Donald Trump, ses fake news et son climatoscepticisme ont fait un autre petit en Europe: il s'appelle José-Luis Martinez-Almeida, il est le nouveau Maire de Madrid. Membre du parti conservateur (Partido popular), cet avocat de 44 ans a été élu à la tête de la capitale espagnole en concluant une alliance avec les centristes de Ciudadanos soutenue par le parti d’extrême-droite Vox. Après quatre années sous l'équipe de la Maire Manuela Carmena, élue en 2015 dans le cadre de la plateforme citoyenne "Ahora Madrid" soutenue par Podemos, l'heure est donc au changement.
Zone de basses émissions, trois p'tits mois et puis s'en va...
L'ancienne édile de gauche avait entrepris de s'attaquer à la pollution de l'air. En novembre 2018, elle acte la création d'une zone basses émissions au cœur de la capitale. C'est l'opération "Madrid central" qui est lancée et qui vise à restreindre l'accès des véhicules motorisés au centre de Madrid.
Pour les véhicules qui sont enregistrés en dehors du centre-ville, les règles sont les suivantes. Les voitures considérées comme moins polluantes, électriques ou hybrides, n'ont le droit de stationner que deux heures au maximum dans le centre, les véhicules moyennement polluants ne peuvent circuler que s'ils utilisent un parking. Quant aux véhicules qui ne possèdent pas de vignettes (voitures essences d'avant 2000 et diesel d'avant 2006), il sont tout bonnement interdits de circuler et de se garer (sauf exceptions). Les premiers mois, pas de sanctions pour les réfractaires.
L'opération ne débute vraiment qu'à partir du mois de mars 2019, quand les autorités commencent à faire pleuvoir les amendes comprises entre 45 et 90 euros. Résultats des courses? Les niveaux de dioxyde d'azote tombent à leur plus bas niveaux depuis que les relevés existent. Au second trimestre 2019 (avril-juin), ce n'est pas seulement la pollution qui est réduite, mais aussi les bouchons qui commençaient à empoisonner la vie des Madrilènes. En juin 2019, la pollution au dioxyde d'azote descend à 26 µg/m3, une baisse de 16% comparé au mois de juin de l'année précédente et, ce, alors même qu'il a plu beaucoup moins que l'année passée.
L'opération "Madrid central" ne fait pas que réduire la pollution dans la zone concernée mais bien dans tout Madrid. Les quartiers périphériques qui ne sont pas directement concernés par la mesure ont ainsi pu bénéficié d'un air moins chargé en dioxyde d'azote. Contrairement à ce qu'avancent les pourfendeurs de l'opération, la restriction du trafic dans le centre-ville ne contribue pas à augmenter la pollution dans les autres quartiers, au contraire comme l'a démontré l'ONG Ecologistas en accion.
N'en déplaise à Almeida, le nouveau Maire, qui considère que cette opération est une atteinte à la liberté de circuler et une mesure qui n'est pas efficace pour lutter contre la pollution de l'air. Élu le 15 juin, il met fin à l'opération dès le 1er Juillet en instaurant un moratoire consistant à ne plus verbaliser les contrevenants. Conséquences?
...et puis s'en va pas
Dès le lendemain, 2 juillet, le Centre de gestion de la mobilité (CGM) madrilène annonce que les bouchons ont augmenté entre 4 et 9 % en fonctions des quartiers mais le nouvel exécutif nie. Alors qu'il est de coutume de comparer les chiffres avec ceux du même jour de l'année précédente, Almeida et ses équipes réussissent à "prouver" que le trafic à diminuer en comparant les chiffres du 1er juillet 2019 avec ceux, non du 1er juillet 2018 mais de la semaine d'avant, le 24 juin. Au cours de ces 7 jours, une partie non négligeable des Madrilènes a déjà fait ses valises direction plages et montagnes. Les vacances ont commencé, le trafic est donc naturellement moins intense.
Mais les mensonges d'Almeida ne convainquent pas. Des milliers de Madrilènes se rassemblent sous une chaleur torride le 29 juin pour protester contre son moratoire farfelu. Dans la matinée de ce vendredi 5 juillet, la Plateforme de défense de Madrid central (dont font partie notamment Ecologistas en accion et Greenpeace) dépose un recours en contentieux devant le juge administratif qui lui donne raison. Victoire. "Madrid central" est de nouveau une réalité. Le nouveau Maire est déjà désavoué.