L’école est souvent présentée comme le lieu de l’égalité des chances, où chacun, indépendamment de son genre, pourrait s’élever par le mérite. Pourtant, derrière les murs de la République scolaire, les inégalités entre filles et garçons persistent, parfois de manière insidieuse.
Des performances scolaires contrastées
Statistiquement, les filles réussissent mieux à l’école : elles sont plus nombreuses à obtenir le bac, plus assidues, et obtiennent souvent de meilleures notes. Elles sont majoritaires dans l’enseignement général, notamment en filière littéraire, et sous-représentées dans les filières scientifiques les plus prestigieuses. Ce paradoxe interroge : pourquoi les filles, pourtant plus performantes, s’autocensurent-elles dans leurs choix d’orientation ?
Le poids des stéréotypes
La réponse se niche souvent dans les attentes implicites, les stéréotypes de genre encore très présents dans la société – et à l’école elle-même. Filles appliquées, empathiques, littéraires. Garçons brillants, audacieux, scientifiques. Ces assignations culturelles, parfois renforcées dès le plus jeune âge par les jeux, les livres, les remarques des adultes, façonnent les représentations de soi et orientent les trajectoires scolaires.
L’orientation, un moment clé
C’est souvent au moment de l’orientation que l’égalité se fissure. Les garçons s’orientent davantage vers les filières techniques ou scientifiques, mieux valorisées sur le marché du travail, tandis que les filles, bien qu’excellentes, choisissent plus souvent les filières perçues comme « sociales » ou « littéraires », moins rémunératrices. À diplôme égal, elles accèdent moins facilement aux postes à responsabilités ou aux métiers les mieux payés. L’école, malgré ses efforts, ne neutralise pas les inégalités du monde social – elle les reproduit parfois.
Vers une égalité réelle
L’égalité entre filles et garçons à l’école ne peut se résumer à une comparaison de notes ou de diplômes. Elle suppose un travail en profondeur sur les représentations, les pratiques pédagogiques, les supports d’enseignement, l’accompagnement à l’orientation, et même sur la formation des enseignants. Elle nécessite aussi d’interroger la manière dont l’espace scolaire est vécu : harcèlement de genre, invisibilisation des filles dans certains sports ou activités, surcharge mentale liée à une pression de réussite.
L'école peut être un levier d'émancipation pour toutes et tous – mais à condition qu'elle regarde en face ses propres biais.
Meryam ENNOUAMANE JOUALI