Meryem Belkaïd

Abonné·e de Mediapart

14 Billets

0 Édition

Billet de blog 28 janvier 2011

Meryem Belkaïd

Abonné·e de Mediapart

Tunisie : la volonté du peuple à nouveau.

 Nous manquons de recul et l'histoire dira à quel acteur nous devrons être redevables d'un remaniement ministériel qui a vu tomber les caciques d'un pouvoir honni. Exits en effet les ministres de l'Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et des Finances.

Meryem Belkaïd

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous manquons de recul et l'histoire dira à quel acteur nous devrons être redevables d'un remaniement ministériel qui a vu tomber les caciques d'un pouvoir honni. Exits en effet les ministres de l'Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et des Finances.

Devrons-nous remercier M. Friaa lui-même, ancien ministre de l'intérieur, qui le 17 janvier quelques minutes après l'annonce du gouvernement, a tenu un discours nauséabond aux tonalités d'ancien régime et nous a brutalement rappelé que si le dictateur était tombé, ses hommes de main sévissaient toujours?

Devrons-nous remercier les démissionnaires du 18 janvier qui ont quitté avec fracas le gouvernement de transition au lendemain de leur nomination ?

Devrons-nous remercier d'autres membres de ce gouvernement issus de l'opposition et de la société civile qui se sont maintenus et qui ont pour les uns rappelé qu'ils quitteraient le gouvernement à la moindre incartade et pour les autres « twitté» allègrement le premier conseil des ministres ?

Devrons-nous remercier l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT) qui a maintenu une forte pression sur le gouvernement, révélant par cette stratégie du pourrissement des ambitions politiques qu'on ne saurait lui interdire ?

Devrons-nous également remercier ceux qui hurlaient à la nécessité de reprendre le travail, que tout cela suffisait bien, et qui ont peut-être un peu trop vite oublié que la révolution que vit actuellement la Tunisie s'est payée de plusieurs morts?

Devrons-nous remercier également les organisateurs et les partisans de marches de soutien au gouvernement de transition qui en se mettant trop vite sous l'aile d'un nouveau protecteur ont ravivé la vigilance de ceux que la lassitude commençait à gagner ?

Devrons nous pour finir remercier ceux qui hier ont réussi à adoucir l'attente de tout un peuple en annonçant qu'un mandat international était lancé contre l'ancien dictateur et son épouse ?

L'histoire dira le poids réel de chacun de ces acteurs. Et pour tout dire, chaque citoyen est en droit de se féliciter de cette nouvelle avancée et de toutes celles à venir que nous espérons encore nombreuses. Chaque cap franchi sera une victoire collective, c'est là le sens même de la démocratie.

Mais il est un acteur avec lequel il va falloir que les élites tunisiennes apprennent à compter. Souvent méprisé ou craint il reste insaisissable et fuyant, d'aucuns diront même, s'appuyant sur la sociologie, qu'il n'existe pas réellement. Mais on sait de source sûre qu'il brave à la Casbah et ce depuis plusieurs nuits, le froid et le couvre-feu

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.