(perspectives de la gauche pragmatique)
Il me semble avoir dit déjà qu'il faudrait garder deux fers au feu. Cette expression empruntée à la repasseuse d'autrefois et au maréchal-ferrand de jadis et prise au sens figuré par les bâtisseurs de stratégies politiques de naguère devrait signifier, pour les partisans de l'économie de marché régulée à gauche, autrement dit, pour la gauche pragmatique, qu'il y a présentement deux chemins qui, partant du réel, peuvent conduire à cet idéal, et que, très probablement, l'un des deux chemins se révélera le seul praticable, mais on ne sait pas lequel.
Il faut donc se préparer aux deux éventualités.
La première est que l'entreprise politique macronienne aille à son terme de façon satisfaisante, c'est à dire ouvre des perspectives, et désembourbe le pays dans sa marche au progrès. Pour l'instant le PR et son équipe se débrouillent plutôt pas mal, dans l'ensemble, mais le chômage augmente encore et les inégalités ne diminuent pas. Il y a des chances que l'embellie économique se poursuive (d'ailleurs la conjoncture s'y prête enfin), mais on ne sait pas quel sera l'impact à moyen terme sur la situation sociale en souffrance.
La seconde est que, la première pouvant échouer ou dévier et ne pas tenir ses promesses, la gauche pragmatique doive se recomposer de façon autonome, pour saisir le bâton de relais le moment venu.
C'est dans ces deux paniers que la gauche de progrès doit mettre
« Ses œufs, ses tendres œufs, sa plus chère espérance ».
On ne peut encore prévoir laquelle des deux voies se révèlera la plus plausible à l'horizon 2020. C'est pourquoi il faut se préparer aux deux, en attendant une unification en temps opportun.
Certains ont choisi ou choisiront la première voie, d'autres la seconde.
Il faut aussi des gens pour assurer l'arbitrage par une observation bienveillante, mais sans complaisance, de l'un et l'autre des deux processus : celui qui est en cours depuis mai, et celui qui est en passe de démarrer.