« Mentir vrai », la célèbre formule de Louis Aragon reprise par Antoine Vitez, a contribué à mettre en lumière les liens entre la fiction (la littérature, le théâtre) et une certaine façon de mentir.
Depuis, les mensonges, les vrais, ont envahi l’espace social, et quelques mensonges privés ont fait couler beaucoup d’encre. Peut-être pas davantage que dans le passé, mais avec la différence qu’il en est beaucoup question médiatiquement.
Retour au théâtre. Coïncidence ou pas, la metteure en scène Véronique Bellegarde a eu l’idée dès le printemps 2013 d’investiguer, avec l’auteur Frédéric Sonntag, la parole politique sur les scènes européennes à travers le thème du mensonge public. Ainsi de très courtes pièces ont été commandées à plusieurs auteurs européens avec le projet de les rassembler dans une forme unique qui deviendra un spectacle.
Corneille a fait du Menteur le portrait implacable d’un tout jeune homme saisi par l’engrenage du mensonge, forcé pour rester crédible aux yeux de ses différents interlocuteurs, d’augmenter la mise, d’inventer toujours davantage, jusqu’aux invraisemblances les plus folles. Il semble que cette accélération, un mensonge en entraînant forcément un autre, soit une des constantes des grands menteurs depuis Pinocchio, même si bien peu soient comme lui trahis par leur nez.
Nos propres menteurs, en l’occurrence les inventeurs de fictions, se sont mis à l’œuvre en croisant leurs points de vue depuis leurs différents pays.
La rencontre proposée par le Centre national du théâtre et animée par Jean-Pierre Ryngaert, rassemblera les concepteurs du projet, qui échangeront en cette occasion avec des interlocuteurs (journaliste, psychanalyste, philosophe) qui ont réfléchi de leur côté sur le mensonge et la mythomanie.