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Meryam ENNOUAMANE JOUALI

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Billet de blog 21 mai 2025

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Pour une tenue scolaire républicaine : restaurer le cadre sans écraser les identités

Face au laisser-aller vestimentaire observé dans nos établissements, le port d’une tenue scolaire commune apparaît comme une solution concrète pour restaurer le respect, l’égalité et la concentration à l’école.

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Il fait –10 degrés ce matin. Ma classe s’installe. Une élève arrive, jambes nues sous une mini-jupe, les pieds dans des pantoufles estampillées “HUG”, fière de me dire que c’est « la mode ». Je n’ai pas su si je devais rire, pleurer ou signaler une mise en danger. C’est devenu courant. D’un côté, les pantalons déchirés jusqu’aux hanches, de l’autre, les abayas revendiquées comme étendards. À force de refuser tout cadre, l’école française a fini par perdre le nord.

Il est temps de poser la question sans détour : et si nous adoptions enfin une tenue scolaire obligatoire ? Un uniforme, oui — comme en Angleterre, au Japon, ou même dans certaines écoles africaines où, malgré des moyens limités, le port du tablier reste la norme. Là-bas, on comprend encore que l’école est un sanctuaire, un lieu qui exige une tenue à la hauteur de sa mission.

En France, le mot “uniforme” déclenche les passions. On l’associe aussitôt à l'autoritarisme, à la négation des différences, à une école figée dans le passé. Et pourtant, c’est tout le contraire. Un vêtement commun, sobre, pratique, c’est aussi une manière de réduire les inégalités sociales, de soulager les familles de la pression des marques, de recentrer l’école sur ce qui compte : apprendre, penser, s’émanciper.

Le vêtement a une portée symbolique. Il envoie un message — à soi, aux autres, au monde. Quand un élève franchit les portes de l’école dans une tenue adaptée, il comprend qu’il entre dans un lieu à part, avec des exigences et des règles. Ce n’est pas répressif. C’est formateur. C’est aussi un premier apprentissage de la citoyenneté.

Alors oui, il faudra penser les modalités. Oui, cela a un coût. Mais ne vaut-il pas mieux investir dans quelques tenues sobres et durables que de laisser s’installer une anarchie vestimentaire qui ne dit rien d’autre que l’abandon de toute exigence ?

L’uniforme n’efface pas l’individu. Il rappelle simplement que nous faisons société. Il ne nie pas la diversité. Il la protège d’un consumérisme violent et d’un repli communautaire dangereux. C’est un outil — ni miracle, ni muselière — pour aider à refonder une école du respect, du commun, et de la décence partagée.

Meryam ENNOUAMANE JOUALI 

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