Précaution liminaire: je ne suis pas un partisan de François Hollande, je ne voterai pas pour lui à la primaire, ni au premier tour en avril; et je ne souhaite pas avoir à voter pour lui au second tour. Pourquoi le défendre ? Parce qu’il a été injustement attaqué et que cela dégrade le Club. Qu’ai-je à y gagner ? Rien du tout, que des coups à prendre. C’est juste pour obéir à ma conscience d’honnête âne.
J’insiste pour Utopart, qui est parfois un peu distrait, et en outre déjà persuadé du contraire: je ne suis pas un partisan de François Hollande. J’espère que quelque un le lui répètera (à Utopart, pas à François Hollande).
Une première attaque injuste a consisté à s’en prendre à F.H. à cause de l’orientation politique de son père, qui était tixiervignancourtiste et pro-OAS dans sa jeunesse (à lui, F.H.). On supposait un risque d’effet « de lignée », une sorte de tare héréditaire qui pèserait sur F.H., un « retour du refoulé » peut-être.
Cette ignominie semble avoir fait long feu. Je la rappelle pour montrer que les candidats, quel qu’ils soient, peuvent être en butte, dans les semaines et les mois qui viennent, à toutes sortes de saloperies, et qu’on en entendra d’autres, du même tonneau.
Une autre attaque, plus subtile et même très adroite, a été d’accuser F.H. de duplicité à propos du référendum de 2005.
Je cite:
François Hollande : « si Chirac avait mis en jeu son mandat, le PS aurait naturellement appelé à voter NON, comme pour De Gaulle en 69 »...
C'est donné comme une malhonnêteté.
Un peu d’Histoire est nécessaire, bien que je sois, de l’avis de beaucoup de gens, nul dans cette discipline comme dans tant d’autres.
Les bonapartistes ont introduit dans nos institutions le « plébiscite »: on fait approuver par le Peuple, en gros, le pouvoir personnel du Bonaparte. C’est un référendum très spécialisé, et qui finalement n’a rien de démocratique, en dépit d’une certaine apparence formelle. Jusqu’en 1958, les républicains, démocrates, socialistes, se sont toujours vigoureusement opposés au plébiscite.
La Constitution de 1958 a institué le référendum, et les opposants ont crié au plébiscite. Et en effet De Gaulle a fait du référendum un usage outrageusement plébiscitaire., qu’on peut résumer par la formule: « moi ou le chaos ». La gauche a toujours considéré le référendum-plébiscite comme illégitime et anti-démocratique, et répondu non (sauf exception). Ce non signifiait alors: non au pouvoir, et non pas nécessairement non à la question posée. Les exceptions concernent la fin de la guerre d’Algérie. En 1969, De Gaulle a perdu son dernier référendum-plébiscite, et s’est retiré immédiatement.
Par la suite, il a été fait un usage beaucoup plus modéré du référendum; parallèlement l’idée qu’un référendum pouvait être une procédure démocratique a fait son chemin. Aujourd’hui on fait grand cas (avec raison me semble-t-il) du référendum d’initiative populaire.
Revenons à 2005. Chirac, alors ingambe et en pleine possession de ses moyens, décide de soumettre à la procédure du référendum le TCE. Vieux réflexe chez les socialistes: non au référendum-plébiscite, non à Chirac, non à Raffarin. Oui mais, les socialistes sont pour l’approfondissement des institutions de l’Union, et considèrent, très majoritairement (à tort ou à raison, le problème n’est pas là), que le TCE va dans ce sens. Cruel embarras. C’est Chirac (le futur supporter corrézien de F.H.), qui donne le coup de pouce: « je resterai à mon poste de Président, que les Français votent oui ou votent non ». Dès lors la cruelle alternative n’en est plus une, le référendum n’a pas de caractère plébiscitaire, n’est plus centré sur le pouvoir de l’homme au pouvoir, et on peut répondre (bien ou mal ce n’est pas le problème ici) à la question posée et non pas à celui qui la pose. Où est la duplicité ?
Je soupçonne pour ma part que bien des gens qui ont voté non l’ont fait pour dire non à Chirac et non à Raffarin… Mais c’est un autre débat.
(Je n’ai pu faire valoir cette explication sur le blog considéré, y ayant été déclaré persona non grata. Oui Utopart, je défends ici F.H. sur deux points. Non, Utopart, je ne suis pas partisan de F.H. Oui, c’est très difficile à comprendre. Non, je ne suis pas un coupeur de cheveux en quatre. Oui, Utopart, non, Utopart, oh et puis zut…).