Conte
Il était une fois une peuplade encore un peu primitive (ce qui ne l’empêchait pas de se dire le peuple le plus spirituel de la terre), où la vie sociale était dominée par un clivage entre les partisans de se prosterner devant la Vache sacrée et de la servir comme ses esclaves, et ceux de se débarrasser de ce joug et de mettre à mort la vilaine bête, monstrueuse et malfaisante, en lui en enfonçant dans le flanc, côté gauche, un pieu fort pointu.
Or un prétendant au pouvoir tenait un discours différent. Et dans l’intention de se faire porter sur le pavois, il disait aux uns: « mon intention n’est aucunement de tuer la Vache sacrée, rassurez-vous », aux autres: « la Vache sacrée ne doit pas nous pourrir la vie, et j’y mettrai bon ordre ». Et l’on l’accusait de double langage.
Intermède: Le satyre et le passant (La Fontaine)
(On trouve aisément cette fable sur Internet. Elle se termine par:
« Arrière ceux dont la bouche
Souffle le chaud et le froid ».)
Il n’est pas question pour le prétendant de supprimer la finance, elle est utile à l’économie; il faut néanmoins l’empêcher de nous dicter nos conduites. Aussi bien les néo-libéraux, que les archéo-dirigistes, sont incapables de sortir de l’alternative: éliminer la finance, ou en être esclaves. Ils sont comme le satyre de la fable, qui ne comprend pas qu’un même souffle puisse réchauffer les doigts et refroidir la soupe. Ne connaissant que la chasse au buffle et l’adoration du buffle, il leur échappe qu’on puisse être assez fou pour vouloir domestiquer l’animal, le traire, et avec le lait confectionner de délicieux fromages et flans pour les cantines des écoles du pays.
À la fin le néo-libéralisme et l’archéo-dirigisme se marièrent et ils eurent beaucoup d’enfants.
Billet de blog 23 février 2012
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