L'aurore s'allume...(V.H)
La gauche, c'est le progresso de la devise inscrite sur le drapeau brésilien La droite, c'est plutôt le ordem qui précède. Ordem e progresso est inspiré d'Auguste Comte, cela va permettre au Tertruffe de se gausser de mon positivisme supposé.
Mais il n'y a pas de progrès sans un ordre qui en garantisse la pérennité (l' « ordre juste », bien sûr : l'ordre injuste et le désordre ne garantissent rien du tout de positif (ah, le positivisme...). Cet ordre juste, l'un des slogans de la campagne de 2007, est à mettre en relation avec la nécessaire « révolution démocratique ».
Reste à définir le progrès.
Les Lumières y voyaient, d'un même mouvement, l'avancée de la société, de l'individu, des techniques, de la culture, de la science... ( toutes fibres d'un même cable), hors des Ténèbres appelées à s'évanouir : recul de l'ignorance, des superstitions, de la soumission irraisonnée aux traditions et aux autorités non légitimes. Tout pas en avant appelant et entraînant le pas suivant, par exemple telle innovation technique entraîne un progrès économique lui-même facteur de progrès moral, etc.
Tout au long de la période 1789-1968, la Droite fut assimilée grosso modo à la résistance au Progrès (aux « nouvelletés » dommageables et contraires à l'ordre « voulu par Dieu » et aux sacro-saintes traditions), et la Gauche, au contraire, à l'adhésion à la marche du Progrès. Les libéraux, premiers apôtres dudit Progrès, passèrent vite (entre 1848 et 1917) le flambeau au mouvement ouvrier dominé par les marxistes, ceux-ci subordonnant la poursuite du Progrès général à la prise du pouvoir politique par le prolétariat, émancipateur de l'Humanité.. Il est bien établi, en France au XXème siècle, que le progrès c'est ce qui va vers (et/ou ce qui découle de) la planification autoritaire...
Vers 68, patatras : on s'avise à gauche que tout progrès est loin d'avoir des effets désirables. C'est le moment de la « post-modernité ».
Une critique acérée du Progrès distingue alors ses diverses composantes et les déclare caduques les unes et les autres : progrès politique et social, progrès scientifique, progrès technologique, économique, moral, etc., autant de baudruches à dégonfler.
Il y a deux écoles : (1) le nihilisme et (2) le messianisme maintenu. Tous deux me paraissent des impasses. Pour les uns le progrès est une illusion, pour les autres il reste subordonné à la prise du pouvoir par « le prolétariat » ou ses représentants auto-proclamés.
On peut proposer une autre perspective : celle du retour au Progrès. Admettre que le développement des forces productives se poursuit en l'absence de dictature du prolétariat : c'est un gros dogme qui doit tomber, là... celui qui affirme que le progrès qui est d'abord celui des forces productives, est arrêté, les structures capitalistes étant incapables désormais de lui servir de cadre.
Je suggère de revenir à une lecture plus fraîche de Marx, et d'admettre que ledit développement se poursuit, et que c'est cette poursuite qui fait craquer les jointures du vieux monde.
Dès lors le Progrès ne dépend plus de l'issue de la lutte des classes : au contraire il la génère, voire la compose en attendant son accomplissement.