26 novembre 2012 Par Melchior Griset-Labûche
Une lectrice attentive mais extérieure à Médiapart m'a interpellé au sujet de mon billet déjà un peu ancien "Dogme et système de pensée", dont j'avais dû fermer le fil aux commentaires, à cause des coliques frénétiques du sieur jpylg (j'espère qu'il va mieux, depuis qu'il a pris de la hauteur).
Ci-dessous, les questions de la dame, et mes réponses.
Il apparaît dans votre texte que le dogme serait comme constitutif d'un noyau central, une forteresse intérieure, de la personne.
Je ne suis pas sûr que le mot « dogme » soit adéquat, finalement (surtout après votre mise au point étymologique, dont je vous remercie). Il est certainement préférable de le réserver au point de départ des doctrines, religieuses ou autres.
Mais il y a bien, dans la mentalité de chaque personne, un noyau central d’attitudes profondes, qu’on dit « viscérales »: des « vérités » évidentes aux yeux du sujet, et indémontrées.
Vous ne dites rien du processus de constitution du dogme. Vous le présentez comme préalable dans la difficulté de changer.
En effet. La genèse, tant comme fait social que comme trait psychologique individuel, n’est pas abordée. C’est moins par négligence que par incapacité: il y faudrait de longues études.
Il me semble que la mentalité, politique-sociale est «métastable ». Pour la faire évoluer il faut atteindre le noyau, de façon à provoquer une remise en cause.
Or ce mot a une histoire, Dogma que l'on pourrait traduire comme "loi de jurisprudence", ou "décision de justice opposable", aboutit à désigner une parole pensée comme instituante, qui vient d'un groupe d'hommes qui ont posé cette décision comme condition constitutionnelle du groupe.
Au commencement est le Verbe.
Exemple; la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis (1776):
Toute constitution est par définition dogmatique. C'est le coeur de la Loi. (Pas au sens de Noumen qui est plutôt le loi scientifique).
On peut dire aussi bien postulatoire (ou axiomatique, ou fondatrice).
Pouvez vous m'expliquer pourquoi vous ne parlez pas du dogme dans son élaboration et dans son arrêté ?
Voir plus haut. C’est une lacune. Si vous entrepreniez de la combler, je suivrais votre effort avec un vif intérêt.
Comme de coutume, le fil est placé sous la sauvegarde bienveillante de la communauté médiapartienne. Il peut néanmoins être fermé aux commentaires, ou bien disparaître à tout moment.
Tous les commentaires intéressants.
26/11/2012, 21:24 par Joël Villain
Le dogme, vaste sujet... Il est plus facile, d'énoncer ce que le dogme n'est pas... Le doute, l'ouverture, la reconnaissance des faits comme susceptibles de remettre en question toute vérité sociale , culturelle ou religieuse... La démarche scientifique est non dogmatique ce qui n'a pas empèché certains savants de s'enfermer ds des attitudes dogmatiques. Lords Kelvin disait à la fin du XIX e : "Je plains les scientifiques du XXeme siecle, ils n'auront plus rien à découvrir"!!! Quelques années plus tard la relativité venait secouer le monde de la physique puis la physique quantique...Le grand Einstein, lui même, a refusé certaines théories our des raisons subjectives: la physique quantique, le modèle standard cosmologique etc... Le "non-dogme est fondé sur une certaine qualité d'humilité, de curiosité, de sérénité....
27/11/2012, 00:17 par malin0
Einstein dogmait peu, mais il dogmait vite.
27/11/2012, 06:59 par Melchior Griset-Labûche
Sans doute faut-il distinguer dogme et dogmatisme.
En outre il paraît inévitable que certains processus, liés à la métastabilité, freinent le processus de remise en cause de la vision du monde, chez ceux-là mêmes qui viennent d'y contribuer.
(J'ai supprimé une tentative de hors-sujet - qu'on retrouve d'ailleurs sur un autre de "mes" fils).