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Billet de blog 2 oct. 2016

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Ecopla: la justice doit nous entendre!

Le 5 octobre, la cour d'appel de Grenoble doit décider du sort de l'usine Ecopla (Isère), pillée ces dernières années par ses actionnaires. Nous, « Les amis d'Ecopla », portons un projet de reprise viable. La justice doit nous entendre!

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Ecopla: la justice doit nous entendre!

Ce mercredi 5 octobre, la cour d'appel de Grenoble va décider de notre sort. Elle doit confirmer ou réformer la décision du tribunal de commerce de vendre les machines de notre ancien employeur, Ecopla, le spécialiste français des barquettes en aluminium à usage alimentaire. Si la justice confirme sa décision, un savoir-faire industriel unique risque de disparaitre. Des familles entières seront plongées dans la difficulté. C'est un bassin d'emploi et un lieu de vie, la vallée iséroise du Grésivaudan, qui sera davantage déstabilisé.

Ces dernières semaines, l’histoire d’Ecopla a été rapportée dans de nombreux médias — télés, radios, journaux, sites en ligne (et ici, sur Mediapart). Nous avons fait la tournée des politiques pour les sensibiliser à notre lutte. Nous avons tiré toutes les sonnettes d'alarmes. Nous avons raconté inlassablement l'histoire d'Ecopla, joyau industriel pillée de ses profits par des actionnaires impécunieux, seulement guidés par le goût du profit, sans que l'Etat n'y trouve jamais rien à redire.

On a beaucoup parlé de nous. Mais nous avons eu bien peu de réponses, et nous nous posons toujours des questions. Comment une entreprise de cette taille, leader sur son marché et encore prospère il y a quatre ans a-t-elle pu se retrouver liquidée en trois semaines ?

Comment un tel gâchis humain, industriel, financier, a-t-il été possible alors que toutes les institutions, tous les décideurs — la direction du travail (DIRECCTE), le commissaire au redressement productif, le ministère de l'économie et de l'industrie, le président du tribunal de commerce, le procureur de la République — ont été alertés à de très nombreuses reprises, et ce depuis 2013, de la situation de l'entreprise et du comportement inqualifiable de notre actionnaire  Jerry Ren, parti sans laisser d'adresse.

On nous a dit qu'il fallait attendre la cessation de paiement pour que la justice intervienne. Mais alors, à quoi sert la justice? A préserver l’emploi ? A permettre à une entreprise rentable de survivre ? Non. Simplement à s'assurer que les créanciers d'Ecopla ne soient pas lésés. Et nous? Ne sommes-nous pas les plus lésés dans cette affaire révoltante?

Le tribunal ne nous laisse pas faire nos preuves, alors que nous avons réussi, avec des soutiens locaux, à établir un projet de société coopérative (Scop), avec des dizaines d'emploi à la clé. Il a balayé d'un revers de la main notre projet de reprise, que plusieurs banques et investisseurs locaux ont déjà accepté de financer, et dont tout le monde s'accorde à dire qu'il est sérieux et réaliste.

Le tribunal applique, bête et méchant, le remboursement des créances.

Tant pis si l’Etat se voit privé des recettes fiscales qu’aurait générée une reprise de l’activité.

Tant pis si la dette due aux caisses publiques est inférieure à ce que les ex-Ecopla vont désormais coûter au chômage — environ un million d’euros pour la première année.

A quoi sert la justice si elle se fait injuste?

Le 5 octobre, la justice doit décider de notre sort. De notre avenir, de celui de nos familles, de nous qui n'aspirons qu'à relancer l'activité en utilisant notre savoir-faire, reconnu et apprécié depuis longtemps.

Comme l'a dit le candidat à la primaire socialiste Benoît Hamon, venu nous rendre visité récemment en Isère, « il est encore temps pour les pouvoirs publics de renoncer à l’impuissance volontaire. Il est encore temps de ne pas répéter la même erreur que sur le dossier Alstom. »

Ou bien comme Emmanuel Macron qui a reconnu « son erreur » et exprimé son « profond regret de ne pas avoir vu la rapidité de la dégradation de la situation ». Selon lui, « les tribunaux rendent leurs décisions ou jugements dans l'intérêt des créanciers la plupart du temps". C'est, dit-il, « le plus grand défaut du droit français »

Oui, il est encore temps de nous sauver. La justice doit nous entendre et réparer cette injustice. Le ministère de l'économie et de l'industrie doit soutenir notre projet de reprise.

Le volontarisme politique doit reprendre le dessus.

Au nom de l’intérêt général, ce projet a reçu des soutiens de tous bords: Laurent Wauquiez, Jean-Luc Mélenchon, Cécile Duflot, Bruno Lemaire, Jean-Christophe Cambadélis, Arnaud Montebourg, Pierre Laurent…..

Le 5 octobre, la Cour d’appel de Grenoble aura à rendre, dans le dossier Ecopla, un jugement qui sera observé par les citoyens isérois, mais également par l’opinion publique nationale.

Juges de la République française, rendant les décisions au nom du peuple, ils ont le devoir d’émettre des jugements conformes au droit. Mais ils ne sauraient oublier l'intérêt général, sous peine de ne plus être compris par les citoyens.

Les amis d'Ecopla (retrouvez-nous sur notre page Facebook)

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