La haine est un sentiment que l'on exprime envers soi-même ou envers l'autre.
Elle est une preuve d'humanité profonde par ailleurs , la démonstration qu'il existe bel bien un monde intérieur au sein de nos corps enveloppés et de nos âmes dématérialisées.
Un monde particulier , intime , propre à chacun et qui bouillonne parfois jusqu'à l'explosion vers l'extérieur.
Comprendre ce qu'est la haine nécessite que l'on parvienne à la "paroliser" c'est-à-dire à porter des mots sur son existence , à la verbaliser.
Nous sommes tous haineux
Parce que nous sommes tous humains , nous sommes tous haineux. Peut-être pas toujours , peut-être pas longtemps ni pour les mêmes raisons mais qu'importe. En revanche , nous l'avons tous été au moins une fois dans nos vies , consciemment ou inconsciemment.
Alors , partons sonder la profondeur de notre mémoire pour y retrouver un moment , un passage , une anecdote qui met en scène cette partie de notre être figurant parmi les plus sombres.
Etre haineux est une faiblesse d'humain intégrée dans le logiciel de notre âme. Parce que nous réagissons , parce que nous sommes englué dans un tas de préjugés , de croyances toutes érigées en vérités et parce que nous avons tous été éduqués par des gens aimants mais imparfaits. Nous sommes haineux.
Sortons des livres et du jargon fumeux de psychanalyste , être haineux c'est en vouloir puissamment à quelqu'un pour une raison que l'on juge vraie , crédible et suffisamment importante pour légitimer ce ressenti. Tout simplement.
La question n'est pas tellement de savoir si nous avons raison ou tort. Il est plutôt question de proportion. Doit-on vraiment ignorer Paul pendant 6 mois parce qu'un beau matin il a osé prononcé une mauvaise parole. Est-il raisonnable d'être médisant envers Pierre parce que sa promotion au travail ne nous plaît guère. Et la femme de Jacques méritent-elle des torrents de reproches pour avoir ce corps de rêve que nous lui envions.
En réalité , le problème de la haine n'est pas tant son existence puisqu'elle est inhérente à notre condition , à notre nature , à notre humanité. Le vrai danger de la haine c'est son degré , son intensité et sa durée. Il existe , comme partout , des notions de seuils. Et à seuil dépassé , c'est le point de non-retour qui s'empare de nous et que nous devons surveiller.
Autrement dit , la haine est un mécontentement qui nous dépasse , qui emprisonne notre cœur dans une bulle très sombre et nous conduit à des attitudes tout aussi irrationnelles les unes que les autres. Le meurtre à vu le jour par la haine disons-le bien , la violence aussi , les agressions de même et toutes les misères de la condition de l'être humain.
Un continuum de sentiments
Avant d'être "haine" , elle était un "agacement". Et avant d'être "agacement" , elle n'était pourtant qu'une simple "irritation". Il existe donc un véritable continuum , une échelle de gradation qui pousse un même sentiment vers sa transformation jusqu'à atteindre les extrémités les plus profondes et les plus obscurs.
Ainsi , "l'agacement" que l'on nourrit devient progressivement "haine" qui ne tarit. Et ainsi de suite.
Ce qui veut dire que nous menons le mauvais combat lorsqu'on tente d'abattre la haine en elle-même. La bataille n'a de sens , elle est même perdue d'avance. La haine faisant partie de la nature humaine , il est vain de tenter de la faire disparaître.
En revanche , ce qu'il faut combattre c'est la métamorphose des sentiments , ce sont les seuils dangereux que l'on côtoie par la force des choses afin d'éviter qu'une simple gêne ne devienne une véritable explosion.
Accepter notre part de haine , pour mieux la contrôler.
L'humain est constitué d'un cœur blanc tacheté. Chaque tâche est un défaut , une facette , un combat à mener ou un contrôle à garder. Et la tâche de la haine en fait partie.
A l'image du Ying et du Yang , du blanc et du noir entremêlés dans des proportions qui varient selon les personnes. A l'image aussi du jour et de la nuit , du tout et de la partie , des vices et des vertus ainsi que de chaque chose et son contraire , il faut jongler avec.
Le but n'est pas de laver son cœur à la javel , nous pourrions l'abimer en le privant d'une partie de sa matière. L'objectif est de reconnaître ce qui nous anime , nous guide ou nous dépasse. D'en prendre conscience pour mieux mener notre barque émotionnel et cesser de se laisser emporter par cette partie sombre de notre être.