Souchon, c’est déjà ça
Cher Alain, depuis tout ce temps
Que vous chantez qu’on est bidon
Et que le monde, il tourne pas rond
Les gens vous acclament, et pourtant…
Les cadors on les r’trouve au palais
Clamant « tant qu’vous nous élisez
Moutons, suivez ! Tout c’qui nous plait vous plait ! »
Oh ! Le mépris des gens hautains
Pour mieux pousser les gens qui n’sont rien
À l’ultra moderne servitude
De l’ancien bébé rose, la déchéance
Dès l’Aide antisociale à l’Enfance
Petit tas tombé, ses plaies mal léchées
Mais dès la majorité, lâché
Et pour peu qu’il ait la peau dorée
Banni sur le trottoir d’à côté
Pourtant, y a qu’à traverser la route
Pour trimer, quoiqu’il nous en coute
S’éreinter, s’user, c’est moins dommage
Qu’être au chômage, quel que soit notre âge
KO, poussés en bas bien avant
La retraite à 64 ans
Parfois je rêve, comme un happy end
Que vous chantez les filles éoliennes
Pourtant les filles, elles restent soudées
Quand à coups d’canif, dénudées
Elles sont blâmées de faire disjoncter
Tous ces sexistes survoltés
Blâmées, dissoutes, les foules sentimentales
Qui, poussées par leur soif d’idéal
Se risquent à faire la route dans l’aut’sens
Mais encensés, ceux qui pompent l’essence
Et nous, alléchés par leurs appâts
Aveugles, on voit pas qu’on sème pas
Mais ici ou ailleurs, tout nous fait peur
Et ça fait l’jeu des conservateurs
Qui propagent la haine, le sur-place
(C’est glauque, mais pas touche à l’orthographe !)
Et qui érigent notre futur, fiers
Sur des fondations d’avant-guerre
Tout comme la volaille en batterie, nourrie
De ses semblables, en poudre réduits
Ils gavent l’opinion d’avis prémâchés
Qu’on s’empresse de régurgiter
Sans soupçonner qu’on nous réduit,
Soumis, à l’anthropophagie
Quand on arrive à faire taire, malins
L’aboiement des politiciens
En buvant trop d’alcool sans saveur
Alors on s’croit fort, mais on pleure
Et sur la corniche, le pas hésitant
Dire l’horrible byebye, c’est tentant
Mais vous chantez, Alain, c’est une chance
Vous lancez des balles… de défense
Qui nous éveillent, nous ouvre les yeux
Ne pas énucléer, c’est mieux !
Chanter le fil, pour pas lâcher
Pour sentir le jazz, en nous, vibrer
Et soudain nos corps se soulèvent
Chanter Souchon, c’est déjà ça
Lydie RIVIÈRE
Transfuge au parcours atypique et cabossé, Lydie Rivière a repris ses études et est devenue psychologue à 41 ans (elle en a aujourd'hui 54).
Lydie a besoin d'écrire pour explorer les liens qui se créent entre ses expériences personnelle et professionnelle, décrire ce que l'on vit, ressent, lorsque l'on est dans le fauteuil d'en face.
Cette année, la recherche du mot juste s'est mêlée au besoin de dénoncer le destin affectif des personnes soumises à des relations toxiques, la manipulation, l'emprise... Et les chemins d'émancipation : la rage, l'art, la nature... Réapprendre par corps !
Son recueil de poèmes, (Nature) Humaine, est en recherche d’éditeur.