Et le peuple lui dit: « Rentre dans ta maison». Le Peuple est une notion fort utile pour servir de sujet à la « Volonté générale » (autre notion de philosophie politique). Dans la dialectique des «Cartes» et du « Territoire », quelle est sa place? (Rappelons que «Territoire » et «Cartes» désignent ici respectivement la réalité, diverse, contradictoire et inépuisable, et ses diverses représentations ou «grilles de lecture» à la disposition des sujets soucieux d’appréhender la réalité. Rappelons aussi la relativité de cette distinction.)
Dans la réalité, il existe des gens, nombreux, divers, et occupés de différentes manières à telles et telles activités qui concourent en définitive à la production et à la reproduction matérielles (et autres) de leur existence. Ces gens forment des populations.
Qu’est-ce que le Peuple ? Il désigne d’abord, en négatif, les autres que. Autres que la classe sénatoriale chez les Romains: « Senatus PopulusQue Romanus », (mis à part les esclaves, qui ne comptent pas). Autres que les privilégiés et les notables (toujours mis à part les esclaves), sous l’Ancien régime.
Puis, en positif, il devient synonyme de Nation: c’est le Peuple souverain.
« Le Peuple souverain s’a-a-vance:
Tyrans, descendez au cercueil… »
Le Peuple est le sujet porteur de la Volonté générale. Peuple et Volonté générale sont deux fictions opératoires, deux expressions simples d’une réalité trop complexe pour être appréhendée commodément sans elles.
Pour remplacer la théocratie par la démocratie (le bon Dieu et li bons homs par les bonshommes et les bonnes femmes) il faut une instance qui représente la masse des humains présumés libres, égaux et fraternels (et éclairés). Ce sera le Peuple souverain, entité animée de la Volonté générale. Vous prenez le Territoire (ici la masse des gens dans leurs occupations, y compris politiques, diverses) et vous en dressez la carte (une carte est toujours une simplification significatrice) et sous la plume du cartographe bienveillant apparaît la figure du Peuple souverain, signifiant un, simple et superbe d’un signifié divers, humble et complexe, à qui l’on peut prêter un certain nombre d’attributs.
(à suivre)
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