Par Melchior Griset-Labûche, de l’Institut herbager de Saint-Isidore-en-Val.
(Résumé des chapitres précédents: Melchior a brièvement traité de la consommation et de la production).
- Mais (repris-je) une question se pose: comment passe-t-on de la production à la consommation, quel est le lien entre ces deux « fonctions de base », comme on dit ? Comment le producteur sait-il ce que va demander le consommateur ? Et comment se fait l’échange, ou, en tous cas, la répartition de ce qui est produit ? J’y viens.
- On t’écoute, ô Melchior.
- Si le consommateur et le producteur sont une seule et même personne ou un petit groupe de personnes, il n’y a guère de problème: pour consommer, on se débrouille avec ce qu’on a, pour avoir à consommer, on se règle sur son appétit et ses autres besoins à satisfaire. Quand on peut on fait des provisions, et quand il le faut on les utilise…
- Des confitures, des conserves…
- … mais la réflexion économique ne va guère plus loin. Tout au plus se livre-t-on aux délices du « détour productif », dont je parlerai tout à l’heure, à propos de l’investissement, faites m’y penser (dis-je à mon auditoire - à la jardinière s‘étaient jointes mes deux oies de compagnie), et de l’épargne, ça va ensemble.
- Tu causes bien, Melchior, quand tu veux !
- S’il y a division (technique et/ou sociale) du travail, alors la fonction de répartition prend tout son sens. C’est la troisième fonction de base. Il faut considérer un débouché pour la production, « en aval » de celle-ci, et une origine des ressources pour la consommation, « en amont » de celle-là, et le système doit rapprocher les deux, de sorte que l’aval de l’une soit l’amont de l’autre.
- Fais-nous un dessin.
Je m’exécutai, et repris:
- De la répartition, il y a trois modalités connues, dans le monde moderne.
Je comptai sur mes sabots:
- Premièrement, un rapport des forces physique ou politique (s’appuyant éventuellement sur la tradition) détermine ce que chacun est autorisé à consommer, et la place que chacun est tenu d’occuper dans la production (et la part qu’il doit y prendre).
Deuxièmement, variante: un plan centralisé s’impose, qui prévoit tout et plus encore.
Ou bien, troisièmement, des échanges ont lieu, selon la « loi de la valeur » (notion la plus difficile de l’économie, que nous réaborderons quand nous en aurons le courage.
- Il faut oser, Melchior…
- Oui, oui; un peu plus tard. Je poursuis: à cette répartition primaire peut s’ajouter ce qu’on appelle la répartition secondaire, ou redistribution, qui corrige la première en fonction d’impératifs économiques, politiques, sociaux; elle est financée par les prélèvements obligatoires et opérée par les pouvoirs publics.
Ici, je fis une petite pause. Puis je repris:
(à suivre)
Billet de blog 24 juin 2012
Éléments d’économie (4).
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