Ils rient. Elle baisse les yeux. Il traverse la cour seul, chaque jour. Ils lisent les moqueries sur leur téléphone. Ils pleurent dans les toilettes. Et souvent, personne ne voit rien.
Le harcèlement scolaire ne se résume pas à des insultes ou à des coups. Il s’installe, insidieux, dans les regards, dans les messageries, dans l’isolement progressif. Il sème la peur et fait taire les rires. Et parfois, il tue.
Combien d’enfants faut-il encore perdre pour que l’école s’empare réellement du sujet ?
Je suis enseignante. J’ai vu des élèves s’éteindre à petit feu. J’ai vu des victimes qu’on traite de « fragiles » et des harceleurs qu’on excuse, qu’on minimise, qu’on laisse faire. Parce que c’est plus simple. Parce qu’on ne veut pas de vagues. Parce qu’on pense encore que « ça fait partie de l’enfance ».
Mais le harcèlement scolaire n’est pas un rite de passage, c’est une violence. Une violence structurelle, souvent tue, parfois couverte. Car oui, l’école est parfois complice. Par aveuglement. Par manque de formation. Par peur de reconnaître l’ampleur du problème.
On a bien sûr des protocoles. Des affiches. Des numéros verts. Mais que valent-ils si les élèves n’osent pas parler ? Si les adultes n’écoutent pas vraiment ? Si la honte est plus forte que l’espoir d’être cru·e ?
Il est temps de faire de la lutte contre le harcèlement scolaire une priorité absolue.
Cela implique de former tous les adultes à repérer les signaux faibles, de créer des espaces de parole sécurisés, de valoriser l’empathie, de rompre l’omerta dans les établissements. Cela implique aussi de protéger réellement les victimes, même si cela signifie exclure les agresseurs, briser certaines habitudes ou remettre en cause le fonctionnement de l’école.
Nous devons construire une école où la peur ne trouve pas de place, où chaque élève peut exister pleinement, sans trembler, sans se cacher.
Le harcèlement scolaire n’est pas une fatalité. C’est une responsabilité collective.
Meryam ENNOUAMANE JOUALI