Pour répondre à cette affirmation explicite dans le projet du FN, il est tout d’abord bon de rappeler, comme l’a fait François Gemenne le 30 octobre 2013 dans l’émission de Thierry Ardisson, que l’immigration professionnelle ne représente que 10% environ de l’immigration légale, soit 20 000 personnes environ entrant pour motif professionnel chaque année. C’est donc bien faible au regard de l’ensemble de la population française s’élevant à 65 millions de personnes en 2011 et le rapport de cause à effet que pose explicitement le FN entre l’emploi des immigrés professionnels en France et « le chômage de 5 millions de français », pour reprendre les termes de Florian Philippot, parait, à la lumière de ces réalités, totalement fallacieux. Intéressons-nous ensuite à l’évolution de l’immigration légale et en particulier de l’immigration professionnelle en gardant en tête le projet officiel du FN dans lequel il nous est expliqué que l’immigration légale et en particulier professionnelle aurait connu une augmentation très importante depuis les années 2000. Or, si l’on s’en tient déjà à l’immigration professionnelle et toujours d’après les chiffres de l’INSEE, celle-ci n’a cessé de baisser de 1973 au moment du choc pétrolier et de la fermeture relative des frontières jusqu’en 2007, passant d’une moyenne de 100 à 170 000 personnes par an entre 1962 et 1973 à 12 200 entrées en 2007, et non 19 985 comme avancé sur le site du Front National. Cela contrecarre déjà nettement l’image d’une augmentation continue et drastique donnée par le parti d’extrême-droite. De fait, la seule hausse sensible a eu lieu en 2008, en lien avec la politique d’ « immigration choisie » de Nicolas Sarkozy, élevant à 21 800 le nombre de travailleurs entrés à l’année pour retomber ensuite à 17 700 en 2010, et non pas 32 132 selon les chiffres du FN. Ce dernier conclue son faux constat par la phrase : « L’immigration légale n’a jamais été aussi importante sous la cinquième République. » Oubliant au passage que ladite immigration légale est composée en majeure partie depuis les années 70 de personnes étrangères venus pour motifs familiaux (90 000 par an), aussi des étudiants (60 000) et que les implications sur l’emploi en France diffèrent en fonction de ces catégories. Pour ne prendre que l’exemple des étudiants étrangers, ils sont majoritaires à aller travailler dans d’autres pays après leurs études en France. Concernant l’impact de l’immigration sur l’emploi en France, il n’est pas du tout avéré, bien au contraire. Comme le dit François Gemenne dans la même émission : « C’est un mensonge absolu de dire que les immigrés prennent le travail des Français. L’impact des immigrés sur le taux d’emploi est quasiment nul. Et le niveau des salaires augmente légèrement du fait de l’immigration. Vous gagnez 0,27% en plus à cause de l’immigration. » Ce point, central dans l‘argumentaire du FN, fera l’objet d’un prochain billet. A bientôt !
Sources :
- La documentation française : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000073-immigration-et-politique-migratoire-en-france/l-immigration-reguliere-en-france
- Fiches thématiques et données INSEE : http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/IMMFRA12_h_Flot2_flu.pdf
- Rapport du Ministère de l’Intérieur 2012 : Les données de l’immigration professionnelle et étudiante / Avril 2013 : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000073-immigration-et-politique-migratoire-en-france/l-immigration-reguliere-en-france -
- Article de rue 89 : http://rue89.nouvelobs.com/zapnet/2013/10/30/soudain-chez-ardisson-discours-fn-limmigration-secroule-247074