Ainsi donc, suite à sa condamnation dans l’affaire du financement occulte de la part la libye de Mouamar Kaddafi, Nicholas Sarkozy sera incarcéré aujourd’hui-même à la prison de La Santé, quelque peu un effet boomerang.
Le régime de détention qui sera appliqué à N. Sarkozy intéresse beaucoup de monde, ce qui est normal, eu égard au fait que c’est la 1ère fois dans l’histoire de la France qu’un ancien président de la république sera envoyé en taule. On dit qu’il sera seul dans sa cellule de 3 m par 3m, qu’il bénéficiera de 3 visites par semaine et 2 promenades par jour, ou il ne croisera aucun autre détenu. D’autres arrangements et services payants seront rendus disponible pour le détenu.Certains parlent aussi d’un placement dans une aile aménagée, pas comme sanction, mais comme mesure de précaution pour assurer sa sécurité et éviter ainsi qu’il ne soit apostrophé ou agressé par un quelconque co-détenu 'racaille'.
Il faut savoir que cette prison La Santé a été bâtie il y a plus d’un siècle et demi (1867), d’où sa vétusté qui a rendu nécessaire sa modernisation. Une visite sur le site internet du ministère français de la justice nous apprend qu’après 4 années de travaux de rénovation 2015-2019 avec un partenariat public-privé, l’emblématique prison parisienne a subi une véritable cure de jouvence. Les rénovations ont permis la modernisation des cellules, l’amélioration des conditions de détention et de travail, etc.
Quand, hier, j’ai appris l’incarcération à venir de Sarkozy, mon réflexe primaire a été d’appeler au téléphone un ancien détenu de cette même prison La Santé, Aouli Makhlouf, arrêté en 1957. Aouli est un ancien cadre de la Fédération de France du FLN, rapidement propulsé à un poste de responsabilité en région parisienne, car courageux et lettré, alors qu’il était encore mineur. Je l’ai rencontré le 16 août 2025 et je lui avais alors consacré un post FB, 3 jours plus tard. Quand j’avais abordé avec lui son séjour en prison, il m’avait alors dit 'Je préfère passer un an à la prison de Fresnes pluôt qu’un mois à La Santé' ou, paradoxalement, il a passé presque un an et ou, ajouta-il 'je dois me mettre sur la pointe des pieds pour accéder à un brin de rayon de lumière dans ma lugubre chambre, malgré mon 1.82 m'.
C’est probablement la trace indélébile de ce 'brin de lumière' qui est à l’origine du présent article et de mon appel d’hier, ou j’étais particulièrement intéressé de me faire préciser quelles étaient, dans l’ensemble, les conditions générales d’incarcération à Fresnes/La Santé des patriotes algériens pendant l’insurrection. Sommairement, ils étaient à quatre par cellule et dormaient sur des matelas en paillase de paille; ce n’est qu’après la grève de faim de 1959 qu’ils ont eu droit à des lits superposés, un luxe alors. Aussi, ils avaient droit à une promenade quotidienne de 45 minutes et, par semaine, à une douche et une rencontre de groupe, le vendredi, sensée être consacrée à la prière, mais dans la réalité dédiée aux questions organisationnelles de la Fédération de France.
Par contre, les conditions d’incarcération des cinq prisonniers historiques à l’origine de l’insurrection (Ait Ahmed Hocine, Ben Bella Ahmed, Bitat Rabah, Boudiaf Mohammed et Khider Mohamed) étaient différentes, du fait du régime de détenus politiques dont ils bénéficiaient dès 1956. Ils ont été détenus à la prison La Santé, tout d’abord et la plus grande partie du temps carcéral, puis à l’Île d’Aix, au château de Turquant et à celui d’Aulnoy. En termes de conditions relatives de détention, c’était plutôt une vie de château car même du temps de La Santé, ils faisaient de fréquents séjours à l’infirmerie/hopital de la prison de Fresnes, ou ils avaient accès aux visites et au téléphone. C’est dans cette même prison de Fresnes qu’Ahmed Taleb-Ibrahimi, récemment décédé, avait officié deux mariages religieux de deux détenus-cadres de la Fédération de France du FLN.
Pour revenir à N. Sarkozy, malgré le titre quelque peu ironico-racoleur de cet article, ce n’est clairement pas un détenu politique, mais il ne va pas dans un cachot comme celui d’Aouli, tout comme il va bénéficier quelque peu des privilèges associés à un régime de détention amélioré. Il est vrai que sous son règne, la société française a régressé socialement et à l’international (Intégration de la France à l’OTAN, politique guerrière envers l’Iran, la Libye, etc.). En fait, c’est sous son égide qu’a commencé la descente aux enfers de son pays, ses successeurs n’ont pas juste été capables de redresser la barre. Ceci dit, on ne peut pour autant que lui souhaiter un séjour en prison le plus court possible pour finir sa lecture du Comte de Monte-Cristo et l’écriture de ses mémoires, surtout que l’introspection n’a pas l’air d’être sa tasse de thé
Benhaddadi, Ph D, C. Q.
Professeur-retraité