Par Melchior Griset-Labûche, de l’Institut herbager de Saint-Isidore-en-Val.
(Résumé des chapitres précédents: fonctions de base, agents, circuits; monnaie, valeur, croissance; Melchior est lancé au trot.)
On se convaincra aisément que la valeur, en effet, circule dans le circuit économique, en deux sens opposés: chaque flux réel (de biens et services) est doublé d’un flux monétaire (le paiement) de sens contraire, en contrepartie. Une boîte de petits pois, affectée d’une valeur, sort du stock de produits finis de sa conserverie natale, vient chez le grossiste puis chez le détaillant, passe du rayon au chariot puis à la caisse, reste entre les mains du consommateur, et finit sa carrière autour d’un pigeon ou autrement. Sa contre-valeur va de la réserve de monnaie du consommateur à la caisse du détaillant, de là au compte en banque du grossiste, de là à celui du producteur, puis à ceux des fournisseurs du producteur (avec toute une série de décalages dans le temps…).
(Je me saisis d’une baguette qui traînait par là, et esquissai sur le sol de l’allée un schéma, que je ne puis reproduire ici).
En revanche, les flux monétaires ne sont pas forcément accompagnés de flux réels de même montant, du moins dans l’immédiat, mais, en général, ils les permettent. Un crédit à la construction consiste en un flux de mise à disposition de pouvoir d’investissement, assorti d’un engagement du bénéficiaire à rembourser, dans le futur, le capital et des intérêts. Il permet de payer la construction.
- D’autres exemples ?
- Un dépôt en banque, un contrat d’assurance, une spéculation, relèvent du même genre d’analyse: le temps, c’est de l’argent, et ce qui est échangé ici, c’est, en définitive, du temps.
Nous fîmes une petite pause, le temps de prier le Temps et de recevoir sa bénédiction. Puis (entre temps mes oies de compagnie étaient venues nous rejoindre, et écoutaient avec une grande attention):
- Dans le circuit économique, les flux (réels ou monétaires) passent par des pôles: les agents (ménages, entreprises…), et ils sont soumis, en économie marchande, aux marchés…
- Ah, les marchés ! Ça devient chaud. Ils ont mauvaise presse, les marchés.
- Bien à tort. Les marchés sont les lieux (théoriques, virtuels) de confrontation de l’offre (rentable) et de la demande (solvable: pourvue d’un pouvoir d’achat). C’est cette confrontation qui détermine le prix d’équilibre du bien (celui sur lequel s’accordent l’offre et la demande) et les quantités échangées (cela suivant diverses modalités, selon les « structures » du marché), qui sont diverses. On distingue d’ordinaire les marchés des biens et services de consommation (où les demandeurs sont les « ménages », les consommateurs), ceux des biens et services de production (où les demandeurs sont les entreprises), les marchés monétaires et financiers, et « le » marché du travail (il y en a en fait un grand nombre, interdépendants, interconnectés). Il en est ainsi, en tous cas, dans notre économie monétaire de production; il en va différemment dans les économies planifiées, où les ressources sont allouées par le Plan, suivant des critères bureaucratiques.
Ici je m’interrompis, craignant de fatiguer mes auditrices. C’est elles qui me demandèrent, un peu plus tard, de leur parler, non plus de l’économie politique, mais de la politique économique, un sujet difficile, on en conviendra je pense.
(à suivre)
Billet de blog 26 juin 2012
Éléments d’économie (8).
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