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pyramide de la santé mentale des adolescents en milieu scolaire – Un levier d’inclusion et de réussite ( Meryam ENNOUAMANE JOUALI droits d'auteurs)
Dans un contexte marqué par une montée des fragilités psychiques chez les jeunes, la question de la santé mentale en milieu scolaire n’est plus périphérique : elle est centrale. Les établissements scolaires, lieux d’apprentissage mais aussi espaces de socialisation et de construction identitaire, se retrouvent en première ligne. Les enseignants, les personnels éducatifs et médico-sociaux, ainsi que les familles, sont confrontés à la nécessité de penser ensemble la prévention et l’accompagnement.
C’est dans cette perspective que s’inscrit la pyramide de la santé mentale des adolescents en milieu scolaire, un outil visuel qui illustre de manière simple et lisible les différents niveaux d’intervention possibles.
Une lecture en trois niveaux
À la base, la prévention universelle s’adresse à tous les élèves. Elle inclut la sensibilisation à l’hygiène de vie (sommeil, alimentation, activité physique, équilibre numérique), le développement des compétences psychosociales (empathie, coopération, gestion des émotions), et la construction d’un climat scolaire bienveillant et sécurisant. Cette dimension est fondamentale car elle constitue le socle sur lequel repose l’épanouissement des adolescents.
Au niveau intermédiaire, la prévention ciblée répond aux besoins des élèves identifiés comme fragilisés. Les dispositifs de tutorat, les ateliers encadrés sur la gestion du stress et de l’estime de soi, l’accompagnement par les psychologues de l’Éducation nationale, les infirmiers et assistants sociaux, jouent ici un rôle clé. Ce niveau vise à éviter que des vulnérabilités repérées ne se transforment en situations de rupture scolaire ou personnelle.
Au sommet, l’intervention spécialisée concerne une minorité d’élèves nécessitant une prise en charge individualisée et intensive. Elle s’appuie sur la pédopsychiatrie, les dispositifs médico-sociaux (ITEP, IME, ULIS, SEGPA, classes relais) et les partenariats avec les structures extérieures. Elle rappelle que l’école ne peut agir seule et qu’une articulation avec le secteur médical et social est indispensable.
Pourquoi une telle représentation ?
La pyramide a l’avantage de hiérarchiser sans exclure. Elle montre que la santé mentale n’est pas uniquement l’affaire des spécialistes, mais qu’elle concerne toute la communauté éducative. Elle souligne aussi que chaque niveau est interdépendant : renforcer la base, c’est limiter les besoins au sommet.
Un enjeu de reconnaissance et d’action
Penser la santé mentale des adolescents, c’est penser l’inclusion scolaire dans toutes ses dimensions. C’est reconnaître que les difficultés d’apprentissage, d’estime de soi ou de comportement ne relèvent pas seulement de la pédagogie, mais aussi du bien-être psychique.
Cette tribune s’inscrit dans un mouvement plus large de réflexion sur l’école inclusive, qui ne peut se réduire à l’accueil de la diversité, mais doit aussi développer des outils concrets et lisibles pour accompagner chaque élève. La pyramide n’est pas une fin en soi, mais un support de travail, de dialogue et de formation.
En diffusant cette vision, je souhaite contribuer à une école plus attentive, plus humaine et plus protectrice, où chaque adolescent peut trouver sa place, apprendre et grandir.
Meryam ENNOUAMANE JOUALI