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Billet de blog 8 décembre 2025

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Réenchanter l’université : il est plus que temps de refonder le pacte pédagogique...

L’université s’enferme dans des amphithéâtres silencieux pendant que le monde brûle autour d’elle. Transmettre des savoirs ne suffit plus : il faut créer des lieux vivants, critiques et engagés, capables de former des citoyen·ne·s lucides et audacieux. A Myriam Encaoua, Apolline de Malherbe, Eugénie Bastié, Loreleï Mirot et Soraya Allal...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’université ne peut plus être un simple lieu de transmission de savoirs.

Elle doit redevenir un espace vivant, critique, engagé, traversé par les questions sociales, politiques et culturelles. Comme le souligne l’article de AOC media « Donner lieu à l’université : refondre le pacte pédagogique », il est urgent de repenser l’acte d’enseignement comme un véritable lieu de vie intellectuelle

Aujourd’hui, trop d’universités restent en apesanteur, isolées du réel.

Les amphithéâtres se vident, les cours magistraux enferment les étudiant·e·s dans la passivité, et les savoirs critiques, "décoloniaux", féministes, écologiques, restent marginalisés.

Il est temps de replacer l’humain, l’expérience, le débat et l’engagement au cœur de l’enseignement supérieur.

Un pacte pédagogique refondé : ce que nous devons exiger

  1. Former les enseignant·e·s à la pensée critique
    L’acte pédagogique n’est pas neutre. Il doit être un acte éthique, politique, conscient des inégalités, des dominations et des biais qui traversent notre société. L’université doit offrir des formations pour que chaque enseignant·e devienne un guide éclairé, capable d’ouvrir le regard des étudiant·e·s sur le monde.

  2. Faire de l’apprentissage un acte collectif et engagé
    Les savoirs ne se transmettent pas dans le silence des amphithéâtres. Les projets participatifs, les recherches de terrain, les débats ouverts, les expérimentations interdisciplinaires doivent devenir la norme, pour que chaque étudiant·e se sente acteur et non spectateur de sa formation.

  3. Reconnaître les savoirs minorisés et marginaux
    Les mémoires longtemps ignorées, les approches "décoloniales", les voix féministes ou écologiques doivent trouver leur place dans le cursus officiel. Une place à part.
    L’université doit être un lieu où chaque expérience et chaque identité enrichissent le savoir collectif.

  4. Inscrire l’université dans la société
    Les étudiant·e·s ne doivent pas seulement apprendre : ils et elles doivent agir, questionner, transformer.
    L’université doit redevenir un levier de justice sociale, de solidarité, d’émancipation, capable de préparer les citoyen·ne·s de demain à penser et construire un monde plus juste. Et non l'éternelle coupable de tous les maux qui affectent notre système d'enseignement supérieur et de recherche.

L’urgence d’agir

Dans un monde fracturé par les crises — écologiques, économiques, migratoires... — l’université ne peut plus se contenter de délivrer des diplômes.

Elle doit redevenir un lieu de pensée radicale, de débat et d’action.

Refonder le pacte pédagogique, c’est donner aux jeunes les outils pour comprendre, critiquer et transformer le monde.

C’est leur offrir un espace vivant, collectif et engagé — une maison commune où le savoir libère, et non enferme. Où le savoir s'émancipe des figures tutélaires et renferme en lui ses propres éclairages, dans chaque discipline, pour le plus grand bénéfice de nos humanités...

Mehdi Allal
Enseignant‑chercheur en sociologie de l’éducation, doctorant à l’Université de Paris, engagé dans les réflexions sur le rôle émancipateur de l’enseignement supérieur en France et dans les pays du Sud...

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