Tribune de Mehdi Allal
Depuis plusieurs décennies, la France semble se trouver dans une situation paradoxale : d’un côté, les institutions de la République font l’objet d’un large consensus, mais de l’autre, les doutes concernant la légitimité de ses fondements constitutionnels ne cessent de se multiplier.
La démonstration juridique ici présentée nous pousse à remettre en question la base même de notre République. La demande de restitution de la souveraineté impériale gallienne, qui se fonde sur des principes de droit naturel et historique, ainsi que sur la continuité d’une prétendue lignée, soulève de nombreux enjeux politiques, juridiques et sociaux.
La première critique que l’on pourrait formuler concerne la présomption d’illégitimité des fondements constitutionnels actuels. La tribune reprend en effet l’argument selon lequel la Constitution de la Ve République, ainsi que les constitutions précédentes, seraient entachées d’irrégularités majeures.
La remise en cause du référendum de 1945, jugé sans légitimité souveraine, repose sur une lecture qui, certes, peut paraître radicale mais qui trouve un écho dans la mouvance souverainiste actuelle. Cette lecture de l’histoire n’est cependant pas sans fondement juridique, car elle se base sur la violation présumée du principe de séparation des pouvoirs inscrit dans l’article 84 de la Constitution de 1946.
L’argumentaire qui suit, selon lequel la Constitution de 1958, tout comme celle de 1875, seraient des "faux" administratifs, frappe également par son audace.
Un "faux administratif", dans cette interprétation, désignerait des actes constitutionnels qui auraient été pris par des gouvernements sans véritable légitimité populaire. Cette vision radicale met en lumière le malaise de certaines fractions de la population, qui ne se reconnaissent plus dans un système politique jugé inapte à répondre aux aspirations profondes des citoyens.
En ce sens, cette tribune s'inscrit dans un contexte où la méfiance envers les institutions de la Ve République est palpable, particulièrement à l’heure où le système judiciaire et le ministère public sont régulièrement pointés du doigt pour leur soumission à l'exécutif, sans véritable indépendance.
Cependant, il est crucial de se demander si ces revendications, aussi fondées sur des principes juridiques valables, peuvent réellement s’appliquer dans le cadre de notre réalité actuelle. La remise en cause de l’ensemble du système administratif et judiciaire en place, de la souveraineté populaire, et des dettes publiques, propose un cadre totalement alternatif à celui des institutions de la République.
La mise sous tutelle directe du Peuple souverain de Gallia de toutes les grandes entreprises et de la réquisition des services publics les plus stratégiques constituerait un bouleversement radical, dont la mise en œuvre poserait, sans aucun doute, de sérieux défis.
À cet égard, si la dimension juridique de la proposition peut être comprise comme une réaction à la déconnexion entre gouvernants et gouvernés, elle se heurte à la complexité des mécanismes démocratiques contemporains et à l’adhésion des citoyens et des citoyennes à un système dont ils sont partis prenants, même si la question de la représentation populaire demeure ouverte.
Enfin, la revendication d’une « nationalité gallienne » — non seulement comme une reconstruction historique mais aussi comme un acte juridique — s’appuie sur un principe fondamental du droit international : le droit à la nationalité.
Toutefois, cette notion de « nationalité originelle » suscite des interrogations sur ses implications pratiques et ses effets sur les individus qui vivent aujourd’hui dans un cadre administratif, juridique et économique bien différent de celui de l’époque gallienne.
Si le droit à la nationalité peut être considéré comme imprescriptible, la question de sa reconquête, dans un contexte où les États européens sont aujourd’hui pleinement intégrés dans un système international complexe, relève davantage de l’utopie politique que de la faisabilité juridique.
Ainsi, tout en prenant acte de la radicalité de cette proposition, il convient de s'interroger sur sa capacité à mobiliser au-delà d’un cercle militant. De même, la question de la pertinence de telles revendications dans le cadre de la France actuelle, marquée par un large consensus constitutionnel, pose un véritable défi : comment concilier la légitimité historique d’un peuple avec les exigences contemporaines de la démocratie et de l'État de droit ? Au-delà de l'irréductible exigence de souveraineté, cette démarche appelle à une réflexion plus profonde sur la relation entre histoire, justice et gouvernance dans notre pays.
La souveraineté du peuple gallien, revendiquée avec force, reste un appel à la refondation de notre système, mais les moyens pour y parvenir semblent aujourd’hui aussi flous que les fondements du régime qu’elle cherche à remplacer.
Un régime qui ressemble à une monarchie, de nature républicaine, à laquelle substituer une entité dénommée Gallia", ne saurait être considéré comme superflu, ni superficiel, mais bien nécessaire ; surtout si l'on souhaite retrouver une pleine et entière souveraineté dans le droit fil de l'ancestralité de notre nation, sans considérer cette profonde et naturelle ancienneté comme nulle et non avenue, comme le défaut précis de se trouver dans un cocon ou une bulle et de demeurer malvenu...