Est-il légitime d’utiliser ces figures, ces abstractions: Peuple, Volonté générale, Classes antagonistes ? Oui, à condition de les prendre pour ce qu’elles sont, des éléments de représentation de la réalité, et non pour les réalités qu’ils représentent.
Ils sont analogues aux valeurs algébriques. 12 pommes par tarte, cela multiplié par 3 tartes, sachant que chaque convive recevra 1/4 de tarte, cela peut s’écrire:
12 x 3 = 36 = z x 4,
et on saura vite, en calculant, qu’il y a 9 convives, et que chacun aura dans sa part de tarte 4/3 de pomme (si dans un mouvement généreux l‘on décrète l‘égalité). C’est beau et utile, le calcul. Il ne s’ensuit pas pour autant que la lettre z puisse se régaler du nombre 12, ni d’ailleurs d’aucun nombre. Comme disait Althusser* (et avant lui Ninipotch**), « le concept de chien n’aboie pas ».
En résumé: le Peuple a une Volonté, qu’il exprime soit par les urnes soit par des mouvements de grève ou de rue, voire par l’insurrection armée comme en 1944. Ce Peuple et cette Volonté sont des représentations abstraites qui expriment la résultante politique d’une foule de composantes diverses et changeantes: celles de la réalité des êtres humains aux prises avec la production et la reproduction permanentes de l’existence.
Une autre fois, pour le plaisir de consterner les sectaires, je procèderai à l’éloge critique du libéralisme politique (j’ai dit: politique, inutile de me faire de faux procès), et des notions d’équilibre des pouvoirs, et aussi des principes de subsidiarité et de suppléance.
* Althusser: maître de Badiou
** Ninipotch: maître de Botul et de H-H Huchappin
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