Admettons, pour les besoins de la discussion, que les femmes qui souhaitent porter le burkini pour se présenter à la piscine municipale soient toutes soumises à leurs intégristes de maris (et donc qu'elles ne peuvent pas être célibataires et décider elles-mêmes, être plus pratiquantes que leurs maris et décider elles-mêmes, être tout simplement complexées d'un corps qu'elles souhaiteraient cacher le plus possible et décider elles-mêmes...).
Admettons également, comme je veux bien le croire pour une partie des opposants à la mesure, qu'il n'y ait aucune pensée discriminatoire mais simplement une volonté de permettre à ces femmes qui seraient soumises de se libérer de l'emprise dans laquelle elles se trouveraient.
Pensez-vous que le chemin de leur libération sera plus aisé si on les place face à l'alternative suivante: se découvrir ou bien renoncer à utiliser des équipements collectifs ?
Si elles se découvrent, c'est pour répondre à une obligation pas forcément très bien justifiée juridiquement*, et c'est donc, au minimum de leur point de vue, se soumettre à nouveau.
Si elles renoncent, elles n'auront pas l'occasion de sociabiliser avec des personnes extérieures à leur réseau habituel (qui les soumet, nous l'avons admis dans les prémisses pour les besoins de la discussion), ni donc de s'ouvrir à d'autres visions du monde.
* La laïcité s'applique à nos services publics et à leurs agents, pas à leurs usagers. En outre, notre Déclaration de 1789 reconnaît la liberté d'exprimer ses opinions "mêmes religieuses", et nos engagements internationaux nous obligent à protéger le droit de manifester ses convictions religieuses "en public" comme en privé.
PS: je suis ouvert à la discussion, tout en reconnaissant que le seul argument que j'estime avoir quelque caractère sérieux pour le moment, c'est celui du risque de pression sur les autres. Auquel cas je dis présentez-moi des preuves. Si c'est établi, je dis que nous devons nous battre farouchement contre ces formes concrètes de pression, mais pas contre la liberté de manifester ses convictions religieuses.