Le 11 octobre, nous célébrons la Journée internationale des droits des filles.
Mais comment célébrer, quand tant d’entre elles n’ont pas encore eu le droit d’exister pleinement ?
Quand, à travers le monde, des fillettes troquent leurs rêves contre des promesses brisées, leurs cahiers contre des alliances forcées, leur enfance contre le silence ?
Il y a des vérités qu’on tait, parce qu’elles dérangent.
Parce qu’elles rappellent la douleur de celles qui auraient voulu dire non, mais à qui l’on a ôté le droit même de prononcer le mot.
Des vérités qu’on enfouit pour ne pas voir qu’en 2025 encore, des milliers de filles seront mariées de force avant même d’avoir appris à lire leur prénom.
Et pourtant, il existe un lieu où tout peut basculer.
Un seuil, une porte, un miracle silencieux : l’école.
Si une petite fille croise le chemin de l’école, alors elle croise le Saint Graal.
Parce qu’à l’intérieur, elle trouve ce que nul autre endroit ne lui offrira jamais :
le refuge et la révolte, la connaissance et la conscience.
Elle y découvre que les mots peuvent devenir des armes douces, que savoir lire, c’est savoir se défendre, et qu’apprendre, c’est déjà se libérer.
L’école n’est pas qu’un bâtiment.
C’est une arche.
C’est là que se loge la plus grande des résistances : celle de l’esprit.
C’est dans une salle de classe, souvent poussiéreuse, parfois sans toit, que naissent les plus belles métamorphoses :
une main qui se lève timidement devient un acte de courage,
une phrase lue à voix haute devient un souffle de liberté.
Car l’école, c’est la clef de tout.
Elle ne promet pas la richesse, mais elle ouvre le royaume de l’autonomie.
Elle ne donne pas le pouvoir, mais elle apprend à le réclamer.
Elle ne transforme pas la vie du jour au lendemain, mais elle offre ce qu’aucun homme, aucune loi, aucun destin ne peut confisquer : la conscience de sa propre valeur.
Alors oui, si une petite fille croise le chemin de l’école, elle croise la caverne d’Ali Baba.
Entre ses murs, elle apprend le droit de dire oui à ses rêves, le droit de dire non à la contrainte,
le droit d’être elle-même, pleinement, sans permission.
Pour moi, l’école n’a jamais été un simple lieu d’apprentissage : elle a été une renaissance.
Elle m’a offert la langue pour nommer le monde, la lucidité pour le comprendre, et la force pour y prendre place.
L’école, c’est le début de tout.
C’est le premier je suis qu’une fille ose prononcer.
Et dans ce je suis, résonne déjà la promesse d’un monde meilleur.
Meryam ENNOUAMANE JOUALI