de surmonter ces obstacles structurels. Les défis observés dans les bureaux de vote, qu'ils soient d'ordre physique, relationnel ou administratif, doivent être adressé·e·s de manière proactive pour garantir une participation électorale libre, juste et inclusive pour tou·te·s les citoyen·ne·s. Il serait nécessaire de revoir la formation et le recrutement des assesseurs, président·es et autres agent·es de bureaux de vote afin d'améliorer l'accessibilité, de garantir un accueil respectueux et convivial, et des procédures simplifiées. Les raisons de l'abstention sont nombreuses et complexes. Mais cela permettra déjà d'améliorer l'accès au vote. Et assurer ainsi une démocratie pleinement fonctionnelle et équitable.