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Billet de blog 18 janvier 2023

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PREMIER BILLET de PERSONNE NE M'A DEMANDE MON AVIS MAIS BON

Ceci est le premier billet d'une série que je nommerai "Personne ne m'a demandé mon avis mais bon..." , qui traitera des choses qui m'intéressent: les sujets de société, le cinéma, la musique, la pop culture, la politique etc... Donner mon avis est ma vie, tenter de convertir à mon point de vue, ma passion. Hyper proselyte je suis.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je souhaite aujourd'hui donner mon avis non sollicité sur un film que je n'irai pas voir. 

En visionnant la bande annonce de Divertimiento hier au cinéma quelle ne fut pas mon non-étonnement de voir que le cinéma français, en 2023,  nous propose toujours des récits initiatiques au travers d'un prisme raciste & misogyne.

Réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar, le film raconte le combat de Zahia Ziouani interprétée par Oulaya Amamra (et sa soeur Fettouma, incarnée par Lina El Arab), jeune fille de banlieue racisée pour exercer sa passion tellement inattendue: devenir cheffe d'orchestre. Un homme reconnu dans le milieu de la musique classique va se prendre d'affection pour elle, et l'aider à atteindre son objectif fou.

Une énième fois donc, après le Brio- dans lequel Camélia Jordana, étudiante à Assas reçoit l'enseignement précieux d'un Daniel Auteuil d'abord réticent- et tant d'autres, on verse dans le récit d'un sauvetage d'une adolescente non blanche et modeste, grâce à la bonté et l'intuition d'un homme vieux, blanc, riche, hétérosexuel. 

C'est comme si un certain cinéma français s'obstinait à rester sourd devant tant d'avancées avancées intersectionnelles, la diversité des parcours, des histoires existantes. 

Mais pourquoi tourne t-on en boucle? 

Parce que c'est rassurant de raconter encore et encore des histoires qui conservent des marqueurs familiers.

Surement, d'abord, grâce à l'étonnement que produit sur l'imaginaire collectif du profil de la jeune fille de banlieue, la passion de Zahia. Férue de musique classique alors qu'on lui aurait attribué tout au plus une appétence pour Aya Nakamura.

Ensuite, grâce au sentiment agréable que produit la bienveillance d'un homme sage qui la prend sous son aile. Car oui, on a toujours, dans cette société patriarcale besoin d'un papa de substitution, une autorité masculine qui croit en nous et jette ses préjugés par dessus bord, car il est intimement persuadé que vous avez un talent inattendu et surprenant. 

Enfin, un rassurement collectif: oui, on peut réaliser ses rêves les plus fous.

Pour cela, il faut tout de même, accepter de fait, que lorsque l'on n'est autre chose qu'un homme, blanc, aisé, hétérosexuel, 98% de nos aspirations ou projets semblent être aux yeux du monde, des rêves inaccessibles. 

A tel point que cela suffit pour que notre histoire devienne un long métrage.

Ne sommes-nous pas épuisés de cette proposition de l'utilisation usée jusqu'à la corde, du trope du "sauveur blanc"?

Irons- nous encore une fois assister au sauvetage de celle qui n'aurait jamais dû avoir accès à ce rêve et qui le réalisera surement, grâce à la rage, la determination de celles qui n'ont rien, et l'appui d'un homme qui se prend d'amitié pour elle?

Nan.

Car j'espère un jour aller voir ces actrices jouer des rôles qui ne reposeraient pas que sur cette spirale dominant - dominé ou elles pourraient occuper des postes de pouvoir, ou même être mentors à leur tour. 

Bises

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