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Billet de blog 28 avril 2024

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Nos discours censurés ? Pour un cessez-le-feu

Il y a quelques mois j’ai pu écrire un article pour Bissai média: Nos discours censurés: la parole publique des personnes racisées. Cet article avait pour but de mettre en avant les mécanismes mis en place pour faire taire les voix des personnes dénonçant les oppressions. Mais aujourd'hui cela gangrène la société et alerte les institutions internationales.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
© ian-hutchinson

Le terme censure peut paraître violent ou non approprié pourtant beaucoup de personnes, y compris des journalistes racisé•e•s,  ont pu se reconnaître à travers ces mots. Depuis 2014, je tiens un propos anti-raciste, féministe, contre l’homophobie… Bref, tout ce que la salade woke peut comprendre, que ce soit sur les réseaux sociaux, dans la vie de tous les jours, dans le monde universitaire ou autre. Dire que ce type de discours est majoritaire est faux. Depuis des années je subis du cyber-harcèlement à chaque fois que j’évoque ce sujet, mais d'autres soucis quant à mon engagement. La violence n’a pas augmenté, elle a juste été légitimée.
Je ne pensais pas voir un jour un tel revirement politique où la gauche centriste tient des propos autrefois attribués à l’extrême droite. Ce discours devient la norme, rendant ainsi ce discours  acceptable et accepté. 

Face à ce climat et à la volonté de faire taire tout soutien à la Palestine, je ne peux pas m’empêcher de repenser à la collégienne et lycéenne que j’étais face au cours d’histoire et la résistance française durant la seconde guerre mondiale. Comment on a pu laisser ça se passer ? Traquer nos résistant•e•s, dénoncer nos compatriotes juif•ve•s en les envoyant à la mort ? Pour moi, même à ce jeune âge, il y avait une trahison des valeurs françaises. 

Aujourd’hui, le roman national met en avant nos résistant•e•s. Récemment, l'hommage et la panthéonisation à Missak Manouchian a pu souligner l’hypocrisie française à ce sujet. Une vidéo de BLAST a pu nous partager l’histoire  Léon Landini, un camarade de Missak Manouchian et  membre de la FTP MOI. Cet échange soulignera le manque de considération à l’égard des derniers résistants et l'hypocrisie française sur ce sujet.

Nous voulons nous créer l’image d’une France résistante tout en restant lisse. Mais tout cela n’est qu’une illusion. C'était pourtant beau sur le papier, ça représentait les valeurs de la France dans mon imaginaire. Mais la réalité est tout autre, il suffit de se pencher sur ce qui se passe actuellement, nous avons l’impression de flirter vers le fascisme. Les articles et les émissions à ce sujet ne cessent de se multiplier encourageant la colère mais surtout l’inquiétude. Récemment, la pièce d’Eugène Ionesco Rhinocéros a pu se jouer au théâtre de la Joliette à Marseille, les critiques soulignerons que cette pièce est “tristement d’actualité”, nous regardons Bérenger seul sombrer dans la folie dans un monde où la norme lui semble irrationnelle. Pourquoi est-il le seul à ne pas succomber ? Pourquoi personne n’est autant en colère que lui ?  


Quand certain•e•s se battent contre les oppressions d’autres les répriment. Chaque prise de parole, chaque prise de position peuvent être un danger (risque de perdre son emploi, menace physique, harcèlement, sanction pénale…), si la dichotomie bien/mal anime toujours ces débats, il est temps de se positionner du côté des droits humains. Les institutions internationales déplorent le recul des libertés en France comme peut le montrer le rapport d’Amnesty international, des expert•e•s de l’ONU qualifient l’acharnement médiatique contre Rokhaya Diallo de harcèlement. Pourtant nos institutions ne semblent pas inquiétées. 


Est-ce bien l’esprit d’une France résistante ? Je ne peux pas m’empêcher de faire le parallèle avec notre histoire. Aujourd’hui je comprends mieux cette partie de l’histoire qui me semblait tellement contradictoire, il n’y avait pas de contradiction, mais juste une régime autoritaire où toutes les opinions contestataires étaient éteintes. 

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