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Billet de blog 15 novembre 2025

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Services publics en tension : entre exténuation et corruption, un double défi

Épuisement, sous-effectifs, contraintes budgétaires… les services publics français peinent à tenir le rythme. Et comme si cela ne suffisait pas, la corruption gagne du terrain : face à ce double défi, l’État lance son plan 2025‑2029 pour protéger l’intégrité de ses administrations et réaffirmer le sens du service public.

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À l’heure où s’examine le budget de l’État et se discutent les priorités des politiques publiques, un constat se fait sentir avec acuité : nos services publics sont à la fois exténués et confrontés à des risques inédits.

L’Institut de recherche juridique interdisciplinaire (IRJI) François-Rabelais de l’université de Tours a illustré cette préoccupation en organisant, le 7 novembre, un colloque intitulé “Les services publics exténués : état des lieux et perspectives”.

L’événement réunissait universitaires et experts autour de deux grands axes.

Le premier visait à dresser l’inventaire des signes de fatigue et de contraintes pesant sur les services publics : les effets du management public, la pression sur la sécurité publique, l’épuisement des agents et le “dernier kilomètre” de l’action publique tel qu’analysé par le Conseil d’État en 2023.

Le second temps du colloque s’est concentré sur l’avenir du service public, confronté aux transitions écologiques, numériques et démographiques, tout en devant respecter la contrainte budgétaire.

À cette tension structurelle s’ajoute une autre menace, plus invisible mais tout aussi corrosive : la corruption et les atteintes à la probité au sein des administrations.

L’Agence française anticorruption (AFA) a récemment dévoilé son plan national pluriannuel 2025‑2029, alors que les atteintes à la probité ont progressé de 35 % en dix ans dans les secteurs public et privé.

Si les chiffres restent relativement limités, avec environ 250 à 300 condamnations par an, la portée symbolique et l’impact sur la confiance publique sont considérables.

Face à cette montée en puissance, le plan de l’AFA prévoit un renforcement des dispositifs de prévention et de détection dans toutes les administrations, en particulier les administrations régaliennes les plus exposées, et la mise en place d’un comité interministériel dédié.

L’objectif est clair : mobiliser les agents publics pour qu’ils soient à la fois vigilants et outillés face à des risques classiques, comme la déontologie et les marchés publics, mais aussi face à de nouvelles menaces, notamment le crime organisé.

Ces deux défis – exténuation et corruption – se croisent. Des agents publics surchargés ou fragilisés peuvent être davantage vulnérables aux pressions, mais, comme le souligne Isabelle Jégouzo, directrice générale de l’AFA, la richesse ou la précarité n’expliquent pas tout : l’intégrité reste avant tout une question de choix et de vigilance.

Le défi pour l’État est donc double : il doit non seulement soutenir ses services publics pour qu’ils puissent répondre aux besoins des citoyens, des citoyennes, et aux transitions en cours, mais aussi les protéger des risques de corruption et renforcer la confiance dans l’action publique.

Cela nécessite une mobilisation complète, des dispositifs de contrôle robustes et une formation continue des agents, afin que le service public conserve son sens et sa légitimité, aujourd’hui et demain.

Par la voie du respect de ses principes, à actualiser en fonction de nouveaux besoins, mais aussi de nouvelles exigences permettant de renforcer cette robustesse, et combattre ainsi sa mise au rabais...

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