50 millions. Ce sont 50 millions de femmes âgées de 18 à 74 ans qui déclarent avoir subi des violences physiques et sexuelles à l’âge adulte, dans l’Union européenne, d’après les chiffres publiés par Eurostat l’an dernier. 50 millions de trop. Et comme chaque 25 novembre, nous nous mobiliserons pour dénoncer ce fléau qui traverse les frontières et les époques. Derrière ce chiffre glaçant, ce sont des existences fauchées, des vies fracassées.
Cette violence, nous la constatons chaque jour. Cette violence, nous sommes malheureusement nombreuses à l'avoir vécue.
La violence patriarcale, c’est l’horreur qu’a vécue Gisèle Pélicot pendant des années et son combat pour la justice. Ce sont les plus de 200 000 viols ou agressions sexuelles déclarés, tous les ans en France. Cette violence n’est jamais un accident, elle est permise, tolérée, reproduite. Elle fait système. Les agresseurs sont les fils sains du patriarcat.
Ce sont les féminicides, celui de Delphine Jubillar comme les plus de cent femmes tuées l'an dernier dans l’Hexagone, et les trop nombreuses victimes partout en Europe. Chaque semaine apporte son lot d’horreurs.
Dans la rue comme dans l’hémicycle nous nous battons tous les jours.La mobilisation pour l’inscription de la notion de consentement dans la loi française relative au viol et aux agressions sexuelles est une victoire significative, mais le chemin reste immense.
Car la violence prend mille formes. Elle est invisible, insidieuse, structurelle.
Et pour réellement transformer nos sociétés, rongées par les inégalités, il faut ainsi s’attaquer aux multiples causes de ces violences, car la violence, ce n’est pas seulement les coups: c’est tout ce qui les rend possibles.
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La violence doit être entendue de manière large et désigner les multiples attaques subies par des millions de femmes, qui sont le fruit d’une idéologie politique rétrograde et véhiculée par l’extrême droite.
Car la violence, c’est aussi celle qui s’exerce contre toutes ces femmes qui ne peuvent avoir recours à une IVG en Pologne, résultat direct de presque 10 ans d’extrême droite. C’est la menace persistante contre les droits sexuels et reproductifs partout où les politiques réactionnaires passent, comme en témoigne l’autorisation de visite de associations anti-IVG dans les plannings italiens.
La violence, c’est le harcèlement en ligne répété contre des femmes, des responsables politiques, des militantes féministes sur les réseaux sociaux, parfois organisées en meute par des réseaux masculinistes. D’après l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE), en 2021, c’est un quart des femmes âgées de 16 à 29 ans qui déclarait avoir subi du harcèlement en ligne dans l’UE. Le numérique est devenu une nouvelle arme contre les femmes et leur participation à la vie publique.
C’est la violence accrue contre les femmes racisées et les personnes LGBTQIA+, ciblées par des agressions que les extrêmes droites ne dénoncent jamais et qu’elles alimentent en organisant des événements transphobes, anti-IVG ou racistes au Parlement européen et partout ailleurs
La violence, ce sont également les inégalités économiques entre les femmes et les hommes, au travers notamment des écarts salariaux de 13% dans l’Union européenne en 2023.
Et puis, il y a la violence du déni. Il y a deux semaines à peine, lors d’un vote au Parlement européen sur la stratégie pour l’égalité de genre venant dénoncer toutes ces agressions subies par les femmes dans l’UE, certaines droites (notamment la droite française) et les extrêmes s’exprimaient contre le texte. Refuser de nommer la violence, c’est choisir la violence.
Cette extrême droite, c’est la même qui nous explique que le patriarcat n’existe pas en Europe, pour qui le danger serait les hommes migrants. En niant le patriarcat et ses effets dévastateurs, l’extrême droite met en danger les femmes de ce continent.
En ce 25 novembre, nous devons maintenir la pression, poursuivre la lutte contre toutes les violences à l’égard des femmes, d’où qu’elles viennent. Nous ne céderons rien, ni aujourd’hui, ni demain, tant que les femmes mourront.