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Billet de blog 26 août 2011

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Assumer sa gauchitude

Je maintiens qu’une définition claire et précise de la gauche est encore ce qui manque le plus à la gauche en général et au PS en particulier, et que ce déficit d’identité est l’une des causes de nos difficultés présentes.

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Je maintiens qu’une définition claire et précise de la gauche est encore ce qui manque le plus à la gauche en général et au PS en particulier, et que ce déficit d’identité est l’une des causes de nos difficultés présentes.

02 Novembre 2008 (comme c'est loin tout ça !)

N’en déplaise à ceux qui pensent que je radote (ils ont peut-être raison mais la question n’est pas là), je maintiens qu’une définition claire et précise de la gauche est encore ce qui manque le plus à la gauche en général et au PS en particulier, et que ce déficit d’identité est l’une des causes de nos difficultés présentes.


J’entends d’ici qu’on se récrie:

- Quoi, Melchior, tu viens nous embêter avec cette vieille obsession et cette manie d’enfoncer les portes ouvertes. La gauche, c’est tout simple, la gauche, eh ben c’est… la gauche, en quelque sorte, c’est la gauche, quoi ! Il n’y a rien à définir.

Mais on voit les uns et les autres se perdre dans leurs demi-tours et quarts de tour, leurs 10¨% à gauche, leurs t’es au centre-gauche, leurs plus à gauche que moi tu meurs, le tout dans la plus grande confusion.

J’ai demandé à Pupunat de la motion F, l’autre jour:

« Mais qu’appelez-vous « la gauche » ? ( Nous avons droit à une définition simple et claire). »

Il m’a répondu, après réflexion:

« … pour la définition simple et claire, je ne peux que conseiller celle de wikipédia très éclairante :

Les notions de droite et de gauche renvoient à une opposition en politique qui, depuis la France de 1789 s'est étendue dans une grande partie des systèmes politiques d'assemblée. L'évolution et les nuances de cette bipolarisation opposent globalement

- la défense d'un ordre efficace respectant l'autorité des élites (droite)

- la revendication d'un progrès juste structurant l'organisation égalitaire de la cité (gauche) »

Or cette réponse ne me satisfait pas vraiment. Je vois bien la droite: ordre établi et élitisme (cela s’applique aussi au communisme soviétique, et à ses dérivés, soit dit en passant…).

Mais la gauche est définie seulement par référence à l’égalité (non définie elle-même ! Ce serait pourtant bien nécessaire: égalité des chances ? Des revenus du travail ? Des ressources ? Des conditions d’accès au bien-être ? Au pouvoir ? Ou autre chose encore ?)

Quid du rapport à la liberté ? Est-il entendu une fois pour toute que liberté et égalité sont antinomiques ?

Quid de la fraternité ? Est-ce un thème quasi religieux, lubie pour télévangéliste du Poitou, qu‘il est indécent d‘évoquer ?

Je retiens, à titre provisoire, une autre définition; j’ai d’autant moins de mal à l’adopter que c’est moi qui l’ai proposée:

"Pour moi les gens de gauche sont ceux qui veulent transformer la société, avec lucidité et réalisme, dans l'intérêt des travailleurs (partant, de toute la société, présente et à venir) selon un triple idéal de liberté, d'égalité et de fraternité - sans sacrifier aucun des trois termes. Ils ont le triple souci de la démocratie, de la justice sociale, de la préservation de l'environnement. (Définition improvisée; ça se discute)".

Si quelqu’un voulait pointer les insuffisances de cette conception et proposer mieux ?

Je répète en outre qu’il faut en finir une bonne fois avec la fable marxiste de la gauche collectiviste opposée à la droite d’économie de marché. Ce n’est pas là que passe le clivage. Il se situe désormais entre une organisation économique et sociale où le but est le profit, la consommation étant un moyen, et une organisation économique et sociale où le but est le bien-être général et les éléments économiques (dont le profit parmi les autres) des moyens.

La gauche française contemporaine reste prisonnière des deux grandes idéologies du XXème siècle: le marxisme politique et l’ultralibéralisme, et se retrouve de ce fait dans une posture malsaine : on nous ressort encore la prétendue antinomie de la liberté et de l’égalité, il faudrait choisir entre l’une et l’autre.

L’ultralibéralisme sacrifie l’égalité sur l’autel du profit, et de la liberté confisquée en fait par les investisseurs: l’efficacité économique serait à ce prix.

Le marxisme politique prétendait que l’égalité n’était réalisable qu’à condition de renoncer aux libertés formelles; on sait que cela conduit à l’oppression des masses par ceux qui sont « plus égaux que les autres ».

Ces deux grandes mystifications ont fait faillite, mais il en reste plus que des traces dans les têtes des militants. Les uns au nom du réalisme remettent l’égalité à plus tard. Les autres ne voient d’égalité que dans l’assujettissement à l’Etat national. Il faudrait en finir avec ces sornettes, et revenir à l’idéal républicain, dans lequel l’articulation de la liberté et de l’égalité se fait par la fraternité.(*)

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