La main de votre Justice est passée certainement à bon droit, sur notre conclubiote. Mais considérez le trouble des bonnes gens, qui se demandent ce qu'il est advenu de ce grand pendard dont certains avaient à se plaindre, mais dont tous, ou presque, considèrent que sans lui le Club ne sera que ce qu'il est.
Des gens s'en vont, des gens meurent, des gens meurent après s'en être allés, d'autres, en quantité, restent timidement au bord de la pataugeoire et répugnent à participer au-delà de quelques commentaires pour s'en prendre à tel ou tel courant politique qui leur déplaît. Cela est triste.
Les contrepets se font si rares dans le club que c'est grande pitié. La foule s'assemble et commence à murmurer. Un grand désordre se prépare à bas bruit.
N'est-ce pas le moment de se référer à Goethe ? (Peuh, un Allemand, diront les germanophobes, mais quoi, nobody's perfect).
Un jour, quand Goethe était ministre à Weimar (comme c'est loin, tout ça), il voulut sauver une sorcière du bûcher ; on lui remontra que la condamnée l'avait été dans les formes requises par la Justice, que la libérer serait une injustice à l'égard de tous ceux qu'elle avait ensorcelés .
Goethe répondit que le peuple ne semblait pas accepter cette sentence, et, dit-il : « J'aime mieux une injustice qu'un désordre ». Phrase qu'on lui reprocha sans en connaître le sens, et pourtant n'avait-il pas raison ?
Donc grâce ! Grâce ! Le peuple vous bénira, le criminel s'amendera, ses victimes seront dédommagées par la joie qui saisira le Club, et votre moustache resplendira comme le panache blanc du bon roi Henri.